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Les 100 jours du Dr Cheick Modibo Diarra : Je ne suis pas un cowboy ! Je ne démissionnerai pas…
Publié le mercredi 1 aout 2012   |  MaliBa


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© Autre presse par GETTY IMAGES
Activités gouvernementales : Visite du Premier ministre malien à Ouagadougou
Mardi 17 juillet 2012. Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra se rend à Ouagadougou pour rencontrer le médiateur Blaise Compaoré.


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L’entretien s’est déroulé Vendredi dernier dans les locaux de la Primature avec le concours des confrères Youssouf Touré (ORTM), Sékou Tangara Africable, Madiba Keita (l’Essor) et Dramane Aliou Koné de l’ASSEP. L’initiative survient dans un contexte marqué par une véritable crise politico-sécuritaire consécutive au Coup d’Etat du 22 Mars et à l’occupation des Nord du pays par des insurgés et autres groupes islamiques. Le contexte est surtout marqué par le retour du président intérimaire, le Professeur Dioncounda Traoré. Nous vous livrons la transcription des points saillants de l’interview.

3 mois et 10 jours ! Qu’avez-vous pu réaliser, M. Le premier Ministre, sur l’ensemble des deux objectifs, à savoir, la récupération des régions du Nord et l’organisation d’élections transparentes et crédibles ? Quand aviez-vous compris l’ampleur de la tache qui vous attend à la tête du Gouvernement dans un pays presque aveugle ?

Cheick Modibo Diarra : Avant même d’être nommé PM, l’intérêt que je porte pour mon pays est tel que j’étais conscient de l’enjeu. Même avant l’évènement du 22 Mars, c’est d’ailleurs ce qui m’avait amené à me proposer comme candidat aux élections Présidentielles parce que j’étais conscient que notre pays était en train de partir sur un chemin qui nous amenait droit au mur et les choses se sont précipitées le 22 Mars. Tout ce qui était caché de la vue des gens est automatiquement sorti. Pour être bref, je ne pense pas que pour toute son histoire, notre pays ait atteint un niveau aussi triste que celui auquel on était le 22 Mars et surtout le 17 Avril parce que j’ai été nommé PM.

A propos du Nord, est-ce qu’on peut aujourd’hui avoir une idée des différentes donations et de leur arrivée effective à destination ?

Nous avons reçu de l’aide de certains de nos amis et il y a en d’autres qui sont entrain d’arriver. Le Premier pays qui nous a apporté de l’aide à savoir 48 heures après ma nomination, fut le Maroc avec deux cargos qui comportaient 57 Tonnes composées de farine de riz, sucre et lait. Cela a été suivi de près d’un don de l’Algérie pour 300 Tonnes de riz. Nous avions, par la suite signé des accords qui sont entrain de se concrétiser en ce moment avec l’Afrique du Sud qui nous a offert t un don de l’ordre de 7 000 000 Euros que j’ai eu moi-même à partager sur différents volets sur lesquels je voudrai voir cet argent dépenser. L’Afrique du Sud dispose de très bonnes semences. J’ai pris une partie de cet argent en leur demandant de nous l’envoyer sous forme de semences et le reste sous forme de graines, de lait, et de sucre. L’arrivage de ces dons n’a pas encore commencé, cela ne se saurait tarder.

Notre partenaire, la Chine, s’est engagée à nous faire parvenir 3000 Tonnes de riz et quelques dizaines de moustiquaires imprégnées. Nous avons reçu de l’Egypte l’équivalent d’une dizaine de tonnes en médicaments de toutes sortes et bientôt une vingtaine de tonnes de riz et de farine. Maintenant, il y a plusieurs pays et organisations qui ont fait des dons à travers les Organisations des Nations Unies et des ONG. Toute chose qui nous a amène à essayer de coordonner la distribution de ces dons de façon efficace et efficiente.

Avez-vous la certitude que les donations ont été reçues par les bénéficiaires ?

Nous n’avons pas d’inquiétude par rapport à cela… Nous avions reçu des informations selon, lesquelles la moitié des donations destinées au Nord avaient été saisies par les occupants. Il se trouve, qu’après vérifications, que ce n’était pas avéré… C’est peut-être du au fait qu’il y ait eu changement d’occupant. Parce que dans un premier temps, c’était le MNLA, ensuite Ançar Dine et le MUJAO qui occupent ces villes et ces deux organisations n’ont pas les mêmes caractéristiques et surtout les mêmes valeurs. Donc le plus important est que le gouvernement continue à faire des efforts afin de ravitailler nos compatriotes qui sont pris en otages dans leurs propres maisons. Et si cela veut dire qu’un certain pourcentage de ces dons que nous envoyons est quelque peu risqué, c’est la peine, en tout cas, de prendre ce risque. D’ailleurs le plus important n’est pas la nourriture, mais le carburant ! Vous l’avez suivi : lorsque Tombouctou était presque sur le point de tomber, la ville risquait d’être privée d’eau potable et d’électricité faute de gazole… Si nous envoyons des qualités excessives de gazole et si nous ne prenons pas soins de l’envoyer d’une certaine façon, il finira par se retrouver dans le réservoir des bandits. Il faut donc ravitailler nos populations tout en essayant de minimiser les pertes, tout au long de la route de distribution.

On a vu cette année les nationaux fortement mobilisés dans la collecte surtout l’envoie de ces dons. Comment appréciez-vous ce geste?

Je l’apprécie à sa juste valeur et d’ailleurs, c’est le lieu pour moi de saluer nos compatriotes de la diaspora qui ont envoyé, rien qu’en argent liquide, plus de 130. 000 000 de FCFA pour leurs frères et sœurs du nord en plus des achats de denrées qu’ils font directement et qu’ils mettent à la disposition des ONG qui se chargent de les acheminer.

La première chose que les maliens attendaient de vous c’est la reconquête effective des régions occupées. Aujourd’hui, les maliens s’impatientent, les femmes sont violées… Quelle est Le plan conçu par votre Gouvernement pour reconquérir les territoires occupés ?

Si je rentrais dans les détails de cette stratégie, mon Ministre de la Défense ici m’en voudrait énormément. Mais laissez-moi simplement vous dires une chose : que quelque soit la combinaison, en terme de partenariat que nous allons mettre en place pour aller reconquérir le nord, il est évident que l’armée malienne doit y jouer une place centrale. Il est indispensable que nous ressoudions et renforcions la chaine de commandement au sein de nos forces armées, que nous puissions équiper cette armée, que nous puissions remotiver cette force armée et c’est en ce moment que nous pouvons mettre à exécution toutes ces stratégies. Ce que je veux dire ici c’est que la situation est complexe dans la mesure où les partenaires qui pourraient nous accompagné et qui ont un désir très fort de nous accompagner sont un peu gênés par le fait que parmi toutes les occupant, figurent certains de nos compatriotes. Les gens du MNLA, de Ançar-Dine sont des maliens. Ajoutés à ceux-ci des bandes terroristes, des narcotrafiquants et des trafiquants de tous ordres. Il va falloir trouver une solution très rapidement pendant que nous sommes en train de nous préparer pour la guerre, guerre qui est inévitable, ce n’est pas en faisant du bruit avec nos sabres ou en donnant comme je l’ai entendu hier soir des ultimatums, qu’AQMI va se lever, plier bagages et partir. Pour nous débarrasser de ces terroristes, narcotrafiquants, il faut qu’il y ait une guerre, mais cette guerre n’est pas seulement la guerre du Mali, mais c’est une guerre de la Communauté internationale dans laquelle cependant, nous allons occuper la place centrale.

Dans des situations comme celles-ci, les gens se lèvent spontanément et font le trouble parce que tout le monde est pressé d’aller reconquérir notre territoire. Moi, plus que tout autre, parce que c’est à moi que la mission a été confiée et à mon équipe !

Vous savez, il faut être réaliste ! Ce n’est pas avec des appuis faciaux sur un terrain de football qu’on va libérer le nord. Il faut qu’il y ait des renseignements, d’abord sur les positions, les équipements dont dispose l’ennemi… Il faut, au delà de tout cela, de la logistique implacable et pouvoir coordonner les activités à travers nos forces qui vont y aller.

Vous savez: dans le combat, Il est très très dangereux de faire du bruit avec son sabre lors qu’on n’est pas prêt à le sortir du fourreau. Il vaut attendre d’être préparé et lorsqu’on est prêt on ira tous ensemble… Je ne suis pas militaire mais dans l’art de la guerre, il existe des secrets dont dépend la victoire d’une armée… Il va falloir que nous puissions attendre pour avoir un peu de discernement par rapport à ce qui doit être ou ne pas être dit concernant l’armée.

Je suggère aux jeunes qui sont pressés, au lieu de se mettre en groupe pour s’entraine, de s’approcher de l’armée pour y être intégrés, et subir une formation régulière et disposer d’armes convenables pour se joindre à nos forces et augmenter nos chances non seulement de gagner, mais de le faire dans un délai bref.

Parlant de négociation, avec qui et jusqu’où on va négocier?

Nous allons négocier avec tous nos compatriotes, qui sont prêts à abandonner l’idée de partager le pays, qui sont prêts à rentrer dans une République laïque ! Nous sommes prêts à entamer le dialogue avec ceux-là qui, j’en suis même convaincu, vont avoir des revendications légitimes qui ne sont pas propres à leur tribus mais à tous les habitants maliens. Moi même j’ai une maison à KIDAL ! J’ai passé beaucoup de temps à Kidal. Je connais le problème de route. Ca c’est une revendication légitime ! Construire des hôpitaux et des écoles ? Ce sont des revendications propres à toutes les communautés : touaregs, arabes, bambara, dogons peulhs…, qui vivent dans cette zone. Ce n’est donc pas la peine qu’un petit groupe qui constitue 10% de la population s’approprie cela et en fasse une raison de prendre des armes contre son propre pays.

Une fois que nous aurons identifier ceux de ces groupes qui sont prêts à accepter l’intégrité territoriale du Mali comme un principe, qui sont prêts à accepter la laïcité du Mali, que nos propres forces de sécurité puissent assurer la sécurité de tous les citoyens, de sorte que la constitution du Mali soit la loi fondamentale…, une fois ces principes de bases acquises, en ce moment, nous pouvions commencer à négocier en terme d’investissement surtout que nous avons sur le plan politique, un outil formidable qui est la décentralisation qui nous permettra de regarder de façon très objective les différentes revendications.

Est-ce qu’il n’y a pas immobilisme à ce niveau par rapport à l’option négociation ? Aucun contact du moins formel jusque là n’a été pris !

Je pense que vous n’êtes peut-être pas informés. Même si les contacts ne sont pas directs, il existe des contacts entre le gouvernement malien et le Médiateur, entre les différents groupes rebelles et le Médiateur et des contacts avec tous les pays du champ et même au delà. Lors de mon voyage au Niger, il y avait des contacts qui avaient été pris et des messages qui m’y attendaient, de la même façon qu’en Algérie. En Mauritanie, il y probablement des contacts mais on m’en a pas fait part. Il n’y a donc pas d’immobilisme. L’art de négocier lui-même demande à ce qu’on soit dans une position confortable avant de commencer les négociations.

Lorsque je suis arrivé à ce poste de Premier Ministre, un des premiers messages que j’ai envoyé aux occupants, c’était qu’une bonne négociation ne doit pas ce faire avec le couteau à la gorge ? C’était une manière de dire aux occupants, sans perdre de leur avantage militaire, de se retirer des villes afin de permettre aux citoyens de reprendre une vie normale. S’il le faut, ouvrir des couloirs humanitaires. Et s’ils ne veulent pas que ces couloirs soient assurés par le gouvernement, nous allons nous appuyer sur des ONG comme la Croix Rouge, le Haut Conseil Islamique… C’est exactement ce que nous sommes entrain de faire pour ravitailler nos compatriotes.

A qui profite cette bataille entre les différents insurgés ? A vous, au Gouvernement ?

Vous savez, cela fait aussi parti de l’art de la guerre ! Lorsque vous devez négocier avec des groupes, il est évident que votre position de négociation se renforce chaque fois qu’un de ces groupes s’affaibli. Et ces choses que vous voyez font en sorte qu’aujourd’hui, le MNLA est entrain d’aller partout où se tiennent les négociations. Cela n’aurait certainement pas été, si Ançar-dine et Mujao ne les avaient pas chassés de toutes les villes et de toutes leurs positions.

Notre Ministre de la Justice a saisi la cour pénale internationale sur certains actes qui ont été posés et à travers ça, je suis sûr que vous aller voir bientôt d’autres groupes qui vont vouloir se dissocier. Et petit à petit, nous arriverons à la phase optimale où les négociations peuvent commencer. Entre temps, notre armée est entrain de prendre de plus en plus de muscle.

Face à toutes les atrocités commises à Aguelhok, Kidal entre autres, quelle a été la réaction du Gouvernement ?

Nous avons entrepris immédiatement, à la formation du Gouvernement, de documenter avec l’aide de l’organisation des droits de l’homme, les crimes qui ont été commis. Nous avons déposé une plainte à la CPI contre les auteurs de ce crime et en même temps, lorsque nous avons assisté impuissamment à la destruction de notre patrimoine matériel et immatériel à Tombouctou, là aussi, nous avons précipité la signature des accords avec l’UNESCO de façon à ce que ces crimes aussi soient considéré comme des crimes de guerre et susceptible de faire l’objet de poursuites à un niveau international. Nous sommes pour le moment impuissants à aller chasser ces gens, nous nous préparons à aller les chasser et le plus vite que possible.

Au cas où l’option militaire prévaudrait, l’armée malienne aura besoin de toutes ses composantes pour la reconquête du nord. Est qu’on verrait sur le théâtre des opérations comme c’était le cas il ya quelques mois, le régiment des Commandos Para ? Quelle est la nouvelle officielle par rapport à ce corps Dissout ? Pas dissout ?

Vous savez, le Ministre de la Défense, suite à la tentative de Coup d’Etat du 30 Avril, a jugé bon, pour amener la paix parmi ces hommes et femmes, de prendre cette compagnie et de relocaliser au sein d’autres groupes. Lors que le Ministre de la Défense jugera le moment opportun et que ses réflexions sont complètes par rapport à ce qui va se passer avec cette compagnie (faut-il la recréer, la replacée ailleurs, la refonder avec d’autres…,) en ce moment, le Ministre de la Défense viendra voir le Gouvernement. Il fera une proposition et nous nous ferons nos suggestions. En ce moment, vous serez informé.

La CEDEAO viendra –t-elle ou pas à Bamako ou et sur le terrain pour la récupération du Nord?

Il y a eu beaucoup d’amalgames par rapport à ce volet. La presse nationale et même internationale, en un moment donné, m’ont accusé de ne pas vouloir l’aide de la CEDEAO. Ce qui est totalement faux ! Il n’a jamais été question au début de venir nous aider à reconquérir le nord. Interrogé à Paris, le Président Dioncounda Traoré a dit qu’il n’étai pas question que des forces étrangères viennent le protéger au Mali. Moi aussi, j’ai dit la même chose. Le débat a porté sur cette question dans un premier temps avant d’évoluer. La CEDEAO a offert à venir nous aider à restructurer nos forces de l’ordre pour nous permettre de sécuriser Bamako. Ce qui n’est pas un problème pour nous ; Former et équiper nos forces armées est notre souci majeur en vue de la reconquête du Nord. Un groupe technique de la CEDEAO était là pour échanger avec nos forces de l’ordre et de sécurité il y a une semaine. Ils m’ont présenté des conclusions très intéressantes.

Je leur ai dit que c’était la première fois, depuis que j’ai pris fonction, qu’on venait me proposer quelque chose dans le volet solidarité. On m’a toujours parlé de sanctions, d’embargo…. Nous Maliens, nous avons participé à des forces de maintien de l’ordre à travers le monde, de l’Afrique jusqu’en Haïti. Il n’y a donc pas de problème lorsque nous nous trouvons en difficulté que cette organisation dont nous sommes membres fondateur, vienne nous prêter main forte. J’ai dis à ces gens qui m’ont fait la présentation qu’il y avait quelque chose qui manquait : il n’y avait aucun chronogramme. Je leur ai dit de m’apporter le chronogramme précis. C’est avec ce plan que nous pouvions nous asseoir et écrire nos requêtes très précises et les adressées aux Nations Unis en vue d’une demande d’intervention sur le chapitre 7. Voilà la réalité des choses !

On s’attend à un agenda parce que plus le temps passe, plus les islamistes s’incrustent et la récupération sera très compliquée

Mon cher ami, les islamistes sont incrustés dans notre pays pendant 10 ans ! Ce n’est pas en 3 mois qu’on peut aller les chasser. Il n’ya pas une troupe au monde qui peut chasser les islamistes en 3 mois. La preuve : regardez les forces des USA, de l’OTAN, de toute l’Europe combinée ! Plus de 10 ans pour déloger ces gens de l’Afghanistan… Ce n’est pas une opération aussi simple que cela ! Nous sommes entrain d’aller le plus rapidement possible. Et même lorsque nous allons pouvoir trouver des vies et moyens de libérer les grandes villes pour que les gens reprennent un sens normal de leur vie, cela va nous prendre des années pour pouvoir déloger ces gens du désert, pour construire et sécuriser notre territoire. Nous avons hérité d’un pays qui fait 1.241.238 Km2 pour 14millions d’habitants. Ce n’est pas facile de gérer toute cette superficie ! Ca va prendre du temps pour les sécuriser. On parle de libérer le nord comme si c’est une bataille qui peut se faire en 1 jour ! Il faut qu’on se détrompe parce que si nous ne faisons pas ça, nous allons faire vivre encore plus de mal à nos populations. Elles vont aller de déception en déception. Regardez un peu le cas de l’Afghanistan : depuis combien de temps que la plus grande puissance mondiale est en train de combattre ces gens avec l’aide du monde entier ! Depuis plus de dix ans et ce n’est pas encore fini ! Ce sont les mêmes personnes, le même réseau qui s’est installé au Mali. Il ne s’est pas installer le 22 Mars ni le 17 Avril lorsque j’ai été nommé Premier Ministre ; Il s’est installer progressivement au Mali depuis plus de 10 ans, petit à petit ! Et au lieu de les en chasser, nous avons toujours fait des compromis. Je n’accuse personne ! Nous sommes tous responsable ! Moi en tant que citoyen, je suis responsable de ne l’avoir pas empêché. Au lieu de passer tout notre temps à critiquer, si nous passions ce temps à soulever et à faire vibrer la fibre patriotique de nos concitoyens, on irait beaucoup plus vite à la tâche que ce que nous faisons aujourd’hui.

Le débat autour de ce sujet peut être compris dès lors que le gouvernement précédent a été déchu parce qu’il ne voulait pas faire la guerre et pour le commun des maliens c’était normal que le prochain gouvernement allait libérer le nord

Le Gouvernement va libérer le nord ce n’est pas ça le problème, je suis entrain de dire qu’il faut communiquer la réalité à nos concitoyens : des terroristes qui se sont incrustés pendant plus de 10 ans ne peuvent pas être délogé en 3mois, cela n’est pas possible !

A quand la libération des régions du nord ?

La libération a déjà commencé dès le moment où nous avons commencé à réfléchir pour libérer le nord ; dès le moment où nous avons commencé à souder les chaînes de commandement, à les renforcer ; à créer des partenariats sur la scène internationale pour venir nous aider sur le chapitre 7 des Nations Unis ; à équiper nos forces de l’ordre… Il ne s’agit pas de bruit, du premier coup de feu qui déclare la libération du nord. Elle a commencé à travers l’affaiblissement des groupes occupants; par l’ouverture des couloirs humanitaire qui continuent à donner de l’espoir à nos populations… Il faut une information réelle et acceptable à nos concitoyens. Aux forces d’autodéfense, nous disons simplement que, s’ils sont intéressés de venir ajouter leurs forces à celles des forces armées, d’intégrer l’armées pour bénéficier d’une formation appropriées. Je tiens principalement à la vie de nos jeunes concitoyens.

Par rapport à l’agression du Président de la République et des journalistes, qu’est ce qui n’a pas marché au niveau de votre commandement pour qu’on en arrive là ?

Vous savez, nous avons un pays qui est en guerre avec l’occupation des 2/3. Les gens sont démoralisés. Nous sommes dans un pays où il y a eu un coup d’Etat et une tentative de contrecoup d’Etat, un mois plus tard. Comparez le cas de la Sierra Leone à ce que nous vivons à Bamako ! Je ne pardonne et ne tolère pas la moindre insécurité, mais des efforts ont été faits et nous sommes entrain d’y travailler et nous n’allons pas arrêter jusqu’à ce que tous les citoyens soient en sécurité totale y compris ceux du nord. Comparez ce qui se passait le lendemain du coup d’Etat à ce qui se passe aujourd’hui à Bamako ! J’ai lu la satisfaction sur le regard des experts de la CDEAO qui sont venus ici. C’était bizarre pour eux. Ils m’ont dit ce qu’ils lisaient dans la presse laissait entendre qu’on ne pouvait même pas circuler dans les rues de Bamako ! Il faut, en toute chose, savoir garder mesure. L’insécurité peut être créée en informant les gens qui sont en insécurité.

Une enquête a été ouverte mais, à présent, aucune arrestation ! A quoi cela est du?

Cela n’est pas vrai ! Deux personnes ont été arrêtées et elles ont reconnu avoir porté la main sur le Président. Elles sont actuellement détenues. Deux autres, dont un militaire sont suspectés et sont en fuite. J’avais même demandé que leur visage et leur identité soient diffusés à la télé afin que les populations nous aident à les retrouver… J’étais de garde quand cela est arrivé, bien que ce jour là mon bâtiment ait été occupé par des milliers de gens au même moment mais, moi j’ai pu sortir et aller là bas. J’ai demandé au Ministre de la Sécurité intérieure de faire les enquêtes sur trois choses: Les gens qui sont visiblement connectés à ce qui est arrivé au Président, voire s’il y avait des complicités, et ce qui s’est passé sur le plan sécuritaire afin que cela ne puisse plus se passer. On n’y travaille au quotidien ! Croyez-moi, ce n’est pas pour passer le temps ! , mais on ne peut malheureusement vous donnez ce que vous voulez. Moi je ne peux pas violer le principe de l’instruction pour faire plaisir à des gens. Laissez les choses prendre leur cours. Faisons-nous confiance, laissez mon équipe faire son enquête ! Lorsqu’elles seront conclues, nous irons vers vous.

Le Gouvernement étant responsable de la sécurité, on pouvait freiner les marcheurs avant leur arrivée à Koulouba. Est-ce que les deux personnes arrêtées ne sont pas de menu-fretins ?

Si vous vous asseyez publiquement pour dire que ceux qui ont été arrêtés étaient des menu fretins, le Ministre de la justice ici présent pourrait vous interpellez, parce que vous en savez quelque chose. Ce jour, il y a eu beaucoup de choses ; les vidéos sont là. Dans la semaine, plus de 75 personnes ont été interpellées ! Mais il faut faire la distinction entre être quelque part et avoir commis l’acte.

Les enquêtes ne sont pas des choses à précipiter. Les parents des personnes disparus peuvent aller signaler cela et une enquête sera ouverte. Je leur dis de ne pas être pessimistes. Des rumeurs font que certains bérets rouges sont au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, entre autres.

Quels sont vos rapports avec le Capitaine Sanogo

Des rapports les plus cordiaux, dans la mesure où nous avions beaucoup de tâches à faire ensemble.

Votre Gouvernement est beaucoup critiqué par la communauté Internationale et surtout par une franche de la population malienne le FDR. Es ce que vous êtes prêt à Démissionner ?

Vous avez-vous même vu le décalage entre ce que vous dites et la réalité. Aviez- entendu une seule critique de ce gouvernement par la population ?

Ceux qui ont les moyens et quand ils n’aiment pas un gouvernement, vont payer des journaux, faire un lobbying. Moi je n’ai pas le temps pour faire la polémique. On m’a confié une tâche : celle de diriger ce pays pendant la transition, d’aller reconquérir le nord, d’organiser des élections libres et transparentes !

Pourquoi vous ne dites pas à la classe politique de s’entendre avec le Gouvernement. Ce n’est pas comme ça qu’il faut réfléchir. Je ne réponds pas aux menaces. Le peuple est entrain d’observer parce que c’est lui l’arbitre final.

Si ça ne tenait qu’aux supporters, moi je peux vous remplir les rues de Bamako avec des gens qui diront « ne touchez pas à ce gouvernement ». Je leur ai dis que ce n’est pas utile parce c’est le pays qui perd dans cette polémique. Que ceux qui veulent venir au gouvernement, viennent donc ! On va faire un gouvernement de 200 personnes ! Il n’y a pas de problème et d’autant plus que vous parlez de budget de taille du Gouvernement ! Permettez-moi de profiter de l’occasion : vous voyez ces hommes et femmes là, ça fait 3 mois que nous travaillons tous, aucun d’entre eux n’a été payé.

(…) La priorité ce n’est pas ça ! Ce n’est pas d’entrer dans le gouvernement (…) Aidez-nous à sauver le pays avec votre expérience et vos capacités. Travaillons en symbiose !

Monsieur le PM vous avez présentez une feuille de route pour la transition dont le contenu a été vivement critiqué par l’opposition. Alors est ce cette feuille de route sera d’actualité après la formation du gouvernement d’union nationale ?

Le contenu de la feuille de route a été écrit dans l’accord cadre. On nous a dis « libérez, sécurisez le nord, ramenez l’administration et les populations dans le nord, ensuite faites un fichier électoral crédible et organisez des élections». Qu’est ce que vous voulez de plus? La seule chose qui reste c’est un chronogramme indiquant le jour et l’heure précise. Et seul le Bon Dieu sait cela. L’autre aspect sur lequel on ne peut mettre le chronogramme, concerne le fichier. Il suffit de nous entendre sur quel type.

De quoi on vit aujourd’hui ?

Le problème est que souvent en voulant faire du mal à quelqu’un, en voulant critiquer fondamentalement et foncièrement quelqu’un, on se fait du mal à nous-mêmes. Je connais des pays environnants dont les capitales ont moins de sécurité que Bamako. C’est parce que nous-mêmes maliens, nous passons beaucoup de temps à critiquer ce qui se passe dans notre pays. Certains de nos compatriotes vivant en Europe ont pris peur. Certains que j’ai pu convaincre sont venus et se sont rendu compte que ce qu’on voit à travers les medias ne corrobore pas avec la réalité (…).

Le monde entier verra que venir à Bamako ou aller à Ségou, Tombouctou, n’est pas plus dangereux que d’aller à Abidjan, Bouaké, Lagos, Johannesburg… Au contraire !

S’agissant de la Coopération internationale : Cela va arriver lorsque nous-mêmes, nous allons arrêter de nous tirer dessus à Bamako ici. Parce que chaque fois que nous nous tirons dessus, les gens qui veulent revenir regardent ce coup de feu et disent : « Ah ! Il y a encore un problème ». Il y a eu le retour à l’ordre constitutionnel ; On a dit qu’on voyait trop souvent le capitaine Sanogo à la Télé, que les militaires étaient trop présents dans certains endroits comme à la station Télé et l’Aéroport. C’est ridicule ! Heureusement que le gouvernement n’est pas en attente de cette aide… Nous sommes entrain d’apprendre une nouvelle leçon. Cette leçon est que ce pays, au moment le plus difficile de son histoire, est entrain d’essayer de s’en sortir sans l’aide de personne ! Ca c’est une très bonne leçon et c’est ce qu’on appelle souveraineté. Tout ce que nous faisons, nous ne le devons qu’à nous ! Ce qui manque sur ce tableau, c’est le sursaut patriotique. Que les gens enterrent leurs armes, que les ambitions personnelles disparaissent et se mettent ensemble ! Ceux qui veulent entrer au gouvernement seront les bienvenus .Tu n’as pas besoin de critiquer ton gouvernement, ton pays pour y entrer. Si tu es compétent et si tu passes une bonne enquête de moralité comme l’ont subit tous les membres de mon gouvernement, il n’ya aucun problème !

Parlons Education. On dit qu’il y a 30 000 enfants qui sont dans les camps des refugiés Quel est leur sort en termes d’examens ?

Nous avons trois ministres : le Ministre chargé de la Famille, de la promotion de la Femme et de l’enfant, celui, de l’Action Humanitaire et le Ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales. Ils ont fait une tournée dans tous les camps où ils ont pu recenser les familles mais également les aspects. Ils sont entrain de voir comment les encadrer, préparer un examen spécial pour ces enfants. Ils vont aller cette semaine aux camps du Niger et de la Mauritanie. Nous sommes en contact permanent avec tous ces gens, nous suivons tout et nous sommes attentifs à tous les détails. En cette période, il y a trop de fronts, le gouvernement est pris à la gorge. Même avec les moyens, un gouvernement s’il n’est pas bien structuré, ne peut faire face à toutes ces urgences sur tous les fronts.

Que Dieu nous en garde ! Si le Ministre des Finances ne contrôle pas bien ses assiettes, qu’il n’arrive pas à payer les salaires du mois prochaine ; si à tout cela s’ajoute la fronde sociale, tout le monde va basculer, vous et moi. C’est pour cela qu’il faut être solidaire avec ce gouvernement. Quand ce sont des critiques constructives, d’accord, mais quand ce sont des critiques stériles, alors…

Qui peut regarder ce gouvernement et dire que c’est un gouvernement inexpérimenté, incompétent ? Vous avez vu au Mali ici un gouvernement plus compétent que celui là ? Ca n’a jamais existé ! Des gens pensent qu’ils vont retenir l’attention des populations ! Ces populations ont mieux à faire ! Elles pensent au nord, à leur nourriture, à leurs enfants qui sont à l’école, à leur sécurité… Elles ne pensent pas à rentrer dans le Gouvernement !

S’il s’agit de critiques constructives, ce gouvernement n’attend que ça. Ceux qui disent que nous sommes incompétents, qu’ils nous apportent le produit de leur réflexion profonde, on va l’appliquer si c’est constructif.

Agriculture : Comment amener les maliens à manger cette année ? Les mesures d’approvisionnement des producteurs en intrants et en semences sont-elles suffisantes ?

Les mesures que nous avons prises sont nombreuses et très variées : d’abord nous avons commencé à faire face à l’insécurité alimentaire qui sévissait dans notre pays. Sur les 703 Communes du Mali, il ya environ 255 qui étaient au bord de l’insécurité. Aujourd’hui, ce chiffre est réduit à 104 et nous continuerons à travailler pour éliminer cela. Avec les dernières pluies tombées, le Gouvernement n’avait plus le temps de mettre en place la subvention sur les intrants pour l’année, et du cout, le Ministre de l’Agriculture et e la Pêche a rencontré les intéressés qui ne pouvaient plus nous aider au motif que des reliquats à payer au titre des deux dernières campagnes. Nous avons convenu avec eux de payer. Dans ce programme de subvention, nous avons mis plus de 36 Milliards de FCFA pour des semences de mais à cause de leur productivité et des semences de céréales distribués gratuitement aux zones où, à cause de la pluviométrie de l’année dernière, n’ont pas eu de production.

Au-delà de cela, je profite pour signaler que certains de nos amis tels que l’Allemagne à travers la Coopération Allemande a subventionné les 12500F que les cultivateurs devraient payer, ce, dans certaines zones, pour environs 800 000 000 FCFA. A Mopti également dans le périmètre irrigué, la Norvège avec un programme de 300 à 400 000 000 de FCFA a permis de faire en sorte que les producteurs puissent avoir accès à ces engrais à 0F …

Au niveau de la CMDT nous sommes déjà à plus de 96 % d’application de ces intrants, comparée à 20 % à la même période l’année dernière. Les choses sont donc entrain d’avancer.

Cette année nous entendons produire 9650 000 T de céréales, pour le coton 445 000T voir 500 000T soit une augmentation de 55 000 T de coton graine.

A cela il faut signaler la menace acridienne qui prend ses origines dans les zones occupées. Des dispositions sont entrain d’être prises.

Je ne démissionnerai pas !

On ne peut pas s’entendre avec quelqu’un simplement parce que ça mène quelque part. Pourquoi vous ne dites pas à la classe politique de s’entendre avec le Gouvernement ? Ce n’est pas comme ça qu’il faut réfléchir. Je ne réponds pas aux menaces ! Le peuple est entrain d’observer parce que c’est lui l’arbitre final. Ce ne sont pas la CDEAO et la Communauté Internationale qui vont venir voter. Elles [les populations] I sont en train d’observer les faits et gestes de chacun de ces politiciens. Elles n’ont pas accès aux micros, aux lignes dans les journaux, mais ils ont leurs bulletins. Je peux vous donner la liste des réalisations que ce gouvernement a pu faire dans ce temps malgré cette situation. Vous savez il y a des gens qui ont le luxe de s’assoir et de critiquer, et d’autres ont le devoir de travailler. les membres du gouvernement ne peuvent pas entrer dans la polémique sinon notre gouvernement va à terre . Nous resterons debout et aucune de ces critiques, si elles ne sont fondées, ne nous atteindra une minute.

Parler de démission ! Moi je ne démissionnerai pas pour la simple raison que je ne peux même pas démissionner si je le veux pour deux raisons : la première est d’ordre académique. Vu l’accord-cadre, si je dois démissionner, à qui donc je dois remettre cette démission puisque l’accord-cadre dit que le Président ne peut pas prendre ma démission. Qui va donc la prendre ? Personne ?

La deuxième, ce qu’il faut savoir, c’est ce moi je suis un enfant de ce pays, ce pays m’a tout donné. Quand ce pays me confie une tâche, tant que je serai debout, je ne vais jamais quitter ! Je ne vais jamais démissionner !

Est-ce vous ou le Président qui va composer le Gouvernement ?

Ce n’est pas le Président qui fera le Gouvernement ! C’est moi le Chef du Gouvernement qui va faire le gouvernement et proposé au Président de la République. La seule différence c’est que c’est lui le Président de la République qui va faire les concertations avec les politiques. On peut aider son pays sans rentrer dans le gouvernement. Ce gouvernement représente tous les segments de notre nation. Vous voulez qu’on casse tout pour que d’autres entrent ? Il n’ya pas de problème ! Si c’est à ce prix que nous allons pouvoir libérer le nord, amenez-moi 50, je vais les prendre, mais il nous faut aller libérer notre pays. D’autres vont-nous aider à le libérer sans être dans le gouvernement.

Est-ce que la date butoir de la CDEAO sera respectée ?

La CDEAO a fixé une date ; , nous sommes un pays souverain ! Notre Président a entamé des consultations et quand il finira avec ces consultations, moi je formerai mon gouvernement. Et si ça dépasse le 31 Juillet, il n’y aucun problème. Il faut être sérieux ! Retournons dans la mesure ! Le Gouvernement se composera le plus rapidement possible. La date de la CDEAO n’est qu’une date indicative. Encore une fois, au lieu de faire des choses à la précipitation et revenir en arrière après deux mois pendant que notre pays s’enlise, prenons toujours le temps de faire les choses bien. Ce n’est pas par mépris que j’ai formé ce gouvernement. Ce qui a mis notre pays dans le trou, c’est la confusion entre union nationale et de consensus. Le consensus tue, mes chers amis ! (…). Un Premier Ministre est un capitaine d’une équipe, c’est l’entraineur d’une équipe ! Comment vous pouvez demander à l’entraineur de faire jouer des joueurs de votre choix et qu’il soit responsable du résultat obtenu ? (…) Les politiciens aiment jouer aux indiens et au cowboy… Je ne suis pas un cowboy !

Propos transcris par Toumani Coulibaly et B.S. Diarra

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