Selon nos informations, le CNRDRE du Capitaine Sanogo a dépêché lundi dernier à Paris une délégation, conduite par le patron de la Sécurité d’Etat, le très discret Sidi Alassane Touré. Elle serait allée y faire allégeance au Président intérimaire, Dioncounda Traoré, au nom des putschistes du 22 mars dernier. Par la même occasion, les envoyés spéciaux de Sanogo auraient fait savoir à Dioncounda Traoré qu’ils partageaient la décision du Groupe de contact sur le Mali de former un gouvernement d’union nationale. Ils ont également, sous la pression, semble t-il, de la CEDEAO, fait savoir à Dioncounda Traoré qu’ils ne tenaient pas au maintien du Premier ministre, Cheick Modibo Diarra.
Les émissaires du CNRDRE et Dioncounda Traoré ont convenu, avec l’accord de la CEDEAO, de préparer minutieusement et discrètement le retour du Président intérimaire avant dimanche prochain. Nos sources annoncent qu’il est fort possible qu’il rentre dès ce vendredi soir. Et, dès que cela sera effectif, Cheick Modibo Diarra sera invité à rendre son tablier. Pourtant, ce dernier semble encore à mille lieues de croire qu’il va partir. Parce que récemment, en visite à Paris chez Dioncounda, Traoré, il pense que celui-ci lui a renouvelé sa confiance et sa gratitude pour lui avoir sauvé la vie lors de son agression. Fort de ce soutien, il est retourné à Bamako pour se mettre dans une nouvelle posture, en s’adressant à la Nation pour lui annoncer la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Le lendemain, le médiateur, Blaise Compaoré, a dépêché son ministre des Affaires Etrangères, Djibril Bassolé à Paris, pour mettre de nouveau la pression sur Dioncounda Traoré afin qu’il se débarrasse de son Premier ministre. Les mêmes pressions ont été exercées sur le Capitaine Sanogo et ses hommes. Résultat: Le trio Dioncounda Traoré CNRDRE et CEDEAO est en passe de s’offrir la tête de Cheick Modibo Diarra, avec bien sûr, les encouragements du FDR. Ce qui pourrait conduire à une bipolarisation de la classe politique et de la société civile, parce que nombreux sont les partis et associations qui ne sont même pas d’accord avec l’idée d’un gouvernement d’union nationale, a fortiori le départ du PM.
Depuis l’agression de Dioncounda Traoré et le refus du Premier ministre de saisir les instances régionales et internationale pour une intervention étrangère au Mali, la CEDEAO s’est démarquée de Cheick Modibo Diarra et n’a cessé d’œuvrer à son départ éventuel. Le FDR, dominé par la famille politique et les alliés de Dioncounda Traoré, a pleinement joué le jeu et réclame, aujourd’hui plus qu’hier, le départ du Premier ministre, jugé «incompétent».
On voit très mal comment, à la demande du seul FDR, Dioncounda Traoré, même soutenu par les militaires et la CEDEAO, pourrait faire partir le navigateur de la NASA sans réaction des autres forces politiques et sociales. Cela est hautement dangereux pour la stabilité et la sécurité du pays. Convalescent, le Président intérimaire doit éviter le piège d’autres troubles dans notre pays, avec des militaires qui n’ont aucun idéal et qui pourraient changer d’avis d’un jour à l’autre.
Dioncounda Traoré doit éviter le piège d’autres troubles en se mettant au dessus de la mêlée et en écoutant toutes les forces vives de la Nation, et non le FDR seul. Que Dioncounda Traoré se rappelle qu’il existe des forces politiques maliennes qui continuent à contester sa légitimité.
La solution la meilleure, comme nous avons déjà eu à l’écrire, nous parait être de couper la poire en deux: que Dioncounda soit reconnu par tous comme Président et que le PM actuel reste à la tête du nouveau gouvernement d’union nationale.