Un char d’assaut et trois camions blindés sont « descendus » mardi après-midi de la ville garnison de Kati vers le camp des parachutistes de Djicoroni, fief des bérets rouges. Les bérets verts, lourdement armés, ont pris d’assaut ce camp où étaient retranchés les derniers soldats « loyalistes » qui, depuis un mois, s’opposent au coup d’Etat qui a renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars dernier.
Les soldats de l’ex-junte, membres du CNRDRE, basés à Kati et communément appelés bérets verts ont littéralement pris d’assaut le camp des parachutistes de Djicoroni ce mardi pour mater les soldats « loyalistes » retranchés dans ce camp. Cette (contre) attaque fait suite à celle qui avait été menée par la garde présidentielle dans la nuit de lundi à mardi.
M. Sissoko, habitant du quartier a assisté aux combats. « C’était une question de légitime défense. Ce sont les bérets rouges qui ont attaqué en premiers. Donc, ils (les bérets verts) sont sur leur position de garde, c’est tout à fait normal qu’ils répliquent. Les bérets rouges sont montés jusqu’à Kati pour les menacer dans leur camp. Je pense donc que c’est une légitime défense ».
Les tirs avaient commencé aux environs de 10 h du matin, au moment où la junte déclarait contrôler la situation notamment à l’aéroport de Bamako et au siège de l’Office de radio télévision du Mali (ORTM). Les choses ont mis du temps à se décanter, et les forces du CNRDRE malgré le mitraillage du camp n’arriveront toujours pas à faire plier leur adversaire.
A 15 h 30, un char d’assaut précédé de trois camions blindés ont entamé une descente vers Bamako en provenance de Kati. Empruntant l’ancienne route qui traverse le quartier d’Hamdallaye, les militaires de la junte ont été vivement applaudis par les populations.
La traversée de la ville par la Commune IV se faisait sans encombre malgré un léger ralentissement au niveau du rond-point de l’Eléphant. A ce niveau, les tuniques bleues de l’armée de l’air étaient postées en arme sur les toits de leur camp et de la Banque de l’habitat du Mali. L’armée de l’air ne s’est pas interposée, les snipers adoptaient une position de défense, en somme, ils protégeaient leur bastion.
Plus de 70 morts
Au niveau de l’échangeur des tirs de sommation se faisaient entendre pour dissuader la population d’approcher de la zone de combat, mais celle-ci faisait fi de ces indications et continuait de suivre les blindés. Arrivées dans le quartier de Djicoroni, de nombreuses voitures rebroussaient chemin, et les curieux continuaient à pied tout en encourageant les bérets verts.
A l’entrée du camp, les mouvements de blindés s’accentuaient, mais seul des tirs de mitraillettes se faisaient entendre, le char n’a servi que de dissuasion et n’a frappé aucun coup. Certains bérets rouges se sont rendus, « les hommes de Sanogo affirment avoir fait parmi les bérets rouges plusieurs prisonniers ».
Le chef de ce camp le lieutenant-colonel Abidine Guindo restait pour sa part introuvable, « récemment, il se disait persécuté par l’ex-junte pour l’exfiltration d’ATT ». Selon ses proches, « il changeait constamment de cachette », selon Adam Thiam, éditorialiste au Républicain. Mais ce qui inquiétait surtout les populations présentes dans le quartier de Djicoroni mardi après-midi était le sort réservé au béret rouge.
Nombreux sont morts dans cette bataille entre membres d’une même armée : en deux jours, « les combats auraient fait au moins soixante-dix morts, selon des indiscrétions militaires, même si les sources hospitalières n’en mentionnent que quatorze ».