C’est une véritable voie de sortie de crise que le président par intérim Dioncounda Traoré a tracée dimanche soir. Reste à savoir si toutes les sensibilités politiques et sociales vont accepter de la suivre en apportant chacune son coup de balai, de pioche et de pelle pour la rendre propre, sans embûche et sûre.
Ceux qui le connaissent n’ont pas été surpris. Mais Dioncounda Traoré a bien surpris de nombreux Maliens dimanche soir dans son discours. Alors que les Maliens commençaient à perdre espoir et confiance en leurs dirigeants de sortir le pays de l’impasse à cause des atermoiements du gouvernement et des querelles de clochers des politiques, le président par intérim, Dioncounda Traoré, vient de susciter l’espoir de voir le Mali renaître.
C’est une véritable voie de sortie de crise que le président par intérim Dioncounda Traoré a tracée. Il propose en effet la création d’un organe de transition dénommé le Haut conseil d’Etat (HCE). Cet organe sera constitué d’un président qui n’est autre personne que lui-même et de deux vice-présidents. L’un des deux vice-présidents sera chargé des questions de sécurité et de défense.
A ce propos, même s’il n’est pas nommément cité, sans ambiguïté, il pourrait être le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le second vice-président représentera les forces vives de la nation et la société civile. L’adresse du président par intérim a aussi eu le mérite de clarifier une situation qu’est la formation du gouvernement d’union nationale. C’est lui Dioncounda Traoré qui propose la composition du gouvernement d’union nationale et non pas le Premier ministre.
Et c’est lui Dioncounda encore qui va mener les consultations. Autre organe à créer, le Conseil national de transition (CNT). Ce Conseil aura une compétence consultative et sera composé des partis politiques représentés ou non à l’Assemblée nationale. Enfin, le président par intérim propose la création d’une Commission nationale aux négociations. Cette commission négociera avec les groupes armés rebelles avec l’appui du médiateur Blaise Compaoré.
Pour certains analystes Dioncounda à travers ces propositions à essayer de contenter tous. La société civile, jusque-là qui avait été ignorée dans la gestion des affaires du pays aura un représentant en la personne du vice-président. La voie est d’ailleurs d’autant bien tracée que Dioncounda dit que ses propositions sont susceptibles d’amendements.
En tout cas des propositions « intéressantes », juge Cheick Oumar Sissoko, le président de Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance. « Il doit accepter qu’elles soient versées à la concertation nationale qui est en préparation », pense le responsable du parti Sadi. Si le FDR est également dans la même disposition d’esprit que Sadi, la Convergence sauvons le Mali (CSM) ne semble pas apprécier l’écartement de Cheick Modibo Diarra.
Dans la nouvelle voie tracée, le PM CMD a bien un rôle minime à jouer, à moins qu’il soit reconduit par Dioncounda Traoré aux termes de sa consultation, ce qui serait très improbable. Mais Cheick Modibo Diarra peut bien servir le Mali en étant à un autre poste que celui de Premier ministre. Sûr que dans l’architecture nouvelle à créer, l’actuel PM ne sera pas ignoré et ses fans sont loin de faire du Mali leur priorité lorsqu’ils brandissent des tracts« Touche pas à mon PM ».
Denis Koné
