Au Mali en général et à Bamako en particulier, l’importation des marchandises d’occasion a pris ces dernières années des proportions inquiétantes. Et si ces ‘’vieilleries’’ sont prisées par les populations à cause de leurs prix assez abordables, elles constituent aujourd’hui un véritable danger pour la santé publique et l’environnement. Enquête!
Téléviseurs d’occasion, ordinateurs, réfrigérateurs, matelas, jouets d’enfants, vêtements, bref la liste n’est pas exhaustive. Toutes les vieilleries des pays développés sont bonnes à importer au Mali, sans contrôle ni restriction de la part des autorités publiques. Pour preuve, en 2008 les matériels de friperie importés au Mali sont estimés à plus de 8 384 tonnes, de 11 110 tonnes en 2009 et de plus de 12 025 tonnes en 20012. Soit une augmentation de plus 3 mille tonnes en seulement quatre ans. Faut-il le préciser ces chiffres ne prennent pas en compte l’année 2013. Or, aujourd’hui les spécialistes de la santé tout comme les environnementalistes sont tous unanimes que l’usage de ces objets de seconde main comporte des risques énormes non seulement sur la santé publique que sur le cadre de vie.
A en croire M. Baba Sissoko, point focal de la convention de Stockholm au Mali, les déchets électriques, électroniques et électroménagers tels que : les téléviseurs, les ordinateurs, les radios, les réfrigérateurs, les climatiseurs pour ne citer que ceux-ci, contiennent des composants très nocifs pour la santé de l’Homme et de son environnement. Il s’agit du cadmium, du plomb, du mercure, des fluides frigorigènes de l’amiante entre autres. Cependant, malgré l’abondance de ces déchets et le grand danger qu’ils représentent pour la population malienne, l’indifférence des autorités publiques est abasourdissante. Car jusqu’à la date d’aujourd’hui il n’existe pas de réelles dispositions favorisant le traitement de ces déchets de manière efficiente, exceptées quelques sommaires activités de récupérations de certains métaux comme, le plomb, le cuivre et le fer dans les épaves de certains appareils.
Manque de vision ou de volonté politique de la part des autorités publiques ?
La question mérite bien d’être posée. Car un dicton populaire affirme que « prévenir vaut mieux que guérir » mais entre le ministre de l’environnement et de l’Assainissement Oumarou Ag Rhissa et son collègue de l’urbanisme et de la politique de la ville Moussa Mara personne n’a pour le moment eu l’idée géniale de proposer un projet de loi en conseil des ministres afin de limiter l’importation des objets d’occasion. Surtout qu’il existe déjà deux conventions internationales en la matière. Il s’agit de la convention de Bale sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, adoptée en 1989 et de la convention de Bamako adoptée en janvier 1991. Or, le recyclage de ces déchets est trop cher surtout pour un pays des maigres ressources comme le Mali.
Le danger pour l’économie locale ?
Outre que les problèmes environnementaux et sanitaires, la ruée vers les ¨casses¨ constitue un véritable danger pour l’économie locale. Pour cause, de plus en plus les importateurs de marchandises électriques, électroniques et électroménagers neuves ; assistent impuissamment à une baisse de leur clientèle au profit de ceux qui importent les marchandises de ‘’seconde main’’. Alors que les premiers contrairement aux seconds payent en plus des taxes douanières, des impôts et autres redevances à la mairie. Toute chose qui n’est pas le cas pour les importateurs de marchandises de seconde main qui sont pour en majorité des vendeurs à la sauvette n’ayant pas de place fixe.
L’origine du mal.
A en croire certains observateurs, c’est la récession économique en Europe, qui a contraint beaucoup d’expatriés maliens à se convertir en ‘’videurs’’ de poubelle en Europe. D’aucuns diront peut être qu’il est exagéré d’utiliser l’expression « videur de poubelle » mais selon la définition des environnementalistes français « tout objet ayant été abandonné volontairement par son propriétaire est un déchet ». Et du coup cette situation permet aux pays Européens de se débarrasser de leurs déchets sans avoir à dépenser 1 centime pour le recyclage. Alors qu’au bout de quelques années la plupart de ces objets seront inutilisables, surtout les vieux téléviseurs avec la transition de la radiodiffusion télévisuelle analogique vers la radiodiffusion télévisuelle numérique de Terre, dont la date butoir a été fixée au 17 juin 2015 par l’UIT.
Pourquoi les autorités peinent encore à mettre en vigueur le texte interdisant l’utilisation des sachets plastiques au Mali ?
A suivre!
Lassina NIANGALY