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Révolte contre les délinquants : La vendetta des jeunes de Niaréla
Publié le mercredi 26 fevrier 2014  |  Le Guido




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En décembre 2012, Bozola, quartier limitrophe de Niaréla, de jeunes délinquants à la gâchette facile, dangereux adeptes du brigandage et du vol à mains armées, avaient tenté de cambrioler un magasin. Devant la résistance du courageux gardien des lieux, ils réagirent avec violence. Le vigile touché à bout portant s’écroula lourdement. On le découvrit au petit matin, mort vidé de son sang. Petit à petit le banditisme prit son envol avec des délinquants d’un nouveau genre, des tout jeunes allant de 16 à 20 ans.

En cette année 2013, ils avaient fait de Niaréla, l’un des plus vieux quartiers de la capitale, leur quartier général. Vampires assoiffés de sang, ces féroces délinquants dégainant, comme Lucky Luke, plus vite que leur ombre, étaient en passe d’entrer dans la légende. Paradant, « sapés à mort » sur des motos rutilantes, accompagnés de filles sexy, ils commençaient à apparaître aux yeux de leurs copains et des jeunes du quartier comme des stars. Téméraires, ils n’hésitaient pas à défier la police qui bien souvent, pour les traquer, faisait des descentes infructueuse dans les méandres des concessions à la double sortie.


Lors d’une de leurs nombreuses attaques les Patakou, Ba la Tête, Balla avaient été appréhendes à Niaréla par des jeunes du quartier plus âgés, déférés par le procureur près le tribunal de la commune 2. Ils avaient été jugés et condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. Trois mois plus tard, ils paradaient dans les rues de Niaréla, narguant et menaçant les jeunes qui les avaient arrêtés, ainsi que les innocentes populations du quartier qui ne demandaient qu’à vivre dans la paix et la quiétude. Las !


Les délinquants ont redoublé d’ardeur, en dépit de descentes des policiers dans le quartier. Aux environs du 15 Août dernier, lors d’une de ces descentes, la bande de gangsters à échangé des coups de feu avec les policiers. Ils réussirent à prendre ensuite la tangente, sauf l’un d’eux, Baba, qui appréhendé, retrouvera très vite la prison, son domicile habituel. Très remontés, ses acolytes, sous la conduite de leur chef de bande, Ba la tête, alias Sagadjigui (le Bélier) ou saga, organisèrent une expédition punitive dans la famille Koné dans le prolongement de la Zawiyas de Soumaïla Dramé, à proximité du carré des Martyrs. Ils terrorisèrent toute la concession en la menaçant et un tirant des coups de feu en l’air, heureusement sans faire de victime. Ensuite ils récidivèrent le même manège dans la famille Sanogo à 300 mètres de là, ensuite dans la famille Diawara deux carrés plus loin, face à la Grande Mosquée de Vendredi. Outrés par tant de violence inutile et d’outrecuidance, les jeunes conscients du quartier décidèrent de prendre le taureau par les cornes.



Ils allèrent exprimer leur ras-le-bol après une marche au commissariat de police et au tribunal de la commune II, face du procureur de cette juridiction. Ce dernier, ne pouvait qu’exprimer son étonnement de l’élargissement de jeunes délinquants aussi dangereux, capables de mettre à feu et à sang tout un quartier.

Devant cet aveu d’impuissance de la justice, Fousseyni Koné, de la famille du même nom première à être mise à sac par les bandits, et ses copains d’enfance du quartier se concertèrent rapidement. Ils avertirent le procureur de leur décision de faire désormais eux-mêmes la police, ensuite le commissaire de police Arby et le chef de quartier Modibo Niaré. Une décision répondant à l’incapacité des autorités d’assurer la sécurité des biens et des personnes du quartier.

Désormais, un air de vendetta soufflait sur Niaréla. Une liste des délinquants fut dressée et des expéditions punitives organisées contre les concessions qu’ils fréquentaient par copinage ou complicité. Plusieurs familles furent ainsi ravagées au nom de loi du Talion : œil pour œil, dent pour dent. Aucun bandit ciblé ne devait échapper à cette vendetta dont l’objectif était de neutraliser à jamais la bande de jeunes malfaiteurs. Sentant le couperet qui allait s’abattre sur eux, tous fuyèrent Niaréla, préférant se faire oublier dans des banlieues de Bamako plus hospitalières, ou même plus loin. C’est aussi que la quiétude revint dans le quartier.

Mais les jeunes ne relâchent pas leur veille et la vigilance. Chaque dimanche, ils se réunissent pour faire le point. Leur action à sensibilisé et motivé la jeunesse de Bagadadji, le quartier limitrophe. Elle est partisane d’une action plus radicale. Elle a initié une opération « Zonw Kunji », littéralement « Fracasser la tête aux voleurs ». Aussi, tout voleur pris en flagrant délit, même s’il est ressortissant ou familier du quartier, verra sa sentence de mort prononcée et exécutée sur le champ.

A Bagadadji, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les petites crapules assoiffées de brigandage et de sang ont pris le large. On y respire mieux, sans la menace de ces gangsters qui avaient fait de la délinquance une fière parade et un mode de vie. En menaçant de contaminer la jeunesse montante, désœuvrée, mais saine du voisinage.

Oumar Coulibaly

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