Le sort de l’ex-chef terroriste du mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) Abou Dardar, que d’aucuns présentent tantôt pour un Mauritanien et tantôt pour un Malien, vient d’être confié à la justice malienne. Il devra répondre dans les jours à venir de ses liens avec diverses organisations criminelles mais aussi des exécutions extrajudiciaires qu’il a commises au nord du Mali pendant l’occupation narco-jihadiste surtout à Gao et Ansongo.
Après son arrestation survenue le dimanche 9 mars dernier à Ménaka , lors d’une action combinée de la force Serval et de l’armée malienne, l’homme qui se cachait derrière la plupart des attentats commis dans le Sahel, notamment celui d’AREVA qui a coûté la vie à 23 soldats nigériens, avait d’abord été remis aux services de renseignement français après son transfert à Bamako. Ceux-ci lui ont soutiré du moins on l’espère, des renseignements qu’ils souhaitaient avoir de lui surtout le sort des otages français encore détenus au Sahel, des précisions sur leur planque, mais aussi des renseignements sur le mouvement des jihadistes qui ont opéré leur retour au nord du Mali.
Il s’agissait en somme pour les renseignements français d’établir le lien entre ce terroriste et la plupart des attentats ou des prises d’otages commis dans la région. Abou Dardar, compte tenu de ses agissements est un gros morceau non seulement pour le Mali, mais aussi pour la France. Il est connu pour avoir participé aux attentats terroristes commis au Sahel, comme l’attaque sanglante perpétrée en 2013 à Arlit, au Niger, contre la compagnie française d’exploitation de l’uranium, AREVA, causant la mort de 23 militaires nigériens et des employés de la société française. Son nom revient dans chaque attentat perpétré par son organisation terroriste, le MUJAO, surtout depuis que ce groupe terroriste s’est aligné sur celui de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar dénommé les « Signataires par le sang », pour former « Mourabitoune« .
La justice malienne, à qui il a été remis, va s’atteler à son tour à cuisiner l’homme sur sa responsabilité dans les crimes commis pendant l’occupation, sa participation à une organisation terroriste criminelle.
Pendant l’occupation du nord du Mali, Abou Dardar avait pour mission de faire appliquer la charia dans la ville d’Ansongo. Sous son autorité, des couples ont été châtiés à mort pour adultère. Très mobile, il n’hésitait pas à apporter des armes aux éléments du mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest présents dans la ville de Douentza, dernier verrou avant Mopti, pour un éventuel assaut. Abou Dardar était également considéré comme un bourreau pour les populations du nord pour sa supervision des amputations qui se sont déroulées à Gao.
L’homme aura beaucoup à dire à la justice malienne et peu de chance de s’extraire de cet étau comme le furent certains jihadistes qui ont trouvé refuge au MNLA et au HCUA pour de prétendues discussions avec Bamako.
Abdoulaye DIARRA