L’on se souvient qu’au lendemain du coup d’Etat fomenté le 22 mars dernier par les putschistes de Kati, tous les collaborateurs de l’ex-régime étaient taxés de corrompus et de mauvais gestionnaires des affaires du pays. Cette thèse, qui a été développée et soutenue par les nouveaux hommes forts du pays, a poussé ces derniers a procéder à l’arrestation de barons de l’ex-régime dont l’argentier du Président déchu, le sieur Lassine Bouaré.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer en trois mois pour que ce gouvernement dit de technocrates et d’intègres puisse faire marche arrière en faisant appel à ceux qu’on avait taxés, à tort ou à raison, de « satans » ? Il fallait exorciser la gestion du pays par de bons Samaritains. C’est fort de cela qu’on fait a appel à un « ange » en la personne de Cheick Modibo Diarra pour prendre le commandement du navire gouvernemental. Il fallait éviter surtout pour ce dernier fasse appel à la vieille garde pour conduire cette transition.
Mais comme un conte de fée, à quelques jours de la mise sur pied d’un nouveau gouvernement dit d’union nationale que les « satans », d’un coup de baguette magique, se sont transformés en « saints ». Que cache donc cette nomination de l’ex-argentier national du Président ATT au poste de Commissaire du Commissariat au développement institutionnel (CDI)? Comme le ridicule ne tue plus chez nous, on assiste à l’amateurisme depuis le coup de force des militaires au sommet de l’Etat : c’est d’ailleurs ce qui était reproché aux dignitaires de l’ex-régime.
Tout comme ATT, c’est à un Premier ministre « globe trotter » que nous avons à faire. En effet, il est sur tous les fronts, une manière pour lui de se forger une bonne image au sein de la population. Hormis le ministre de la Communication qui est en même temps le porte-parole du gouvernement, qui s’invite sur notre écran de télévision, les autres sont quasi invisibles et méconnus des Maliens. Ayant pris langue avec les réalités de la gestion des affaires de l’Etat, ces derniers ont fini par comprendre qu’on ne peut pas construire une maison sans sa fondation. C’est fort de cela que les actuels hommes forts du pays consultent dans la clandestinité les ex-dignitaires du régime déchu pour prendre des conseils auprès d’eux.
Ces derniers aussi, blessés dans leur amour propre, les font balader comme des feuilles mortes. Et voyant le spectre de fiasco se profiler à l’horizon, nos fameux ministres, pour une question de dignité et par souci de bonne gouvernance, ont décidé de briser le mur de la méfiance qu’on leur a imposé depuis le coup de force pour faire appel à la compétence et au savoir-faire des fils du pays, pour une gestion efficiente de la période de crise. En fait, la nomination de l’ex-argentier en qualité de Commissaire au Commissariat au développement économique n’est pas fortuite : elle cache bien des réalités dans la gestion quotidienne des affaires du pays. Et ce n’est que le commencement. Attendons donc pour y voir plus clair !