Dans un discours à la nation prononcé dimanche soir, le président de transition Dioncounda Traoré a pris le pas sur le Premier ministre. S'il n'a en effet pas démis Cheick Modibo Diarra de ses fonctions, le président intérimaire a indiqué qu'il se chargerait lui-même de former le gouvernement d'union nationale, écartant de fait le Premier ministre en poste. « Cheick Modibo l'emportera-t-il sur Dioncounda ? » titre « Procès-Verbal ». Le Premier ministre, contesté par une large partie de la classe politique qui lui reproche « son inaction et son amateurisme », avait fait savoir 24 heures auparavant qu'il ne démissionnerait pas. « Selon lui le président n'a pas pouvoir de recevoir cette démission », écrit le journal. Sans compter que le président est fragilisé par sa « non-maîtrise de la force publique ». La junte militaire commandée par le capitaine Sanogo ne reconnaît son pouvoir que du bout des lèvres. Dans ces conditions, « comment croire que Dioncounda Traoré puisse l'emporter sur un Premier ministre qui tient ses pouvoirs davantage de la junte que du décret présidentiel qui l'a nommé, s'interroge « Procès-Verbal ». Les prochains jours nous édifieront sur l'issue du rapport de force qui s'engage. » Le gouvernement d'entente est pourtant une exigence des voisins ouest-africains. « Ce rapport de force à la tête de l'exécutif pourrait, une fois de plus, inciter la Cédéao [Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest] à s'immiscer dans les affaires maliennes puisqu'entre nous, Maliens, nous n'arrivons pas à régler nos litiges », conclut le journal. Le nouveau gouvernement doit en effet avoir « la légitimité suffisante » pour lancer, avec le soutien de la Cédéao, une contre-offensive dans le nord du Mali occupé par les islamistes liés à Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique). Alors que les responsables politiques s'inquiètent de l'émergence d'un « Sahelistan », d'après l'expression de Laurent Fabius, le président ivoirien Alassane Ouattara a indiqué que la Cédéao déposerait « prochainement » une nouvelle demande de résolution auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, en vue d'une intervention qu'il estime « inévitable ».