Le marché de la Cola, communément appelé par ses usagers « Woro Courou »-ils cohabitent avec les vendeurs de cola-vient d’être victime de son deuxième incendie en un peu plus de deux ans. S’il n’y a pas eu, heureusement, de perte en vie humaine, les dégâts matériels sont, en revanche, considérables. Et les drames sociaux tout aussi immenses, car toutes les installations marchandes ont été réduites en cendres et ce sont des centaines de millions de FCFA qui sont partis en fumée et souvent toutes les économies d’une vie entière avec.
Le marché « Woro Courou » ou ce qu’il en reste, après l’incendie de la nuit du 5 au 6 mars, offrait un véritable spectacle de désolation, en ce jour du vendredi 7 mars avec des kiosques encore fumant. Malgré qu’il ait dévoré leur contenu, le feu boulimique et cynique se faisait encore voir comme pour narguer les hommes et tourner en dérision leur impuissance. Des amas de tôles calcinées, vestiges tragiques d’échoppes bien achalandées en habits, chaussures, sacs, jouets pour enfants, parfum…jonchent à perte de vue le sol de cette galerie qui offrait naguère à plus de 500 commerçants l’opportunité de faire de juteuses affaires à cause de sa position stratégique qui en avait fait une véritable fourmilière humaine.
C’est dans ce décor apocalyptique qu’une délégation conduite par Adam Moussa Guindo, Chef de la Cellule d’appui à l’aménagement et à la gestion des marchés et président de la Commission nationale de lutte contre les incendies dans les marchés, a effectué une visite de terrain, le 7 mars dernier, pour constater, de visu, l’ampleur des dégâts, faire l’état des lieux et chercher l’origine de l’incendie en vue d’en tirer les conséquences. Ces dégâts, a souligné M. Guindo, sont d’autant plus importants que les sapeurs-pompiers, venus pour l’intervention, n’ont pas pu circonscrire le sinistre à cause de l’engorgement des voies d’accès à l’incendie.
A l’issue de cette visite, le président de la Commission nationale de lutte contre les incendies dans les marchés a fait part de l’existence d’un plan de lutte contre l’incendie élaboré par sa Commission et qui sera incessamment soumis au gouvernement pour communication. Ce plan s’articule autour du désengorgement des voies d’accès à nos marchés, la lutte contre les branchements anarchiques, la mise en place d’une équipe technique de veille contre les feux et la souscription par les commerçants et les mairies de polices d’assurance.
Il sied de rappeler qu’en janvier 2012 le « Woro Courou » avait été victime d’un incendie similaire qui avait semé la désolation dans les rangs des petits commerçants de ce marché et qu’il y a un mois à peine le marché populaire de Médine a eu son lot de sinistre par le feu. Avec moins d’ampleur s’agissant des conséquences. Il est grand temps que les autorités compétentes prennent les mesures idoines pour exorciser le signe indien de ces feux à répétions qui ne finissent plus de consumer nos marchés et de plonger leur usagers dans le drame.
SOS pour les femmes du « Woro Courou »
Combien sont-elles ? Trois cents, quatre cents ? Ce qui est sûr c’est qu’elles sont nombreuses, les femmes du marché « Woro Courou ». A l’image de leurs collègues hommes, elles ont tout perdu dans l’incendie de ce marché de Bamako. A notre passage, elles n’avaient pas de mots assez forts pour crier leur détresse. Beaucoup d’entre elles vendaient de la friperie. A l’image de Mastan Sidibé qui a perdu des balles de soutien-gorge dans l’incendie. Une balle de soutien-gorge coûtant environ 200 000 FCFA, on imagine aisément son malheur. Mastan Sidibé dit vendre au marché « Woro Courou » depuis sa tendre enfance, autrement dit, depuis une vingtaine d’années. Maintenant, elle et ses compagnes d’infortune n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ne sachant plus à quel saint se vouer, elles ont besoin de secours aussi bien de la part de l’Etat que des âmes charitables.
D’autant que certaines d’entre elles sont veuves sans soutien avec, en plus, en charge des enfants mineurs. Et que toutes sont endettées auprès de Microcred, une institution de micro finance qui leur faisait des prêts jusque, souvent, à concurrence de 2 millions de FCFA, qu’elles remboursaient mensuellement. Elles réfutent la thèse du court-circuit suite aux branchements anarchiques en arguant que les sous-compteurs ont été branchés dans les règles de l’art. Et qu’elles prennent elles-mêmes en charge les salaires des dix gardiens qui y évoluent, soit 500 000 FCFA.