Les putschistes de l’ex-CNRDRE avaient une bien curieuse idée de leur mission après le coup d’Etat qui a renversé l’ancien président Amadou Toumani Touré. C’est ainsi que pour assouvir leur soif d’argent, ils n’ont pas hésité, dès leur forfait en mars 2012, à arnaquer les dirigeants de certains services publics au prétexte qu’il fallait venir en » appui à l’effort de guerre « . Le Haut Conseil National de Lutte contre le Sida, qui a été leur victime à hauteur de 30 millions FCFA, réclame aujourd’hui cette somme auprès du Trésor public. En effet, cette manne est nécessaire dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH-SIDA parmi lesquelles on continue d’enregistrer quelque onze décès par jour.
Si l’Etat malien devait rembourser toutes les » dépenses » engagées par l’ex-homme fort du Mali et ses hommes, il ne s’en relèverait, certainement, pas. Venus au pouvoir avec, selon eux, l’idée (ô combien généreuse et noble) de » redresser la démocratie et restaurer l’Etat « , ils ont vite pris goût à l’argent avec ses inséparables quatre V : voitures, villas, vergers et virements. Dans leur course effrénée à l’argent facile, des rumeurs les concernant circulent depuis leur arrivée au pouvoir à Bamako. De petites opérations de quelques millions FCFA jusqu’à cette histoire d’or, qu’il fallait planquer à l’extérieur du Mali. Des directeurs de banque aux patrons de sociétés privées, tous se bousculaient dans l’obscurité des nuits katoises devant les portails du Général Amadou Haya Sanogo.
Tout juste après le coup d’Etat, plusieurs hauts responsables de services publics et personnalités du monde des affaires ont été, en quelque sorte, contraints d’aller arroser d’argent l’ancien chef de la junte afin d’éviter d’éventuelles représailles. C’est ainsi que certains riches avaient, d’ailleurs, dû opter pour l’étranger car ne pouvant satisfaire les innombrables requêtes d’ordre matériel et financier des nouveaux détenteurs du pouvoir d’Etat.
Le fait que le Général-capitaine ait eu à tenir lui-même, devant les écrans de la télévision nationale, des propos du genre « j’ai instruit à mon directeur des Douanes « atteste, s’il en était encore besoin, de la grande confusion qui régnait dans sa tête ; enclin qu’il était à confondre l’argent public avec son propre portefeuille.
N’est-ce pas, d’ailleurs, dans un souci d’enrichissement illicite rapide qu’on a vu l’ex-junte ouvrir plusieurs chantiers de travaux publics(dont la construction de murs de clôture d’écoles et autres infrastructures) à Kati et ailleurs dans le District de Bamako. Tout cela au moment où le président de la République par intérim sollicitait la magnanimité de ses concitoyens pour » appuyer l’armée nationale « qui manquait alors du minimum de moyens logistiques pour transporter nos troupes au nord. C’est dire qu’au moment où les membres de l’ex-junte et leurs proches faisaient la java à Bamako, accoudés aux portières de rutilants véhicules 4×4 volés à l’Etat, nos braves soldats étaient obligés d’emprunter des véhicules de particuliers (commerçants et…trafiquants) à Gao et Tombouctou pour mener leurs traditionnelles patrouilles dans le but de sécuriser ces deux villes.
Dans ces conditions qui pourrait s’étonner que ces gens aient pris la coquette somme de 30 millions FCFA dans les caisses du Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (HCNLS) destinés, comme le nom de la structure l’indique,à la lutte contre ce fléau.
En effet, tout juste après le coup d’Etat du 22 mars 2012, c’est le Général-capitaine Amadou Haya Sanogo qui envoya, selon des sources concordantes, un émissaire pour demander la rondelette somme de 30 millions FCFA auprès du Secrétariat Exécutif du HCNLS. Face à des hommes armés et ne pouvant opposer aucun argument à cette requête bizarre, les responsables de la structure demandèrent que l’ex-chef de l’ex-junte communique le numéro d’un compte bancaire dans lequel ils allaient procéder au virement de la somme demandée. Quelques heures après, l’émissaire du Général-capitaine Sanogo revint avec le numéro de son propre compte bancaire…sur lequel le HCNLS a effectué l’opération. Selon le relevé bancaire, l’émissaire procédera dans les mêmes minutes au retrait de la totalité du montant qu’il alla, toujours selon des sources concordantes, remettre au chef de l’ex-CNRDRE.
A quoi ont servi ces sous ? C’est la question que les enquêteurs se posent avant d’envisager tout remboursement. Le Général-capitaine devra répondre de l’utilisation de cette manne devant les responsables chargés de la liquidation du dernier organe qu’il a présidé, à savoir le Comité de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (ex-CSRFDS).Cela dans la mesure où dans une correspondance datant du 13 décembre 2013, le HCNLS a saisi les autorités dans le but d’être remboursé.
Celles-ci vont-elles s’exécuter dans un pays où, selon le président de la République lui-même, les » caisses sont vides « . En tout cas, les malades du Sida ne méritaient pas un tel sort. Quand on sait surtout que chaque jour ce sont onze décès qui sont enregistrés dans la population des personnes vivant avec le VIH-Sida. Des personnes qui connaissent parfois des ruptures de médicaments suite notamment à la suspension des subventions du Fonds Mondial au HCNLS et cela depuis plusieurs années déjà.