Débarqué à la primature au mois d’Avril dernier, avec comme missions fondamentales la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, la conduite de la transition, l’assistance humanitaire aux populations en situations difficiles, la reconquête des régions occupées et l’organisation d’élections libres et transparentes, le Docteur Cheick Modibo Diarra jouissait des pleins pouvoirs pour l’exercice de sa fonction. Le retour au bercail du Professeur Dioncounda, ou du moins son adresse à la nation du weekend dernier, risque de changer la donne. Investi des ‘’pleins pouvoirs’’ quand il prenait fonction, le premier ministre risque de se retrouver ‘’sans pouvoirs’’ avec cette nouvelle configuration institutionnelle proposée par le désormais Capitaine du bateau Mali.
Le débat donc sur la démission ou la reconduction du premier ministre semble être plus que jamais relancé. CMD conduira vraisemblablement, contrairement à la volonté d’une partie de la classe politique, le gouvernement de transition. Son éjection à la primature risque de compliquer les choses, surtout après son dernier plaidoyer médiatique. Cependant, nous assistons à une redéfinition de son statut de ‘’premier ministre aux pleins pouvoirs’’. Laquelle redéfinition risque de le dépouiller de la quintessence de ses attributions et le ramener à un simple premier ministre pour ne pas dire à ce que Mme Cissé Mariam Kaidama Sidibé représentait sous la présidence ATT. Une plus grande responsabilisation du président Dioncounda Traoré, la nomination de deux vices présidents, la mise en place d’un conseil national de transition et d’une commission nationale de négociations dans la crise du Nord sont autant d’initiatives qui peuvent insuffler une nouvelle dynamique au processus de transition et de reconquête des régions occupées. Sauf que ces initiatives donnent l’impression d’une opération anti-CMD et risquent de créer une cohabitation difficile au plus haut sommet de l’appareil étatique. Autrement dit, les reformes entreprises par le Professeur Dioncounda Traoré traduiraient ce que l’on pourra appeler ‘’un couteau à double tranchant pour le Mali’’. Elles pourront résoudre les problèmes ou détériorer le climat social déjà en effervescence. CMD arrivera t-il à déjouer son étrange destin à la primature ? Aura-t-il la sagesse d’accepter les choses telles qu’elles se présentent et, par ricochet, de supporter le partage de ses pouvoirs avec des personnes qu’il a toujours renié ? Wait and see ! Une chose est sure et sans équivoque, l’homme (pour qui le connait) préférera démissionner que d’accepter certaines humiliations ou injonctions à son autorité.
En attendant la réponse à ces questions, nous ne pouvons que souhaiter la bienvenue au Professeur Dioncounda et surtout bon courage au Docteur Cheick Modibo Diarra dans ce nouveau costume de ‘’premier ministre sans pouvoirs’’ que les politiques et la conjoncture veulent lui faire enfiler coute que coute, vaille que vaille, advienne que quoi.
