Arrivé aux commandes du football national le 12 juillet 2009, le Comité Exécutif de la Fédération malienne de Football (Femafoot) dirigé par Hammadoun Kolado Cissé est déjà dans la mouvance de sa propre succession. Le compte à rebours a commencé le 13 juillet dernier. Mais bien avant, le président Cissé et son équipe multiplient les actes de leur maintien au pouvoir.
C’est l’Assemblée Générale Ordinaire élective des 11 et 12 juillet 2009 à Tombouctou qui a consacré Hammadoun Kolado Cissé à la présidence du Comité Exécutif de la Femafoot pour un mandat de 4 ans. L’on se souvient des grandes péripéties émaillant les assises de la Ville Sainte de Tombouctou pour la succession du président Salif Kéita «Domingo». L’élection du bureau de Hammadou Kolado Cissé s’est faite dans la douleur avec le retrait de la candidature de Moussa Konaté et la non acceptation des hommes du candidat Boubacar Diarra. L’on se rappelle également qu’au moment où le nouveau président, Hammadoun Kolado Cissé recevait les messages de félicitations de la Caf et de la Fifa, le candidat Moussa Konaté saisissait l’instance internationale de Football aux fins d’annulation du bureau issu des assises de Tombouctou. C’est dans cette ambiance délétère que le président Cissé et son équipe entament leur mandat avec comme principal objectif : la réconciliation autour du football national. Tout allait bien jusqu’à l’Assemblée Générale Extraordinaire de mai 2011 relative à l’harmonisation des textes à la demande de la Fifa. En fait, le torchon brûlait entre le président et certains membres de son bureau. Heureusement, les violons ont été accordés et le Comité Exécutif a été élargi. Pour combien de temps ?
Et le clash arriva !
Le scénario de l’AG extraordinaire de mai 2011 n’était qu’un arrangement de façade. Hélas, six (06) mois plus tard, lors de l’Assemblée Générale Ordinaire (11-12 novembre 2011), le président Cissé exécute son plan. De la validation de l’élection des Ligues de Bamako et Kayes, au remembrement injustifié du Comité Exécutif en passant par l’augmentation des clubs de Ligue 1, le droit a été piétiné au fait majoritaire…
L’occasion était ainsi bonne pour le président Cissé de se débarrasser de six (06) membres gênants qui étaient parmi ses meilleurs alliés pour l’arrivée au pouvoir en juillet 2009 à Tombouctou. Ce sont : le 1er vice-président Boukary Sidibé «Kolon» (Président du Stade malien de Bamako), le président de la Commission Centrale Fustsal et du Beach Soccer, Sékou Maciré Sylla (Président des Onze Créateurs de Niaréla), le président de la Commission Centrale du Football Amateur, Sékou Diogo Kéita (Président CLS Commune IV), le président de la Commission Centrale des Jeunes, Ahmadou Nimaga «Hamala » (Président de l’ASB), le président de la Commission Centrale du Football Féminin, Gouro Cissé (ancien président de la Ligue de Mopti) et le président de la Commission Centrale Ethique et Fair-play, Me Thierno Ousmane Diallo (Djoliba AC). «Ceux-ci n’avaient plus sa confiance», selon lui.
Pour les remplacer, le président Cissé sous forme de cooptation ou de nomination puise dans le réservoir des «Ennemis jurés» d’hier dont Moussa Konaté (candidat à la présidence de la Femafoot en 2009). Moussa Konaté cumule les postes de 1er vice-président et président de la Commission Centrale du Football Professionnel. Les autres mousquetaires sont : Idrissa Sissoko (Djoliba AC), Makan Kéita (Président de l’ASKO) et Salaha Baby (Président de la Ligue de Tombouctou). On note également l’entrée du Président de la Ligue de Kayes, Mahamadou Cissé (dont l’élection venait d’être validée par l’Assemblée générale) et Mamoutou Touré «Bavieux» de l’AS Réal (un allié de la première heure du président Cissé). Quant à Mohamed Kéita (2e vice-président du Djoliba AC et allié du candidat Boubacar Diarra), il occupe le poste de président de la Commission Centrale des Médias en lieu et place d’Alassane Souleymane, démissionnaire, le 11 octobre 2011.
Profitant de la situation favorable, le président Cissé élargit son empire avec la création d’une Commission électorale. De gros électeurs y sont membres : Abéta Ag Seydou (Président de la ligue de Kidal et allié du candidat Boubacar Diarra en 2009), Gaoussou N’Pa Sylla (Président du CS Duguwolofila et allié du candidat Moussa Konaté en 2009), Banou Makadji (Président de la ligue de Koulikoro).
En fait, presque toutes les ligues régionales sont introduites dans le Comité exécutif de la Fémafoot à l’exception de Sikasso et Mopti.
Le nouveau deal pour une nouvelle formule de gestion du football pouvait commencer.
Après la Can 2012 découlant de la médaille de bronze des Aigles du Mali, tout est rose pour le bureau fédéral. L’horizon 2013 pour l’Assemblée Générale 2013 est désormais en ligne de mire.
De l’argent pour la précampagne
Le mandat du Comité Exécutif dirigé par le président Hammadoun Kolado Cissé prend fin le 12 juillet 2013. En amont, la précampagne. La manne financière des droits de télévision de la CAN 2012 est tombée à la Femafoot : environ 500 millions F CFA. Une aubaine pour le président Cissé de séduire la crème de l’électorat de l’Assemblée Générale. Les 16 clubs de la Ligue 1 Orange et les 9 Ligues régionales sont arrosés : 3 millions F CFA par club (soit 48 millions) et par Ligues régionales (soit 27 millions).
Le dernier coup de grâce
Le Comité Exécutif de la Femafoot, pour des raisons diverses, a procédé lors de sa réunion ordinaire du 04 juillet 2012, à un réaménagement du bureau. Ainsi le président de la Ligue de Bamako, Boubacar Monzon Traoré (principal allié du président Cissé après son élection) entre au poste de deuxième vice-président occupé jusqu’alors par Mady Boubou Kamissoko (Président de l’Usfas et directeur de campagne du président Hammadoun Kolado Cissé en 2009). Quant à Abdou Maïga (vice-président de la Ligue de Gao), il occupe le poste de Président de la Commission Centrale de Futsal et Beach Soccer en lieu et place de Mamoutou Touré «Bavieux».
Mme Diarra Mariame Soumaré s’est vue confier le poste de Président de la Commission Centrale du Statut du joueur. Djibril Kané, titulaire dudit poste, passe à la Commission Centrale des Questions Juridiques en remplacement de Hamèye Founé Mahalmadane appelé à des fonctions ministérielles.
Avec un Comité Exécutif composé de membres élus et de membres nommés, le président Cissé semble avoir balisé le terrain pour sa propre succession. Les millions gracieusement distribués aux Ligues régionales et aux clubs de Ligue 1 auront-ils leur pesant d’or lors de l’élection générale élective de juillet 2013 ? Son bilan sportif assez flatteur (3e place des Aigles à la CAN 2012, qualification du Stade malien et du Djoliba en coupe CAF 2011-2012, le Trophée CAF 2009 du Stade malien) peut-il le sauver ?
Rien n’est moins sûr, quand on sait que le président Cissé s’est fait beaucoup d’ennemis, causé beaucoup de frustrations à travers des violations des textes. Que dire de la gestion très approximative de la fin du contrat du sélectionneur Alain Giresse. On n’oublie pas la dissolution de la Commission Recours en novembre 2011, l’augmentation des clubs de ligue 1 de 14 à 16 pour faire plaisir au Nianan de Koulikoro et au Stade malien de Sikasso.
Dans tous les cas le compte à rebours pour sa succession est bel est bien enclenché. Avec en ligne de mire, les éliminatoires de la CAN 2013 et du Mondial 2014. Deux gros défis qui attendent notre football.