Les familles de Claude Verlon et Ghislaine Dupont évoquent une «chape de plomb» tant l'enquête sur les assassinats de nos deux confrères piétine. Aucun juge n'a été nommé, ce qui bloque toute procédure. Le parquet antiterroriste de Paris affirme que ce sera bientôt le cas dans ce dossier très complexe où les zones d'ombre sur le déroulé des faits sont multiples.
La question a été posée plusieurs fois par les familles au procureur, mais aucune réponse n'a pour le moment été donnée. Nos deux confrères ont été enlevés le 2 novembre dernier à 13 h 15, heure de Kidal. Leurs cadavres ont été découverts à 14 h 30 par la patrouille Serval. Pourtant, dès 14 h, soit 50 minutes après le rapt, des informations confirmant leur décès ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
Des diplomates français et des haut gradés de l'armée française à Kidal, mais également des membres influents de la communauté touarègue, disposaient des mêmes éléments. Ont-ils été témoins de la scène ? S’agit-il d’informations provenant d’écoutes téléphoniques ?
Cinq mois après le drame, la source à l'origine de ces informations très précises reste inconnue. Rien ne filtre, non plus, sur la traque du principal suspect menée par les Forces spéciales françaises. Différentes sources locales et militaires affirment que Baye Ag Bakabo, le chef du commando, a été vu plusieurs fois dans la ville algérienne de Tinzaouaten. Interrogé récemment sur l'enquête, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a sèchement coupé le journaliste : « Je ne parle pas de ça ». Une déclaration qui inquiète les familles, mais qui pourrait indiquer que des opérations seraient, justement, en cours.