La Commune Rurale de Koundian fait partie des 13 Communes du Cercle de Bafoulabé. Elle est la Commune la plus défavorisée, diminue et enclavée du Mali. L’Etat est absent en termes d’infrastructures voire inexistant. Souvent les habitants de cette Commune se demandent s’ils font partie du Mali.
Car la réalisation de certains édifices de l’Etat marque l’appartenance d’une communauté à une nation. Certains Habitants de cette localité ne suivent même pas l’actualité du Mali. Soucieux de la précarité de la population de cette zone, le maire nous a accordé une interview le dimanche dernier à son domicile. Il parle sans détour des problèmes auxquels il fait face. Lisez !
Le Progrès : Qui êtes-vous ?
El Hadj Tambadou Dabo : Je m’appelle El Hadj Tambadou Dabo, maire de la Commune rurale de Koundian, Cercle de Bafoulabé, région de Kayes.
Le Progrès : Quelle est la situation géographique de votre Commune?
El Hadj Tambadou Dabo: Ma Commune est située à l’extrême Sud du Cercle de Bafoulabé. Elle est limitée à l’est par la Commune de Bamafélé, à l’ouest par la Commune de Kassaman, Cercle de Kéniéba et Gounfan, au nord par la Commune de Dionkéli et Mahina et au sud par la Commune de Kouroukoto.
Le Progrès : Etes-vous candidat à votre propre succession?
El Hadj Tambadou Dabo : Ma candidature aux élections prochaines est sans nul doute réelle. Parce que mon premier mandat qui s’achève d’ailleurs plaide largement à sa faveur. Aussi, je n’ai pas demandé à être maire. C’est la population qui a vu ce que j’ai fait dans la Commune avant l’avènement de la politique et pendant la politique. Elle m’a demandé de me présenter, m’occuper du canton de mes grands parents. Je fais partie de la famille fondatrice du Canton de Bambouk. Encore cette année, si ce même peuple a sollicité ma candidature et je me suis plié à leur demande. Comme toujours, je suis prêt à répondre à leur appel.
Le Progrès : Nous avons constaté qu’il y a eu beaucoup de réalisations chez vous. Pouvez-vous nous parler un peu de votre bilan ?
El Hadj Tambadou Dabo : Merci beaucoup pour cette question! Dans ma Commune, quand je venais aux affaires, il n’y avait pas de Centre de santé communautaire. Pourquoi je dis parce que l’Etat avait construit un centre de santé communautaire (CSCOM) mais qui n’était pas approvisionné. Le stock initial du CSCOM a été dilapidé par la première équipe et le premier comité de gestion. Quand je prenais en main les affaires, c’était un bâtiment vide. Il n’y avait même pas 50.000 FCFA de nivaquine et d’aspirine.
Dès mon arrivée à la tête de cette Commune, mes premières actions ont été accentuées sur la gestion dudit centre, de redynamiser ce CSCOM et développer le secteur sanitaire du CSCOM existant dans le chef lieu de la Commune Koundian. J’ai demandé à l’ancienne équipe de me faire leur bilan de ce qui s’est passé parce que dilapider 1.140.000FCFA de stock initial à moins de deux ans était inadmissible. Après interrogatoires et investigations, je n’ai trouvé aucune, aucune pièce justificative. J’ai saisi les autorités compétentes pour que les coupables soient sanctionnés en payant le montant intégral. Ce qui a été fait.
Dès lors, le CSCOM a été relancé et marche cinq sur cinq aujourd’hui. En dehors de ce CSCOM, j’ai eu l’avantage de trouver un financement ANICT pour le CSCOM de Lafandi. Ma Commune est divisée en quatre aires de santé qui sont entre autres : aire de Santé de Koundian qui abrite le premier bâtiment du CSCOM, aire de santé de Lafandi, aire de Nanifara et aire de santé de Kama Galamandji. Le centre de santé de Lafandi a été entièrement financé et équipé par l’ANICT à travers l’Etat malien. Ce centre de santé fonctionne normalement. J’ai eu l’avantage aussi, par le biais d’un partenaire privé, en la personne de Philips, Coordinateur de l’ONG African Mali. Ce partenariat m’a aidé à construire deux centres de santé communautaires gratuitement dans l’aire de santé de Nanifara un CSCOM a été construit à Madina Kouta et celle de Kama Galamandji.
Le CSCOM de Madina Kouta est parmi les meilleurs CSCOM de mon Cercle, Bafoulabé, voire même le Cercle de Kéniéba. Avec les relations, je me suis battu pour avoir un second cycle à Nanifara. Un des gros villages qui a abrité l’école depuis 1955. Donc avant ma naissance. J’ai pu avoir un second cycle à Nanifara depuis 1955 jusqu’en 2012 ç’ a été lancé. Il y a beaucoup de petits projets que j’ai pu faire par le biais aussi des Nations-Unies à travers Mme Aida Mbo Keita, Conseillère au PNUD et non moins l’épouse de Nancouman Keita. Dans ma Commune, il y a un village qui s’appelle Magadougou.
Dans ce village, M. Nancouman Keita a construit un château d’eau pour la population. Dès lors, le problème d’eau dans ce village est un mauvais souvenir. Sinon auparavant, la population et les animaux sauvages buvaient dans un même marigot. Grâce à M. Nancouman Keita, ce rêve a été réalisé pour le bonheur des paisibles populations. Je profite de cet entretien pour remercier vivement le ministre Nancouman Kéïta pour cette action noble. Sa femme aussi pour avoir emboîté ses pas en dotant ce village de maraichage dont j’ai eu ce projet. Une banque de céréale dans le même secteur. Aussi, ces remerciements vont à l’ensemble de nos partenaires.
J’ai bénéficié d’une plateforme dans l’aire de santé de Kama Galamandji grâce à Mme Keita Aida Mbo. A Foré, mon village natal, j’ai eu un financement pour la formation des femmes villageoises pour la transformation des produits forestiers parce que ma Commune a une réserve de sphère du Bafing dans ‘’la forêt classée du Bafing’’. Dans cette forêt classée, il y a le reste des individus de Chimpanzés de l’Afrique de l’Ouest, donc c’est une aire protégée, une forêt classée très riche en animaux. Les femmes ont été formées et font des jus et des savons. D’autres villages ont eu des financements sur l’élevage des petits ruminants. On attend l’exécution de tout çà là pour démarrer. Je crois que sous peu, avant même les élections, tout ira bien.
Le Progrès : Quel commentaire faites –vous de la prolongation du mandat des maires ?
El Hadj Tambadou Dabo : C’est très bien ! Les spécialistes ont analysé bien et ont vu qu’en organisant les élections communales à la date indiquée, ç‘allait être une élection partielle parce que c’est l’élection la plus spécifique. En un mot, une élection de proximité. Il faut que tout le monde participe à cette fête électorale. Donc, le retour des réfugiés est nécessaire pour la bonne organisation de cette élection. En faisant à ce moment de crise, nos parents du nord ne participeront pas. J’adhère totalement à leur décision pourvu que tout soit prêt à la date indiquée.
Le Progrès : Nous avons beaucoup de compatriotes à l’extérieur quel message avez –vous à leur endroit ?
El Hadj Tambadou Dabo : Je demande à nos compatriotes de venir nous aider. Moi, je suis dans une zone où il n’y a pas trop d’expatriés mais le concours de quelques uns qui sont là-bas est utile et nécessaire pour la construction du Mali en général et de ma Commune en particulier. La Commune ne peut pas être construite seulement par les habitants de cette Commune, par nous qui sommes à Bamako et ceux qui sont à l’extérieur du pays. Il faut le concours de tout un chacun pour le développement de ce pays qui revient d’une profonde crise. On doit se mettre tous au travail pour aider cette Commune.
Ma Commune est l’une des Communes les plus enclavées du Mali. Elle est à cinquante kilomètres de Manantali à vol d’oiseaux même capter la chaîne nationale qui est l’ORTM. Je n’ai pas à plein temps les images de la télévision du Mali! Les propriétaires des téléphonies mobiles j’ai tellement fait de gymnastiques pour avoir les antennes Malitel et Orange-Mali. Sans être spécialiste, quand j’ai rencontré les responsables de ces deux sociétés téléphoniques, ils m’ont parlé de site des antennes car le chef lieu de la Commune Koundian étant dans un bas fond.
J’ai demandé à ces techniciens de mettre des antennes Malitel et Orange-Mali dans ce bas fond sinon c’est seulement le village de Koundian qui va bénéficier et pas les autres. Mon village natal est à 4 km de l’antenne Malitel mais le village n’est pas couvert. Il n’est ni couvert par Malitel, ni par Orange-Mali. J’ai eu des discussions chaudes avec les gens.
J’ai dit si les antennes vont pour la Commune ne les mettez pas dans le bas fond mais si elles vont pour le développement du village de Koundian, vous pouvez les mettre. Comme ce sont des sociétés privées, certains m’ont répondu qu’ils n’entreront dans ce jeu politique et qu’ils travailler comme bon leur semble. Ma Commune est plutôt couverte par les antennes des autres Communes que par les antennes de ma Commune.
La Commune rurale de Koundian est défavorisée et fait partie des plus anciens cantons du Mali. Dans l’histoire de l’Or du Bambouk mais c’est la dernière Commune enclavée pendant l’hivernage, le seul village accessible est Koundian chef lieu de la Commune. A 50 km seulement, on met 2 heures de temps pour y arriver. Après Koundian, les autres villages n’ont même pas souvent de bicyclettes pour passer. On est enclavé, défavorisé et diminue de tout.
Le Progrès : Votre mot de la fin
El Hadj Tambadou Dabo : Mon dernier mot, c’est une adresse à l’endroit des autorités maliennes pour jeter un regard sur notre Commune maintenant. C’est un SOS que je lance. Nous n’avons ni or, ni diamant mais notre or, notre diamant c’est notre forêt classée. Si les autorités arrivent à nous aider à développer cette forêt classée, en désenclavant ladite forêt, ça permettra à ma population de l’exploiter et çà me fera énormément plaisir. Pour orphelins que nous sommes, qu’on ait un sponsor.
Nous n’avons pas de sponsor. Notre sponsor c’est le bon Dieu et je demande au Président de la République et à son équipe gouvernementale d’être notre sponsor. Le Président de la République, Son excellence El Hadj Ibrahim Boubacar Keita, Chef de l’Etat, me connaît personnellement, il sait qui je suis et ce que je peux faire.
Propos recueillis par KHAMANRO