Dans son rapport sur la situation sécuritaire au nord du Mali, l’organisation Human Rights Watch accuse les différents groupes rebelles de crimes de guerre. Elle dénonce des exécutions sommaires, Exécutions sommaires, viols, rapts, embrigadement d’enfants soldats, pillage d’hôpitaux, d’écoles et d’agences humanitaires. Voila la liste d’exactions dont se seraient rendus coupables les groupes armés qui sévissent au nord du Mali. Quels qu’ils soient. C’est du moins ce qui ressort du rapport publié par l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié en début de semaine. Pour l’élaboration de ce rapport, l’ONG a mené, au mois d’avril dernier, une mission de 10 jours dans la capitale malienne, Bamako. Le document accable le MNLA, Ançar Dine, le Mjuao et Aqmi et leurs alliés.
Violences et exode de populations
Selon HRW, les crimes de guerre ont été légion durant les quatre dernières semaines, principalement dans les trois grandes villes du nord du pays. Ainsi, un groupe armé islamiste a exécuté sommairement deux hommes, amputé la main d’au moins un autre, effectué des flagellations publiques et menacé des femmes et des chrétiens. Décidés à faire respecter la charia au Mali, les islamistes d’Ançar Dine sont ainsi dénoncés par HRW. Ils auraient également coupé l’oreille d’une femme vêtue d’une jupe jugée trop courte et fait flageller des hommes qui avaient consommé de l’alcool. Le MNLA ainsi que le groupe islamiste ont participé au saccage d’églises, provoquant l’exode des chrétiens de la région. Ils ont rejoint la cohorte des 177 000 Maliens partis vers les pays voisins, ou des quelque 107 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Pillages d’hôpitaux
Selon le rapport, le pillage systématique de stocks de nourriture dans des magasins, des marchés et des entrepôts d’organisations d’aide locaux, ainsi que le vol de fournitures médicales dans des hôpitaux et des cliniques, et la fermeture d’écoles, ont sans aucun doute contribué à la décision prise par des dizaines de milliers de civils de fuir le Nord sous contrôle rebelle pour se réfugier dans le Sud contrôlé par le gouvernement. A Gao et Tombouctou, le saccage des hôpitaux et des structures de soins, où les rebelles ont tout emporté (médicaments, ordinateurs, imprimantes, ambulances, matelas) laissant des malades gisant à même le sol, aurait causé la mort de plusieurs patients.
Viols en série et enfants soldats
Les viols sont également commis par les membres de ces groupes armés. Au moins 17 femmes et fillettes ont été enlevées et violées, affirma HRW qui décrit des scènes atroces, comme le viol en bande d’une fillette de 12 ans arrachée à sa mère, dans un bâtiment abandonné de Gao, alors que la population à l’extérieur, tenue en respect par des armes de miliciens arabes, entendait les pleurs de l’enfant. Selon d’autres témoignages recueillis par l’ONG « des enfants soldats, armés et âgés de seulement 13 ans pour certains, évoluent dans les rangs des groupes rebelles ».
L’armée malienne n’est pas en reste
HRW a également reçu « des informations crédibles selon lesquelles des soldats de l’armée malienne ont arbitrairement arrêté et, dans certains cas, sommairement exécuté des membres touaregs des services de sécurité et des civils touaregs voyageant entre le Nord sous contrôle rebelle et le Sud contrôlé par le gouvernement ».
Fondant ses accusations sur une centaine de témoignages de gens de la région recueillis entre fin mars et mi-avril à Bamako, l’ONG HRW dit avoir également tenu compte des propos d’autorités locales, religieuses, ou encore de personnel humanitaire et médical. Elle appelle par ailleurs le gouvernement malien à enquêter sur les allégations de détention arbitraire et d’exécutions sommaires.