De passage dans notre pays dans le cadre des journées de réflexion sur les œuvres des femmes écrivaines de l’Afrique de l’Ouest, tenues la semaine dernière à Bamako, l’écrivaine sénégalaise André Marie Diagne, auteure du livre « Fileuse d’amour» paru chez l’Harmattan, nous a accordé une interview dans laquelle elle a magnifié notre pays.
Le Débat : Bonjour Madame, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
André Marie Diagne : Je suis André Marie Diagne, je suis sénégalaise. Mais je suis née au Burkina Faso, donc, je me revendique africaine avant tout.
Le Débat : Que vous inspire cette édition des journées de réflexion sur les œuvres des femmes écrivaines de l’Afrique de l’Ouest ?
André Marie Diagne : C’est avec beaucoup d’émotions que je suis entrée dans ce grand amphithéâtre. J’ai constaté qu’il y avait beaucoup de jeunes étudiants, qui ont l’air tellement jeunes et intéressés que cela me donne beaucoup d’espoir pour l’Afrique. Cette cérémonie a été honorée par la présence de deux ministres maliens, ce qui montre toute l’importance que le gouvernement malien accorde à la promotion de la femme écrivaine au Mali. Je suis vraiment contente. Moi qui viens du Sénégal, petit pays voisin, je constate qu’il y a plus de 15 femmes écrivaines en Afrique. Malheureusement, j’ai cherché leurs œuvres à Dakar et je ne les ai pas trouvées. C’est donc pour dire que le Mali est un pays merveilleux ; un pays de civilisation, un pays connu dans le monde entier pour la grandeur de sa culture notamment de son histoire avec Soundiata Kéita ; de sa musique avec des noms comme Salif Kéita, mais aussi avec un couple célèbre Amadou et Mariam. En fait, le Mali est un modèle de l’élégance avec le Bazin que nous connaissons. Je découvre aussi que le Mali a un trésor qui capte : ce sont ces femmes écrivaines.
Le Débat : Quelles sont vos impressions par rapport au thème de ces journées ?
André Marie Diagne : Ce thème, c’est d’abord une rencontre. Parce que, souvent, les élèves et les étudiants lisent des ouvrages, mais ils ne savent pas en réalité qui en sont les auteurs. Donc, ça sera l’occasion pour le public de connaître ces femmes écrivaines qui sont venues de toutes les régions d’Afrique, notamment du Burkina Faso, du Sénégal, de la Guinée Conakry et du Mali. Je découvre que ces femmes font tous les genres littéraires alors que jusque-là, c’était rare. Elles sont auteures de pièces de théâtres, auteures de poèmes qui vivent d’une façon merveilleuse ; elles écrivent des romans et des nouvelles qui parlent des problèmes des femmes en Afrique.
Le Débat : Selon vous, que peut être le rôle de la femme dans la réconciliation et de la paix ?
André Marie Diagne : Alors, c’est un thème dont nous allons débattre lors de la table ronde au cours de ces activités. Mais je crois que les écrivaines sont des femmes. Et quand on parle de guerre, de conflit, les femmes et les enfants sont les personnes les plus touchées de la société. Et c’est sur la femme que se reposent la famille, la société. Si on veut que la paix règne dans toutes ces sous-régions, il faut que les femmes se mobilisent, et elles savent le faire ! C’est pour dire que si on touche à la femme, c’est la vie ou la société même qu’on déstabilise.
Le Débat : Quelles sont les principales évolutions que vous avez constatées dans la littérature féminine en Afrique ?
André Marie Diagne : Cette littérature féminine est quasi-inexistante, comme l’a souligné monsieur le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Jusqu’aux années 80, on pouvait compter les noms comme Madame Aoua Kéita, mais aussi de grandes dames comme Madame Aminata Dramane. Aujourd’hui, on constate qu’il y a de très jeunes écrivaines qui abordent des thèmes comme par exemple les violences faites aux femmes et aux enfants, le mariage forcé, la question de la bigamie. C’est donc l’actualité qu’elles ciblent et elles proposent l’autre visage, bien sûr, le beau visage de la femme africaine et de la femme malienne en particulier.
Le Débat : Quel appel lancez-vous à la jeune génération qui veut écrire ?
André Marie Diagne : Je voudrais en tant que professeur de lettres, leur demander d’écrire de beaux textes, de faire attention à éditer de beaux livres parce que nous sommes les ambassadeurs de l’Afrique, et quand on voit un livre bien fait, on a envie de le lire. Et les enfants, aujourd’hui, ce qui leur manque face à la télévision, ce sont ces nourritures spirituelles que l’on trouve dans les livres.