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Crise du nord : la DGSE vient de découvrir que des camions d’armement, destinés aux djihadistes du Mujao, installés au nord Mali, ont transité par le Burkina....Pour Paris, Ouagadougou n’est pas considéré comme un partenaire loyal.
Publié le jeudi 27 mars 2014  |  Mondafrique.com


© Autre presse par DR
Blaise Compaoré, président burkinabé


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« La France a laissé tomber les touaregs », voilà la phrase qui revient sur de nombreuses lèvres, de Kidal à Bamako. C’est en tout cas le point de vue du mouvement de Bilal Ag Acherif le chef de Mouvement pour la Libération de l’Azawad (MNLA). Faute de parrains crédibles, les touarègues se tournent vers Moscou, où Bilal vient de rencontrer Mikhaïl Bognanov, le vice-ministre russe en charge de l’Afrique et du Moyen Orient.

Cette érosion des relations entre Paris et le MNLA est bien sûr saluée par les responsables de Bamako. Le refus du gouvernement malien de mettre en œuvre les accords de Ouagadougou, signés en juin 2013, et qui prévoyaient la possibilité d’une large autonomie pour les touaregs a aussi encouragé ces derniers à faire le voyage vers le Kremlin. Blaise Compaoré, le président du Burkina qui était le garant de l’accord signé dans sa capitale, semble maintenant hors jeu.
D’autant que la DGSE vient de découvrir que des camions d’armement, destinés aux djihadistes du Mujao, installés au nord Mali, ont transité par le Burkina. Pour Paris, Ouagadougou n’est pas considéré comme un partenaire loyal.

Algérie, le retour

Par ailleurs, lors de son séjour à Moscou, Bilal a demandé à son interlocuteur de peser sur Alger afin que cette capitale soit désormais l’intermédiaire numéro un entre les touaregs et Bamako. Proposition accueillie à bras ouverts par les fonctionnaires de la Ville Blanche où chacun sait qu’Alger considère que la situation des nomades berbères est un problème intimement lié à la politique intérieure, l’Azawad étant une lointaine arrière cour du pays de Boutef…
Par ailleurs il se trouve que les diplomates russes connaissent fort bien IBK, le nouveau président malien, il a fait le voyage de Moscou juste avant de se faire élire à la présidence.

L’autre finesse diplomatique de Bilal est de manifester son soutien à Poutine à un moment où l’Occident le déclare infréquentable et qu’il n’a que peu d’amis. A long terme la fidélité du président Russe peut être un appui pour les berbères en colère. Bilal et ses amis estiment que, Poutine n’ayant pas l’habitude de respecter des règles de « bonne conduite » définies par l’Occident, pourrait manifester un intérêt pour le Sahel, ne serait-ce que pout embarrasser ses « amis » de l’ouest…

Vue de Paris, le désamour qu’éprouve les touaregs trouve sa source auprès des services de Laurent Fabius, des diplomates de types « néoconservateurs » qui ne voient le monde qu’au travers des lunettes des think tanks de Washington. Dans le débat qui opposent ces « néocons » aux militaires français, qui eux prêche la cause touarègue, ce sont les hommes du Quai qui ont le dernier mot.



Publié par Jacques Marie Bourget
Grand reporter et écrivain: Il commence sa carrière chez Gallimard à la NRF puis enchaine l’ORTF, L’Aurore, Le Canard Enchainé, L’Express, VSD, le Sunday Times, Paris-Match et Bakchich.
En 1986 a obtenu le Prix Scoop pour avoir révélé l’affaire Greenpeace.

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