Le témoignage fait par le Commissaire de police à la retraite Almahamoud Sidibé, est assez poignant et provoque la chair de poule chez tout être humain sensé et imprégné d’un peu d’humanisme. Parce que le leader estudiantin, rien que pour avoir exigé une éducation et un enseignement démocratique, a été traqué, conduit manu militari tel un vil malfrat, et soumis à des supplices qui dépasse sa capacité d’être humain. Et cela par des personnes qui l’ont vu s’écrouler sous les coups de ceinturon et de rangers… Cabral, affaibli par des jours de clandestinité a subi des coups dégradants et mortels.
Il a été tué sous les regards d’hommes à la solde du pouvoir militaire, personnalisé par le président du CMLN, le Lieutenant Colonel Moussa Traoré. Aujourd’hui Général et bien vivant, peut-être l’ancien président Moussa Traoré, pourra-t-il aussi témoigné pour l’histoire, et au nom de la vérité justice et réconciliation. L’ancien président ATT, lui aussi, nommément cité dans ce dossier, car était le Commandant adjoint de la compagnie para de l’époque. Le Commissaire de police à la retraite Almahamoud Sidibé,a fait son témoignage du lors d’une conférence-débat organisée par l’Ams-Uneem, le dimanche 16 mars 2014 à la pyramide du souvenir, a été fait, après avoir reçu un diplôme de reconnaissance. Une commission d’enquête a été mise en place par le régime militaire de Moussa Traoré afin d’interroger les élèves, étudiants et professeurs concernant la grève de 1980. Elle était dirigée, à l’époque, par le commandant Bougouzié Coulibaly, Directeur de la sécurité d’Etat. Le commissaire à la retraite, Almamoud Sidibé était parmi les enquêteurs au camp para. Il nous a fait un témoignage poignant lors de la commémoration du 34ème anniversaire de l’assassinat de Abdoul Karim Camara dit Cabral. Son témoignage !
« Je vais vous faire un témoignage très important. Aujourd’hui, nous célébrons le 34ème anniversaire de Cabral. Il est mort effectivement à cette date-là et cela s’est passé en ma présence. Quand j’avais fini mon calvaire de punition par ce que je n’ai pas voulu livrer M. Oumar Arboncana Maiga (l’actuel secrétaire général de l’AMS-UNEEM). Alors on m’a désigné dans une commission d’enquête qui se trouvait à la compagnie para.
Donc, cette commission était là pour interroger les étudiants, les élèves et les professeurs sur la grève. Cabral, recherché à l’époque, a été finalement retrouvé par le commissariat du deuxième arrondissement de Bamako. Ils l’ont amené un matin de bonheur et ils l’ont fait faire le tour du terrain de Basket. Moi j’étais parmi les premiers qui sont arrivés ce matin-là, j’ai assisté toute la scène. En même temps qu’il faisait le tour, on le tabassait. Et puis à un moment donné, il est tombé. Quand il est tombé, ils l’ont ramené devant nous (les enquêteurs) à la terrasse. Et les enquêtes étaient dirigées à cette époque par le commandant Bougouzié, Directeur de la sécurité d’Etat, à l’époque. Donc on était sous ses ordres. Apres, on s’est rendu compte que ça n’allait pas. Il fallait l’amené à l’hôpital. Bougouzié était présent, il a demandé un volontaire, j’ai levé la main et je les ai accompagnés avec deux infirmiers du camp militaire dans une ambulance de l’armée. Arrivée à l’hôpital (Gabriel Touré) on avait à faire avec le Docteur Diop. Quand il a ausculté Cabral, il a vu les traces de frappes. Ensuite, il a demandé qui est le chef. J’ai levé la main par ce que c’était moi le chef. Il m’a amené à l’écart et me dit qu’il était mort et qu’il faut retourner avec son corps.
Nous sommes, donc, retournés avec le corps à la compagnie para. Il est resté dans l’ambulance durant quelques jours. Après, il a disparu. Puisqu’il fallait l’enterrer et les gens qui sont partis l’enterrer sont connus. C’est ATT qui était l’adjoint du commandant de compagnie à cette époque. C’est lui et quelques éléments qui sont partis l’enterrer loin de Bamako. Donc sa tombe n’est pas à Bamako. Si on dit que c’est à Bamako, qu’il a été enterré c’est faux ».
Ousmane Baba Dramé
B. Daou