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Spécial 08 MARS : Focus sur Quatre femmes qui excellent dans des métiers d’hommes
Publié le vendredi 7 mars 2014  |  Le Tjikan




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Bah Sira Traoré : menuisière: Une femme qui donne vie au bois!
Agée de 34 ans, mère d’une fille, Mme Bah Sira Traoré est une véritable dame de fer qui consacre ses journées à scier, couper, raboter et donner vie au bois. Sa maîtrise du métier a fait d’elle une véritable icone dans un secteur, traditionnellement macho. Bercée par l’amour du travail de bois, après des études bien méritées dans le domaine, elle s’est fondée une réputation solide au sein de l’entreprise EMAMIT (Ebénisterie Madou Minkoro Traoré).

« Il n’y a pas de sot métier, mais de sottes personnes » dit un dicton populaire de chez nous. Titulaire d’un diplôme de BT2 en menuiserie (Centre de Formation Professionnelle de Madina), et mère d’une fillette, Bah Sira Traoré, est une femme qui force l’admiration. D’un caractère trempé, elle n’est pas du genre à céder facilement la place aux autres. D’un air gentil, elle a les traits d’une véritable femme engagée. Celle qui ne lâche jamais prise. C’est pourquoi, elle a pu éviter de nombreuses peaux de bananes jetées sur son chemin. Celui de la menuiserie-bois.
C’est ainsi qu’elle fait partie de ces rares femmes au Mali qui ont eu le courage de braver les préjugés sociaux selon lesquels il y a des métiers destinés aux hommes et ceux destinés aux femmes, pour prendre son destin en main avec force et courage.

A l’en croire, c’est depuis toute petite qu’elle s’est lancée dans cette aventure. Il s’agit du métier de menuisier qu’elle exerce depuis bientôt près de 20 ans à l’EMAMIT. Une carrière qui a été quelques fois, jalonnée de périodes difficiles. « A cause des incompréhensions avec certains membres de ma belle famille, j’ai dû arrêter mon travail durant deux ans. Mais finalement j’ai été obligée de rompre mon mariage afin de pouvoir exercer mon métier librement » nous a confiée, Bah Sira avec un ton serein.

A l’EMAMIT (Ebénisterie, Madou Minkoro Traoré), Bah Sira Traoré travaille en parfaite symbiose avec ses collègues. Et ce, malgré qu’elle soit la seule femme dans l’entreprise. « Elle a une parfaite maîtrise des machines, et elle adore son métier plus que tout au monde » affirme un de ses collègues, avant d’ajouter que c’est un réel plaisir pour eux de travailler avec elle.
Son patron, M. Sanogo, ne tarit pas d’éloges sur ces qualités aussi humaines que professionnelles : « Sira est très et respectueuse et assidue au travail ». Par ailleurs en plus du métier de menuisier, Bah Sira reste aussi une sportive bien formée. Elle est cycliste de renommée nationale. Cependant, si l’engagement et le courage ne font pas défaut à cette femme battante, elle affirme avoir besoin du soutien afin qu’elle puisse voler un jour de ses propres ailes. Et à l’en croire dans le futur, elle ambitionne de créer une école professionnelle pour former d’autres jeunes filles qui vont prendre la relève. Aoua Traoré

Aminata Traoré dite ‘’Nah: Une laveuse exemplaire d’auto-moto à Bolibana !
Pour donner un sens à la célébration du 8 mars, journée internationale des femmes, nous nous sommes donnés comme mission de sortir de l’ombre une femme pas comme les autres, Aminata Traoré dite ‘’Nah’’, une karateka, native de Bolibana , qui gagne sa vie honnêtement dans le lavage de véhicules et des engins à deux roues . Très active, bien joyeuse et le cœur à l’œuvre ‘’Nah’’ ravie la vedette à de nombreux hommes dans ce métier, considéré pourtant comme celui des hommes. Découverte.

Le pantalon ‘’Jean’’ mouillé, laissant apparaitre une silhouette d’homme, la chemise trempée à la mousse savonneuse, les baskets tachetés de boue et la tête au vent, Aminata Traoré suscite l’attraction de nombreux usagers de la rue qui part du boulevard de l’indépendance au quartier Badialan. Pièce maîtresse du parc de lavage de son frère. Un sortant de l’ECICA plongé dans les affres du chômage, treize ans durant. Qui compte faire de ce parc de lavage, une véritable entreprise pour lui et sa famille. Cet idéal, ‘’Nah’’ compte l’atteindre avec son frère. C’est pourquoi, elle ne ménage point, ni sa force physique, ni son courage féminin pour satisfaire la clientèle, en matière de lavage correct de leurs engins. Karateka, avec une ceinture noircie de plusieurs ‘’dan’’, elle n’affiche aucun complexe à s’adonner à cœur joie au métier qui la sert désormais de gagne-pain. Malgré son statut de native d’un noble et vieux quartier de Bamako : Ouolofobougou-Bolibana.

Célibataire et mère d’un enfant, ‘’Nah’’ a su transcender avec la manière toutes les considérations, relatives à la classification des métiers entre homme et femme. C’est pourquoi, avec un ton de fierté elle nous a confié ceci : « Je travaille avec mon frère, mon fils et d’autres employés. Pour moi, il n’y a pas de sous ou de sot- métier, tout ce qu’un homme peut faire une femme aussi peut le faire ». Une philosophie qu’elle a pu transformer en réalité. Au niveau du parc de lavage, où elle travaille, la majeure partie des clients reconnaît son dévouement. Dès qu’elle aperçoit un véhicule ou une moto se diriger vers la terrasse de leur parc, elle sursaute de son siège pour l’accueillir avec sourire. Pourtant, les conditions dans lesquelles elle travaille avec son frère laissent à désirer.

Une femme qui puise de l’eau dans le puits pour faire le lavage !
« On rencontre beaucoup de difficultés dans ce métier. Dès fois on ne reçoit pas de client, souvent une moto ou deux. Ce qui est le plus difficile ici c’est l’eau. Avant nous avions de robinet mais à un moment donné la ‘’Somagep’’ est venue couper l’eau en disant que nous avons une dette de 3OOmille francs » témoigne-t-elle. Mais cela n’a pas été un facteur de découragement pour elle. Et pour preuve, dès le matin de bonheur, elle s’attèle comme une esclave du moyen âge, à puiser de l’eau dans le puits de la famille d’à côté, afin de remplir les fûts sur lesquels sont branchés des raccords de lavage. Avec la seule machine à laver dont le parc dispose, Aminata et son frère arrivent à donner entière satisfaction aux clients qui s’y sont fidélisés.

L’autre handicap qui joue négativement sur la rentabilité de ce métier selon ‘’Nah’’ est l’intransigeance des agents de la mairie. « C’est plus qu’un calvaire, ils viennent chaque jour pour nous réclamer de l’argent » affirme-t-elle avec indignation. A l’en croire, pour un petit espace comme le leur, ils payent mensuellement 3mille francs à la mairie, sans compter les impôts et d’autres charges. Malgré tout cela, ‘’Nah’’ reste optimiste.

« A part ce genre de difficultés, ce métier est tout comme les autres métiers. On s’en sort dans la mesure du possible. Pour moi, une femme doit se battre pour subvenir à ses besoins. L’homme ne peut pas tout assurer. Souvent il faut s’entre-aider » confie Aminata Traoré. Avant de conclure en ces termes : « Je n’ai ni honte, ni complexée d’exercer ce métier car je suis l’une des femmes qui pensent que les hommes et les femmes sont égaux ». Le message ne peut être plus clair. Même si elle a par la suite, invité ses autres sœurs du pays à être beaucoup courageuses. Et au nouveau président de beaucoup penser aux femmes qui n’ont pas fait l’école mais qui font des métiers sans considération des stéréotypes.
Aoua Traoré

Mme Djefaga N’deye Thiam: Une bijoutière, la main au feu pour les autres femmes !
Dans la mouvance du 08 mars, journée internationale des femmes, nous avons choisi de faire découvrir une femme pas comme les autres, Mme Djefaga N’deye Thiam, première femme bijoutière à Bamako, une femme battante qui n’hésite pas à mettre la main au feu pour faire de nouvelles créations au profit de ses sœurs, férues des bijoux. Fière de ce métier, très modeste et courageuse, Mme Djéfaga N’Deye Thiam, quotidiennement présente dans son atelier à Bagadadji, affiche un optimisme sur l’avenir de la bijouterie au Mali .

Originaire du Sénégal de père wolof, et de mère Malienne, elle est profondément animée des valeurs culturelles de tous ces deux pays, car née au Mali et grandie au Sénégal. Issue d’une grande famille reconnue de bijoutiers où tous les membres exercent ce métier, le destin lui a réservé un mari, aussi bijoutier. Qui vit de cet art en France.

« J’ai débuté ce métier depuis 1994 au Mali, sinon je le faisais depuis toute petite à Dakar » affirme-t-elle. Avant d’ajouter que c’est au près de son père à Dakar qu’elle a appris ce boulot de métal fondu dans du feu. C’est ainsi qu’après l’école son seul centre d’intérêt était l’atelier de son père. Finalement, l’amour pour les bijoux a eu raison d’elle, plutôt de sa passion pour les études. D’où sa décision d’abandonner les bancs au profit de l’atelier de son père, qui servait de deuxième famille pour tous ses autres frères et sœurs.

Au regard de l’enthousiasme qui anime Mme Djéfaga, on peut estimer qu’elle a acquis ce métier d’or sur un plateau d’argent. Loin s’en faut, car elle a traversé un long chemin avant d’en arriver là. « J’ai rencontré des difficultés au début car c’est un métier d’homme ce n’est pas facile, mais avec la passion du métier Dieu m’a aidé à avancer. Je travaille actuellement avec mes beaux frères et mes frères », a-t-elle témoigné avec fierté.

Après plus d’une vingtaine d’années dans ce métier, elle reste une doyenne bien connue dans le secteur de la bijouterie. C’est pourquoi, elle s’évertue à faire toujours de l’innovation pour répondre aux exigences du marché, mais aussi mettre ses travailleurs dans des conditions idoines, afin qu’ils ne tombent pas dans les tentations de vol ou de tricherie.
La touche féminine de la bijoutière !

Pour cela, au sein de l’atelier de Mme Djéfaga N’Deye Thiam, sont installées des machines, en plaque, en fil simple, et petit fil. Des outils de travail que de nombreux bijoutiers ne disposent pas. De ce fait, les produits fabriqués dans son atelier sont raffinés et laissent apparaitre la touche féminine de cette dame qui maitrise bien son métier.
Le visiteur, une fois à la vitrine de l’atelier de Mme Djéfaga est frappé par des bijoux en or ou en argent, soigneusement policés.

« Je fais des nouveaux modèles, comme ‘’le fil gram’’, le ‘’massif’’, ainsi que la recoloration et la refondation des bijoux qu’on appelle ‘’Tonomini’’ en bracelet et en chaîne qui sont des anciens modèles que les clients ont mis en vogue actuellement», nous a-t-elle signalé, avant de nous montrer certaines de ses propres créations. Des modèles affectionnés par de nombreuses femmes, aussi bien de la capitale que de l’extérieur. C’est pourquoi de nos jours, malgré la situation difficile du marché, Mme Djéfaga grâce à sa maitrise du métier arrive à tirer son épingle du jeu. « Dieu merci je ne me plains pas trop, grâce à la bijouterie, j’ai pu construire ma propre maison, et je m’occupe de certaines charges familiales, parce que pour moi l’homme seul ne peut pas prendre la totalité des charges familiales » martèle-t-elle. D’où ses conseils aux autres femmes de travailler de se battre dans la vie, d’entreprendre des métiers et de ne jamais croire qu’il y’a des métiers destinés aux seuls hommes. Et aux hommes de laisser la liberté à leurs épouses d’exercer le métier de leur choix.

« C’est mon mari qui m’a encouragé et soutenu beaucoup dans ce métier, c’est pourquoi je suis arrivée là où je suis actuellement » conclue-t-elle.
Fatoumata Fofana


Bintou Kasim Diallo: Une réparatrice de frigo à Niarélà

Agée de 23 ans, Bintou Kassim Diallo diplômée en BT2 d’électroménager (froid) travaille dans une entreprise appelée ‘’Installation frigorifique btp Sarl’’. Elle y fait ses armes depuis deux ans maintenant. Très courageuse et très motivée, Bintou se caractérise par son sérieux au travail.
Il est bien rare de voir chez nous les jeunes filles et les femmes, dans le domaine du froid. A savoir, la maintenance et la réparation des électroménagers, notamment les réfrigérateurs, congélateurs et climatiseurs. Pourtant, tel est bien le cas de Bintou Diallo. Qui, malgré son jeune âge s’est choisie comme domaine de prédilection, la réparation des frigos. Un défi qu’elle arrive à relever à la satisfaction de ses responsables de l’entreprise ‘’Installation frigorifique BTP SARL’’. Si beaucoup de personnes pensent que réparer un frigo ou un climatiseur est le seul apanage des hommes, ‘’Bintou’’ prouve le contraire aujourd’hui.
Pour Mlle Diallo, le métier n’a pas de sexe. Elle dit qu’elle aime ce métier depuis à bas âge, c’est pourquoi elle a porté son choix sur l’électroménager (froid), dès l’acquisition du DEF. « J’ai été encouragée par un tonton qui travaille dans le même domaine ».

Et après les études, elle a eu la chance de travailler dans une entreprise ou le courant passe bien entre les employés et l’employeur. « Dans notre entreprise, je n’ai pas de difficultés, tous mes collègues sont sympas, ils m’encouragent, me respectent et notre patron est très gentil » souligne-t-elle. Avant d’ajouter qu’il n’y a aucune discrimination basée sur le sexe et autres. Pourtant, avant de trouver du travail, se rappelle-t-elle, elle aurait fait un bon moment à la maison, à cause de sa féminité. « Chaque fois que je dépose mes dossiers dans une entreprise on me rejette soi disant que les femmes sont paresseuses, elles n’ont ni le courage, ni la force de faire ce métier. Mais cela ne m’a pas découragé, j’ai continuée jusqu’à ce que j’ai trouvée du stage dans l’installation frigorifique BTP SARL », a-t-elle raconté.
Aujourd’hui, Bintou Kassim Diallo, toujours belle dans sa blouse bleue, peut seule monter le moteur du frigo, mettre du gaz au frigo et faire l’entretient des climatiseurs.
Affirme-t-elle, pendant la saison chaude, les travailleurs dans le froid sont très débordés. « C’est même difficile de me voir à l’atelier. Chaque jour, c’est le chantier, surtout que beaucoup nos de clients sollicitent mon travail », indique-t-elle avec fierté.

Pour elle, ce travail est bénéfique et avantageux , car financièrement elle se dit , indépendante.
D’après elle tout ce qu’un homme peut faire comme métier, une femme est capable de le faire. Pour conclure, elle a demandé aux femmes d’être courageuses et déterminées. Que rien n’est facile, mais qu’avec le courage et la détermination on peut surmonter toutes les difficultés.
Fily Sissoko

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