Si rien n’a filtré jusque là de la mission que le président du Haut conseil islamique a conduite à Gao pour rencontrer le salafiste, Iyad Ag Ghaly, même si l’on dit au passage que les deux personnes se connaissent depuis très longtemps, Il y a fort à parier que la bonne initiative de Mahmoud Dicko n’ait pas de répondant auprès de ces hommes sans foi, ni loi. Qui ne sont d’aucune religion à proprement parler et qui prônent la charia et terrorisent les populations.
Le président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko, était le weekend dernier en déplacement dans le nord du pays, précisément dans la ville de Gao pour rencontrer l’un des leaders salafistes, le renégat Iyad Ag Ghaly, figure emblématique de la rébellion de 1990.
La ville de Gao où a débarqué Mahmoud Dicko est occupée depuis le mois de juin dernier par les islamistes radicaux du mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao). Outre le Mujao qui y règne en maitre absolu depuis que le MNLA a été défait, on y rencontre des combattants du Boko haram nigérian et des djihadistes venus de plusieurs pays de la sous-région et des pays comme le Pakistan, la Tunisie, la Libye et l’Algérie. A quelques centaines de kilomètres de Gao et précisément à Tombouctou, c’est Ansar Eddine qui contrôle la ville. Sans oublier que la ville de Kidal d’où est originaire Iyad Ag Ghaly est aussi contrôlée par le même mouvement.
Les mouvements Ansar Eddine et Mujao sont tous les deux les bras armés d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) et disent vouloir appliquer la charia sur toute l’étendue du territoire national.
C’est dans cette jungle aux fauves que le président du haut conseil islamique était intervenu au cours du weekend pour jouer les sapeurs pompiers entre les bandits armés et le Gouvernement malien. L’initiative de l’imam Mahmoud Dicko est en soi salutaire mais peut difficilement déboucher sur un résultat. Cela pour diverses raisons.
En effet, les choses ne seront pas si simples qu’on peut l’espérer. En citant un islamologue tunisien « l’influence du wahhabisme est à l’œuvre chez Ansar Eddine [défenseur de l'islam, NDLR] au Mali. Depuis ses débuts, au XVIIIe siècle, le wahhabisme a toujours lutté contre la vénération des saints. C’est pour ça qu’en Arabie Saoudite on a détruit tous les mausolées qui existaient, même ceux des compagnons du Prophète… Donc c’est vraiment l’islam bédouin, l’islam très rigoriste, qui explique cette attitude destructrice. Ce qui est sûr, c’est qu’Ansar Eddine est sous influence directe du wahhabisme, il n’y a pas d’autres sectes en islam qui ont la même attitude vis-à-vis de la vénération des saints et du maraboutisme« . Ce qui explique le soutien manifeste des pays du Golf notamment le Qatar et l’Arabie Saoudite aux mouvements islamistes sévissant au nord du Mali. Il sera extrêmement difficile pour ces fous de Dieu du nord de se passer des pétrodollars du Golf. Mahmoud Dicko aura du mal à convaincre ses interlocuteurs de se défaire de leur doctrine.
L’autre considération et pas des moindres et sur laquelle beaucoup d’observateurs se fondent est de savoir que veulent réellement ces islamistes ? Ils sont pour la plupart des narcotrafiquants versés dans la cocaïne, le tabac ou tout autre stupéfiant. Ils sont aussi spécialisés dans les prises d’otage et les enlèvements d’occidentaux dont les rançons versées constituent une bonne partie de leur butin de propagande. Au nord du Mali, les vrais maitres des lieux sont les émirs d’AQMI. C’est eux qui tirent les ficelles. Donc difficile pour Mahmoud Dicko d’avoir une oreille attentive auprès de ces bandits armés, des gens sans foi, ni loi.
