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Dans l’univers de la police de Kayes : cinq cent francs, mille francs, pas de contrôle !
Publié le vendredi 21 mars 2014  |  Le Zenith Bale




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C’est sous un hangar que s’arrêtent tous les jours de 8 h jusqu’à 18 h, deux agents de police avec un seul objectif, prendre de l’argent. Où va-t-on ?
Depuis un certain temps cette pratique à Kayes dérange mais personne ne pipe mot. « Les policiers sont dangereux, ils vont nous créer des ennuis. »
Pour satisfaire notre curiosité, il s’est agi pour nous de les approcher afin d’en savoir plus. La réponse : « Allez-y voir le Commissaire, même le Gouverneur sait ce que nous faisons ici. » Aux deux commissariats, le message est transmis. A notre arrivée, le Commissaire est sorti. Qui peut éclairer nos lanternes ? Personne !

- Dôgô (petit frère), vaut mieux faire autres choses que cela.
- Compris kôrô (grand frère). A bientôt !

Alors, il faut demander aux chauffeurs. Par peur, personne ne veut décliner son identité mais chacun parle. Taximens et tri-cyclistes : « Cette pratique a commencé en 2005. Sous ce hangar, il y a toujours deux agents, l’un siffle et l’autre encaisse l’argent. Avant, il mettait dans les poches mais aujourd’hui, c’est un seau qui sert de caisse. Ils ne font aucun contrôle. Il y en a d’autres qui font les contrôles et qui prennent également leur part. Chaque taximan qui passe paye cinq cent francs et puis c’est fini. On nous dit qu’ils se le partagent. »

Chauffeurs de bennes, de sotramas : « Ils sont là du matin au soir, on ne sait pas pourquoi. Seulement pour nous prendre mille francs et puis c’est fini. Ils ne font ni contrôle ni constat ou quoi que ce soit. Nous l’avions dénoncé en vain, rien ne se passe. Il parait que cet argent est partagé entre les policiers et le gouverneur. Seul Dieu sait. Ce qui fait mal, il y a d’autres qui font les contrôles et nous prennent encore de l’argent. Finalement, nous n’avons même pas souvent envie de travailler. La vérité va éclater un jour. »

Oumar DIAKITE,
Correspondance particulière depuis Kayes

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