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Tournée intérieure du Président : Pourquoi Mopti et non Kidal
Publié le lundi 17 mars 2014  |  Le Prétoire




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C’est de toutes ses forces qu’il clamait sur tous les toits du monde que Kidal n’est pas une exception et qu’il fait partie du Mali. Pour sa première sortie à l’intérieur, il rate le coach et l’occasion de réaffirmer la souveraineté du Mali sur Kidal, histoire de joindre l’acte à la parole et couper court à toutes les rumeurs. Mais non, c’est Mopti qui fut choisi.

Avant même la campagne de l’élection présidentielle, le candidat Ibrahim Boubacar Kéita déclarait que tant que Kidal ne revenait pas dans la souveraineté nationale, il ne se présentera pas au scrutin présidentiel. En juillet 2013, date du premier tour de la consultation électorale, Kidal n’était toujours pas libérée de l’occupation du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), et IBK était toujours dans la course à la présidentielle. Il était même arrivé en tête. Au cours de la campagne pour le deuxième tour, il avait fait de la libération de Kidal son slogan favori, une «question d’honneur», au point de devenir tout naturellement le président prêt-à-porter du pays.

Plébiscité et intronisé en grandes pompes, son discours n’a pas varié, même lors de ses incessants voyages dans les quatre coins du monde.

Et pourtant….

A ce jour, Kidal est toujours entre les mains des rebelles, des jihadistes et des terroristes, lesquels, chaque jour, défient les forces armées et de sécurité maliennes, les armées onusiennes et les forces françaises. Il n’est un secret pour personne que la ville de Kidal est partagée en deux zones distinctes : l’Azawad contrôlé par le Mnla qui y conduit les patrouilles et règne en maitre, la zone Minusma où se baladent forces françaises et casques bleus. Nulle part à Kidal, n’existe une zone Mali. C’est sans doute la raison pour laquelle le président IBK, pour qui la libération de Kidal est un préalable à tout, n’a pas choisi cette ville pour sa première tournée intérieure. Malgré toutes ses assurances comme quoi le Mali est un et indivisible, IBK a-t-il enfin compris que le Mali a perdu le nord ?

En refusant d’aller dans l’Adrar des Ifoghas, aurait-il peur pour sa sécurité malgré la présence de ses maitres français qui lui dictent la conduite à tenir et qui lui auraient dit être incapables de le protéger contre les réfractaires du Mnla, du Mouvement arabe de l’Azawad et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad? Dans tous les cas, IBK vient de prouver que même si son parti a permis à des terroristes rebelles de siéger à nouveau à l’Assemblée nationale, sa confiance en eux n’est pas totale.

Le président de la République semble ne faire confiance ni à ses amis du Mnla, ni à la Minusma, ni aux forces françaises, encore moins à l’armée malienne. C’est sans doute la raison pour laquelle il n’a pas choisi non plus Tombouctou, où l’Unesco est en train de se démener pour restaurer des mausolées, ou Gao, où les populations sont prêtes à marcher sur Bamako en signe de protestation contre la situation de Kidal. Mais plus que cette crainte d’aller dans le nord, les populations du septentrion se demandent aujourd’hui si leurs régions sont vraiment une priorité pour le président qu’ils ont élu parce qu’il avait promis un retour rapide à la sécurité, la paix et le développement. Le prêt-à-porter qu’ils ont acquis semble être sorti tout droit des ballots d’un fripier, voire d’un chiffonnier.

Calcul politique et sécurité

Mais fin calculateur politique, le chef de l’Etat a sans doute prévu qu’on se demandera pourquoi il n’a pas osé aller dans le nord. C’est pourquoi il a choisi le centre, la zone tampon entre sa somptueuse résidence et l’ancien Azawad. Cependant, à Mopti également IBK aura droit à ces questions : pourquoi la cinquième région ? Y est-il pour expliquer aux parents et amis d’ATT pourquoi il a dû se résoudre à mobiliser l’Assemblée nationale pour poursuivre et juger le général déchu ? Y est-il pour essayer, en vue des prochaines municipales, pour conquérir une région dans laquelle lui-même et son parti ont été battus par Soumaïla Cissé et l’Urd lors des dernières élections ? Toujours est-il qu’IBK sera pris à partie par les notabilités de cette région.

Au cours de cette tournée, le chef de l’Etat parlera sans cesse de dialogue et de réconciliation, termes à la mode et pour lesquels il a créé un ministère aussi inutile que factice. Mais pour se faire entendre, il serait mieux inspiré de s’adresser directement aux acteurs concernés, et ce n’est sans doute pas dans «la Venise» malienne qu’il va rencontrer les protagonistes du nord pas plus qu’il n’a pas pu les rencontrer tous à Bamako, lors des ateliers de la communauté internationale. A moins qu’il ne croit que Mopti est le terrain neutre que réclament les indépendantistes du Mnla, ce qui est fort possible vu que ce chef de l’Etat n’a pas une connaissance accrue du sens de la souveraineté nationale.

Inauguration à la ronde

Ce sont plusieurs infrastructures que le président IBK doit inaugurer dans la Venise malienne et dans certains cercles de la région. Sur les trois jours, il inaugurera à Sévaré une stèle en la mémoire des soldats tombés au front. Ensuite l’Hôpital Sominé Dolo. A Bandiagara, il inaugurera un lycée construit par un opérateur économique malien. Bankass et Koro vont avoir droit à des centrales électriques hybrides et des visites chez les notabilités. Voilà en quoi consistera la visite de trois jours de son excellence IBK.

Cheick TANDINA

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