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L’Indépendant N° 3460 du 17/3/2014

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Des avocats réclament à l’Etat le paiement de marchés suspects passés gré à gré par l’ex-junte putschiste : – 981 millions FCFA en hydrocarbure avec AFRIQUE OIL – 344 millions FCFA en carburant avec DIA-NEGOCE – 78 millions FCFA avec Dabo entreprise (BTP)
Publié le lundi 17 mars 2014  |  L’Indépendant




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Ce sont là trois grandes sociétés de la place, les deux premières spécialisées dans les hydrocarbures et la troisième dans le BTP, qui ont eu de juteux marchés avec l’ex-junte dirigée à l’époque par le capitaine-général Amadou Haya Sanogo.

Après l’incarcération de ce dernier et la liquidation du Comité de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (CSRFDS) qu’il présidait, ces fournisseurs se sont retournés vers l’Etat afin qu’ils soient mis dans leurs droits à travers l’organe mis en place par les nouvelles autorités pour procéder à la liquidation des biens de cette structure. Un règlement d’impayés qui devra, certainement, intervenir après vérification des livraisons et des travaux réellement effectués par ces sociétés.

Après avoir extorqué 30 millions FCFA à l’organe chargé de la lutte contre le SIDA dans notre pays, à savoir le HCNLS pour des besoins qu’ils sont les seuls à connaître, les membres de l’ex-junte avaient aussi noué de bonnes relations d’affaires avec des milieux du secteur privé pour diverses prestations dans différents domaines.

Tout le monde se rappelle, en effet, que dans le domaine des hydrocarbures, certaines sociétés ont, dès après le coup d’Etat du 22 mars 2012, ouvert leurs stations d’essence aux ex-putschistes qui en usaient et en abusaient allègrement. Pour approvisionner les seuls véhicules chargés de l’escorte du capitaine-général Amadou Haya Sanogo ou assurer les nombreux déplacements à caractère privé notamment des chefs militaires et civils de son entourage, il fallait plusieurs tonnes de carburant. Et le chef putschiste n’avait cure de ce que cela pouvait coûter au trésor public.

Aussi, contrairement aux règles des marchés publics, l’ex-junte a-t-elle passé plusieurs contrats gré à gré avec des sociétés de la place pour notamment la fourniture d’hydrocarbures ou, officiellement, la construction…de murs de clôture de divers sites. Si, dans le cadre de ces marchés signés en bonne et due forme entre lesdites entreprises et les organes que le chef de l’ex-junte a eu à diriger, plusieurs milliards FCFA ont été payés aux fournisseurs, il reste des arriérés considérables, dont le règlement est aujourd’hui réclamé par les avocats de ces entreprises. C’est le cas de deux sociétés qui ont livré du carburant à hauteur de 981 millions FCFA pour AFRIQUE OIL qui a maintenant changé de nom, et de quelque 344 millions FCFA pour DIA-NEGOCE. Quant à l’entreprise de BTP DABO ENTREPRISE elle s’est présentée devant la représentation de l’Etat chargée de la liquidation de l’ex-CSRFDS, avec une facture impayée de 78 millions FCFA afin d’être mise dans ses droits. Quoi de plus normal dans un Etat de droit où l’administration est une continuité.

Seulement quelle est la moralité de ces contrats ? Les prestations demandées ont-elles été réellement rendues ? Ou bien y a-t-il eu surfacturation ? Voilà des questions que le citoyen lambda est en droit de se poser de même que l’Etat sur lequel incombe la responsabilité d’éponger ces ardoises.

Quand on sait, par exemple, que certains membres de l’ex-junte ont construit ou acheté plusieurs villas qu’ils ont par la suite transformées à leur guise, il y a des questions que l’on doit se poser. Avec quel argent tout cela a-t-il été possible ? Les clauses des contrats ont-elles réellement été respectées ? Où, à qui et pour quel objet le carburant a-t-il été livré ? Qui a réceptionné les travaux de construction ?…

C’est ce que nous allons essayer de savoir auprès des avocats et des structures impliqués. En tout cas, d’après des informations reçues auprès de l’une des sociétés, toutes les livraisons de carburant de celles-ci ont été faites exclusivement à Bamako. Aucun litre n’a été livré au nord du pays par cette entreprise. C’est dire que tous ces milliers d’hectolitres ont été consommés entre Kati, siège de l’ex-junte et Bamako apparemment pour satisfaire des besoins privés et non ceux de l’Etat.

S’agissant des 78 millions FCFA supposés être engloutis dans la construction de murs de clôture d’une école, des enquêtes seraient en cours pour évaluer lesdits travaux et les rapprocher du montant réclamé par l’entreprise. Cela afin d’éviter que l’Etat n’aille payer de gros montants sur la base de contrats suspects de marchés passés gré à gré, contrairement au Code des Marchés Publics et des Délégations de service public, que les militaires ont allégrement foulé au pied. Avec de tels agissements, on comprend aisément pourquoi le président IBK est venu trouver les caisses de l’Etat vides.
Nous y reviendrons.

Mamadou FOFANA

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