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Le Républicain N° 4805 du 26/2/2014

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Le livre « La gloire des imposteurs » / Un condensé des « lettres sur le Mali et l’Afrique » de Aminata Dramane Traoré et de Boubacar Boris Diop
Publié le jeudi 27 fevrier 2014  |  Le Républicain




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« Si le poisson croit que le pécheur est arrivé pour le nourrir, il se trompe ». Cette phrase de Karamoko Bamaba de NKO, pourrait résumer la démarche qui a conduit Aminata Dramane Traoré et Boubacar Boris Diop, a publié aux éditions Philippe Rey, un livre intitulé « La gloire des imposteurs. Lettres sur le Mali et l’Afrique ».

« La gloire des imposteurs. Lettres sur le Mali et l’Afrique », est un livre de 233 pages dont la trame est constituée par une vingtaine de lettres que Aminata Dramane Traoré et l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop se sont envoyés de janvier 2012 au 21 octobre 2013.
La politique menée au Mali et au Sénégal, leur pays, et celle menée en Afrique, a été passée au peigne fin, pour mettre en exergue toutes les incohérences et contradictions qui éloignent le continent du développement et l’installe durablement dans une instabilité alimentée de l’extérieur. « Il y a des gens qui veulent nous faire croire que s’ils n’étaient pas venus qu’on était foutu.

Mais nous sommes convaincus que la manière avec laquelle les choses se sont passées va nous couter cher », a indiqué Aminata Dramane Traoré, pour introduire son entretien lors de la rencontre avec la presse pour la présentation du livre.

Boubacar Boris Diop d’ajouter qu’il était paru essentiel à leurs yeux de montrer les mécanismes qui nous amènent à prendre nos oppresseurs pour des libérateurs. « Ceux qui se présentent aujourd’hui en libérateur ne sont que des imposteurs », a-t-il déclaré. Avant de laisser Aminata Dramane Traoré soutenir que ce qui se passe au Mali ne peut pas être isolé de la guerre globale qui se passe pour le contrôle de la richesse mondiale.

En reprenant une citation de Karamako Bamba de l’association culturelle NKO, Aminata Dramane Traoré a indiqué que « si le poisson croit que le pêcheur est arrivé pour le nourrir, il se trompe ». Avant d’ajouter que la France n’a pas quand même mobilisé 5500 soldats en 72 heures pour intervenir au Mali. « Nous savons aujourd’hui que tout a été préparé en avance », a-t-elle indiqué. Dans une parfaite complicité, Boubacar Boris Diop dira que quand il s’agit de la politique extérieur de la France, il n’y a ni gauche, ni droite, ni extrême droite.

Pour preuve, il dira que lorsque François Hollande est arrivé à l’Elysée le dossier le plus important qui l’attendait c’était celui du Mali. Avant de révéler que les politiciens français n’étaient pas d’accord pour une intervention, mais que la décision a été prise par les militaires. « Face à tout cela, nous avions estimé qu’il faut une parole africaine pour éclairer sur la question du Mali », a indiqué Aminata Dramane Traoré, qui a insisté sur le fait que l’armée française avait besoin de se redéployer ailleurs pour convaincre du maintien de son budget.
Mieux Boubacar Boris Diop a estimé que dans son engagement à défendre l’intégrité territoriale du Mali, la France devait aller au bout de sa logique. « Le but officiel de Serval, c’est intervenir pour l’intégrité territoriale du Mali. Mais, il chasse les Jihadistes et crée une enclave à kidal, d’où l’on peut se poser des questions. Et, l’opinion malienne doit dire non à cette situation », a-t-il déclaré.

Ce qui fera dire à Aminata Dramane Traoré que les maliens doivent se donner les moyens de comprendre ce qui leur arrive. Selon elle la dimension de la crise qui n’est suffisamment pas prise en compte, est l’échec du model économique. « Nous sommes dans un système économique trop dépendant de l’extérieur.

Et, nous refusons de nous donner les moyens pour changer la donne », a-t-elle indiqué. Avant de révéler que les politiques de structuration imposée depuis les années 80, ont fait la place aux capitaux occidentaux. « Après avoir tourné le dos à l’Afrique on y revient militairement pour prendre sa place dans l’économie », a-t-elle déclaré.

Et Boubacar Boris Diop d’ajouter que « plus la crise s’approfondie en France, plus on sent le désire des français à venir chercher les richesses en Afrique ». Cependant, il pense que les choses ne seront plus comme par le passé, pour la simple raison que la France est de plus en plus obliger de se cacher derrière l’ONU pour intervenir. Mieux, il a pris en exemple la sortie de IBK en France dans la presse française et la position du président nigérien qui veut renégocier le contrat d’uranium.

Pour conclure, Aminata Dramane Traoré, après avoir admis que l’insécurité était devenue une réalité au nord depuis 2008, a estimé que la solution ne passe pas par les armes. Selon elle, il faut régler les problèmes des populations par des solutions économiques et politiques. « Le courage d’un dirigeant ne suffit pas pour régler le problème. La balle est dans le camp de la société civile », a estimé Aminata Dramane Traoré.
Assane Koné

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