En écrivant dans son journal des clabaudages sans fondements, notre confrère du journal « L’Enquêteur» s’attaque directement au président du Faso. De sources proches de la présidence du Burkina, Blaise Compaoré et son entourage sont convaincus que ces accusations sont le fruit d’une vigoureuse conspiration contre leur pouvoir devenu vulnérable, et le journaliste malien ne serait qu’un pantin. Mais d’ores et déjà, une poursuite judiciaire pourrait bientôt être engagée contre L’Enquêteur pour allégations diffamatoires, selon les mêmes sources proches de la présidence du Faso.
Il y a quelques temps, le journal L’Enquêteur défrayait la chronique par une série « d’articles », selon toute vraisemblance, commandités par quelques esprits malsains et retors. Ces « articles » ont longtemps été commentés dans certains milieux, diversement interprétés ou appréciés. Mais surtout, un ministre de la République, et pas des moindres puisqu’il est le numéro deux du gouvernement, connu pour ses frasques et ses déclarations à l’emporte-pièce, a cru bon de se servir de ces torchons pour lapider la presse, taxée pour la circonstance d’apatride. Ceux qui connaissent bien Mohamed Ali Bathily, puisque c’est de lui qu’il s’agit, et savent ce dont il est capable, ont vite fait de tirer leur conclusion : si le ministre de la Justice se sert d’un journal à commérages pour tirer à boulets rouges sur des journalistes, c’est qu’il serait l’auteur de cet infamant article. Apparemment, les autorités burkinabé, mises en cause, seraient parvenues à la même conclusion, d’où leur volonté de répondre à la diffamation.
Selon les écrits de notre confrère de L’Enquêteur, le président Blaise Compaoré aurait promis 120 millions de F CFA à quelques journalistes maliens en vue « d’affaiblir le pouvoir du président Ibrahim Boubacar Kéita et renforcer le Mnla». Et qu’il leur aurait déjà remis 60 millions de F CFA. L’accusation est extrêmement grave et dépasse nos frontières. Le ministre burkinabè de la Communication et porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré, s’est exprimé là-dessus, lors d’une conférence de presse, jeudi 13 mars dernier. Publiquement, il a avancé qu’il n’est pas question que le gouvernement burkinabè « soit à la traine de ce que les journalistes maliens ont dit ». Selon lui, certains Burkinabès veulent tellement chercher des problèmes «qu’ils sont prêts à aboyer avec n’importe quel loup pour s’attaquer aux leurs ».
Mais au fond, selon des sources sûres, ces accusations répandues par le journal L’Enquêteur cognent l’appareil du pouvoir burkinabè en plein cœur et provoquerait une véritable onde de choc. Car des offenses venant de l’extérieur sont de tout le temps bien ciblées et atteignent souvent leurs objectifs. Dans les couloirs du palais de Khossyam, on murmure : « les ennemis nous attaquent aussi par le Mali, ça devient sérieux ». Nul n’ignore à quel point le pouvoir presque trentenaire de Blaise Compaoré ne résiste plus à l’usure du temps, qu’il est agonisant et actuellement très contesté. Profitant de cette vulnérabilité, chacun de ses détracteurs y met du sien. Qui par voie diplomatique, qui par voie médiatique. Ne sachant plus à quel saint se vouer, Blaise Compaoré, jadis craint par tous, comprend qu’il est désormais au centre d’une cabale partie du Mali voisin, où il a plus de détracteurs que d’alliés. Ainsi, « il [Ndlr, Blaise Compaoré] reconnait avoir des relations assez tendues avec les autorités de Bamako et que son échec dans la médiation de la crise malienne est un bon point d’attaque. Chacun sait que ce n’est pas une simple rumeur.
Puisqu’une rumeur a toujours ses raisons d’être et exprime bien souvent tout le non-dit, les fantasmes, les espoirs ou les craintes de ceux qui la propagent. Nous sommes face à une conjuration et nous ne nous laisserons pas faire», confie une de nos sources. Ces sorties médiatiques n’ont-elles pas plutôt pour but d’occulter la responsabilité des autorités maliennes dans l’échec de la médiation burkinabé entre rebelles et gouvernement ? En effet, grâce à cette médiation un accord de paix a bien été signé le 18 juin dernier et a permis à IBK de se faire élire président de la République. Mais une fois élu, le nouveau chef de l’Etat s’est soigneusement gardé de faire avancer le dossier du Nord, préférant aux actes concrets les pleurnicheries et attendrissements, les voyages coûteux et les déplacements inutiles, la dispersion des efforts et la dilapidation des acquis.
Mais à Ouagadougou, le pot-aux-roses semble avoir été découvert. Malgré les difficultés qu’il traverse, et peut-être même à cause d’elles, le président du Faso désire que lumière soit faite sur ces accusations médiatiques. D’où la probable poursuite judiciaire contre le journal L’Enquêteur.
Dont le promoteur est le fusible qui doit sauter pour avoir choisi le« blé contre intox » et la manipulation. Notre confrère du journal L’Enquêteur est ainsi dans de beaux draps. Pas seulement pour avoir sali le nom de toute la presse malienne mais aussi parce qu’il risque de se retrouver bientôt sur le bûcher. Celui de la vérité plutôt que celui de l’inquisition.