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Nouvel Horizon N° 4573 du 27/2/2014

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Dominique Burgeon, le directeur des urgences de la FAO : "Pas moins de 3,3 millions de Maliens sont en situation d’insécurité alimentaire"
Publié le vendredi 28 fevrier 2014  |  Nouvel Horizon


© aBamako.com par A.S
Coopération : déjeuner en l’honneur du représentant de la FAO
Mercredi 04 avril 2013. Bamako. Un déjeuner d’adieu a été offert a Thierry Ange Ella Ondo, représentant résidant de la FAO en fin de mission au Mali.


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Le Programme Alimentaire Mondial (Pam) a lancé, mercredi 12 février 2014, un pont aérien vers la Centrafrique, où 1,3 à 1,6 million de personnes se trouvent en situation d'insécurité alimentaire. Une situation qui pourrait s'aggraver si les agriculteurs centrafricains n'étaient pas en mesure de semer dans les semaines à venir, avertit Dominique Burgeon, le directeur des urgences de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (Fao).

De retour d'un périple qui l'a mené en République centrafricaine, mais aussi au Soudan du Sud et au Mali, le responsable belge appelle à une mobilisation internationale pour éviter que la crise humanitaire se prolonge dans ces pays bien au-delà de 2014.

Question: Quel constat tirez-vous de vos missions au Mali, en Centrafrique et au Soudan du Sud, trois pays africains déstabilisés par des conflits armés ?
Dominique Burgeon: Le secteur agricole y a été sévèrement affecté. En République centrafricaine, par exemple, les agriculteurs n'ont pas pu cultiver correctement leurs parcelles en 2013. Soit ils n'ont cultivé que des surfaces réduites, soit ils ont essayé d'ouvrir des champs à proximité de leurs campements, mais ils ont été forcés de se déplacer à plusieurs reprises, quand leurs champs n'ont pas été brûlés ou pillés.

Au Soudan du Sud et dans le sud de la Centrafrique, la saison des semis débute en mars. Au Mali, c'est en juin. Et les récoltes ont lieu à partir de septembre ou octobre.
Si les paysans ne sont pas en mesure de cultiver leurs champs, il n'y aura pas de récolte avant 2015 au mieux, et il faudra poursuivre l'assistance alimentaire pendant dix-huit mois minimum. Nous disposons d'une fenêtre très courte pour agir. D'où la nécessité de faire prendre conscience à nos partenaires financiers qu'il faut soutenir ces trois pays maintenant.
Question: Y a-t-il urgence ?

Dominique Burgeon: En Centrafrique, la période de soudure, entre l'épuisement des réserves et la récolte suivante, débute généralement en juillet pour s'achever en septembre. Cette année, elle est déjà sur le point de démarrer, ce qui explique le pont aérien lancé par le Pam depuis le Camer, oun. Dans ces conditions, une aide alimentaire massive est nécessaire.
Au Soudan du Sud, la situation s'améliorait : selon une évaluation réalisée juste avant le début des hostilités, la production de céréales avait augmenté de 13 %, les surfaces cultivées, de 2,8 %. Mais désormais, les déplacements de populations, à quelques semaines de la saison des semis, menacent les récoltes à venir. Environ 3,7 millions de personnes se trouvent en situation d'insécurité alimentaire.

Pas moins de 3,3 millions de Maliens sont dans le même cas, dont 800.000 qui voient leurs moyens d'existence affectés de façon irréversible. Beaucoup ont commencé à mettre en place des stratégies de survie désespérées en diminuant le nombre de leurs repas, en vendant leur bétail et leurs outils, en s'endettant, en consommant leurs semences, en n'envoyant plus leurs enfants à l'école.

Question: Quel type d'aide la Fao peut-elle apporter aux agriculteurs en détresse ?
Dominique Burgeon: Essentiellement des semences et du petit outillage, car il faut absolument leur permettre de cultiver. En général, nous nous efforçons de nous approvisionner sur les marchés locaux, mais nous rencontrons un problème de disponibilité en Centrafrique. Nous sommes obligés d'aller chercher des semences de qualité au Cameroun et de les acheminer par route ou par voie aérienne.

Au Mali, nous avons pour objectif de venir en aide à 130.000 ménages en soutenant les agriculteurs, les éleveurs et les communautés de pêcheurs. Nous fournissons des hameçons et des lignes aux personnes vulnérables, qui peuvent alors, en pêchant, améliorer leur régime alimentaire et dégager éventuellement un petit revenu.

Question: Quelles sommes devez-vous mobiliser ?
Dominique Burgeon: Pour le Soudan du Sud, nous recherchons 77 millions de dollars (56 millions d'euros), mais, aujourd'hui, nous ne disposons que de 5 ou 6 millions. Pour la République centrafricaine, les besoins sont de 45 millions de dollars, dont 18 millions tout de suite, et nous n'avons que 8 millions de dollars.

Le souci, c'est que les bailleurs de fonds ont tendance à financer en priorité l'aide alimentaire d'urgence, certes fondamentale, mais qui doit être apportée en complément à l'aide à la production agricole. Le Pam sauve des vies, la Fao sauve les moyens d'existence des gens.
Propos recueillis par Gilles Van KOTE
Source: Le Monde (France)

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