KINSHASA - Une exposition de photos et un concert,
assuré par le célèbre chanteur malien Salif Keita, sont organisés mercredi à
Kinshasa pour lutter contre la stigmatisation des albinos, assassinés dans
plusieurs pays d’Afrique à des fins prétendument mystiques.
"Blanc Ebène - une journée pour valoriser nos frères et soeurs albinos"
vise à redonner aux malades "la dignité qu’ils méritent", a expliqué mardi
dans une conférence de presse la photographe belge Patricia Willocq, dont les
clichés, émouvants, sont hauts en couleurs et riches en constrates.
"Il faut être fier de ce qu’on est, parce que ce qu’on est, c’est venu du
tout-puissant, de Dieu. (...) Lui, ne se trompe pas", a renchéri Salif Keita,
lui-même albinos, avant de chanter un court passage de son titre "La
Différence", dédié aux malades.
L’albinisme est une maladie génétique qui se traduit par l’absence de
mélanine dans la peau, les cheveux et les yeux. Ce déficit rend les albinos
très sensibles au soleil et, de fait, ils sont particulièrement sujets au
cancer de la peau.
Dans certains pays, comme le Burundi et la Tanzanie voisins, ils sont
souvent assassinés pour des rituels censés apporter richesse et pouvoir. En
RDC, de tels cas ne sont pas rapportés mais ils souffrent parfois encore d’une
stigmatisation dans la famille ou le travail.
Les albinos n’ont "pas un accès égal à l’éducation" à cause de leur faible
vue, et "si les enfants n’ont pas accès à l’éducation, ils ont beaucoup de mal
à s’intégrer dans la société", a souligné Mme Willocq, qui a reçu une "mention
d’honneur" à un concours international de l’Unicef.
Mercredi, quelques dizaines de paires de lunettes seront remises à des
enfants - albinos ou non - en marge de l’exposition de "Blanc Ebène", qui
soutient la Fondation de Mwimba Texas, un champion de catch albinos qui lutte
depuis 15 ans pour protéger et décomplexer" les malades.
75% du budget de "Blanc Ebène" (dont le montant n’a pas été révélé) a été
déboursé par la fondation de Dan Gertler, a-t-il été indiqué en conférence de
presse. Cet homme d’affaires israélien, proche du président Joseph Kabila, a
consolidé sa fortune en achetant des permis miniers en RDC dans des conditions
parfois controversées.
hab/jmc