Pour en savoir plus sur les bienfaits du jeûne, nous avons approché le guide spirituel des soufis du Mali, El hadj Cheick Soufi Bilal Diallo, qui nous donne ci-dessous les détails sur le mois de ramadan.
Selon le grand guide des soufis du Mali, El hadj Cheick Soufi Bilal Diallo, le jeûne comporte une particularité qui n’existe pas ailleurs ; à savoir : le fait qu’il est attribué à Allah – qu’Il soit exalté et magnifié. En effet Dieu – qu’Il soit glorifié – a dit : « Le jeûne M’appartient et c’est Moi qui le récompense ». C’est un honneur que d’être attribué de la sorte, à l’instar de l’honneur en faveur de la Maison de Dieu. Car Dieu a dit : « Purifie Ma maison » (Coran, 22/26), rapporte-t-il.
A l’en croire, le jeûne a reçu tant de mérite pour deux raisons : – La première : il s’agit d’un acte secret et intérieur que les créatures ne peuvent voir, de ce fait il est à l’abri de la duplicité. – La deuxième : c’est un moyen pour vaincre l’ennemi de Dieu, car l’ennemi se sert des désirs comme instruments privilégiés. Or les désirs se renforcent au moyen du manger et du boire.
Ainsi du moment que la terre des désirs est fertile, les démons fréquentent assidûment un tel pâturage. Ce n’est qu’en renonçant aux désirs qu’on rendra leur accès des plus difficiles. Du reste, il existe sur le jeûne beaucoup de traditions qui attestent son grand mérite, et elles sont bien connues.
Les Sunan du jeûne
Il est recommandé de recourir au suhûr (le fait de manger à la fin de la nuit) et de le retarder. De même, il est recommandé de hâter la rupture du jeûne et de commencer par manger quelques dattes, dit-il. Il est également recommandé d’être généreux pendant le ramadan, de faire le bien, de faire beaucoup d’aumônes pour mieux se conformer à l’attitude de l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde la grâce et la paix -.
De même, il est recommandé d’étudier le Coran, d’observer des retraites spirituelles (i`tikaf) notamment au cours des dix dernières nuits de ramadan et de multiplier les exercices spirituels. Il est dit dans les deux sahih d’après le hadith rapporté par `Aisha : « Dès que commencent les dix dernières nuits de ramadan, l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde la grâce et la paix – se serrait la ceinture, veillait la nuit en dévotion et réveillait les gens de sa maison », apprend-on de M. Diallo.
Les secrets du jeûne et ses règles de convenance
Le jeûne comporte trois degrés : le jeûne des gens du commun, le jeûne des gens de l’élite et le jeûne de l’élite de l’élite. Pour ce qui est du jeûne des gens du commun, il consiste à s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des rapports sexuels. Quant au jeûne des gens de l’élite, il consiste à empêcher le regard, la langue, la main, le pied, l’ouïe, la vue et l’ensemble des membres de commettre des péchés, a expliqué notre grand guide.
S’agissant du jeûne de l’élite de l’élite, il s’agit du jeûne du cœur devant les basses ambitions et des idées qui éloignent de Dieu – qu’Il soit exalté – pour cesser totalement de s’intéresser à tout ce qui est autre que Dieu – qu’Il soit exalté -. Ce type de jeûne a des explications qui seront données ailleurs. Parmi les autres règles de bienséance du jeûne, il y a celle qui consiste, pour le fidèle, à ne pas remplir son ventre de nourriture pendant la nuit. Il doit en prendre avec modération, car le fils d’Adam n’a jamais rempli un récipient du mal comme son ventre.
Lorsque le fidèle se rassasie au début de la nuit, il ne peut tirer profit de sa personne pour le reste de sa nuit. De même lorsqu’il se rassasie au moment du suhûr, à la fin de la nuit, il ne peut pas tirer profit de sa personne jusqu’à la prière de dhuhr environ. Ceci parce que le fait de trop manger génère la paresse et l’engourdissement. Ensuite le but du jeûne n’est pas atteint à cause de la gloutonnerie, parce que ce qu’on y recherche, c’est de goûter à la faim. On peut ainsi renoncer à ce qui est désiré, explique-t-il.
Les bienfaits du jeune
Pour Cheick Soufi Bilal Diallo, le jeûne est prescrit au musulman dès l’âge de la puberté. Celui-ci est donc soumis à une rude épreuve il est seul, le surveillant et le juge. Livré à la faim et à la soif, il peut céder à tout moment à la tentation de les satisfaire, alors qu’il a à sa portée de quoi manger et boire. La seule chose qui l’en empêche, c’est sa foi en Dieu et sa conscience. En dehors de Dieu, personne n’est témoin de son observance de l’abstinence.
Dès son jeune âge, le musulman qui jeûne s’exerce ainsi à être honnête et à respecter ses engagements moraux, malgré les tentations matérielles et la pression de ses désirs et de ses sens. Le jeûne met à l’épreuve l’honnêteté du croyant. Aussi le prophète dit à ce propos : « Le jeûne est un dépôt. Sauvegardez donc ce qui vous est confié ». La sainte Fatimah al-Zahrâ, fille du prophète, a dit dans une oraison prononcée lors du décès de son père: « Le jeûne, c’est la refixation de la sincérité ».
En effet, le jeûne met à l’épreuve la sincérité et la solidité de la foi du croyant en Dieu, et permet de consolider cette foi. Car c’est une lutte entre le besoin légitime d’apaiser des sensations naturelles pressantes (faim, soif, plaisir sexuel…) et un sentiment intime, un désir spirituel incitant à obéir à la volonté de Dieu qui veut que l’on résiste à ces sensations. Dieu étant le seul témoin de cette épreuve, la résistance permanente à ces sensations affermit la foi du jeûneur en Dieu et lui permet de constater concrètement la sincérité de sa foi.
Cette présence divine auprès des jeûneurs, le prophète la souligne dans le discours où il épilogue sur les innombrables bienfaits du mois béni de ramadan : « C’est un mois pendant lequel vous êtes les convives de Dieu, pendant lequel vous êtes parmi ceux qui sont honorés par Dieu. C’est un mois pendant lequel vos souffles sont glorification, votre sommeil, culte, votre action acceptée, votre imploration exaucée ».
« La faim et la soif que vous éprouvez doivent vous rappeler la faim et la soif du Jour du Jugement », indique-t-il. Le grand guide des Soufis du Mali prie enfin pour le retour de la paix dans notre pays et s’est dit avoir une pensée pieuse pour les réfugiés maliens.