Dans le cadre des activités de dissémination des résultats des enquêtes Afro Baromètre round 5.5 du 17 décembre 2013 au 05 janvier 2014 au près des maliens âgés de 18 ans et plus dans toute les régions du Mali et le District de Bamako, sur la démocratie, la gouvernance et la réconciliation nationale, GREAT a organisé un atelier le 29 mars 2014 à l’Hôtel Olympe. L’atelier était présidé par Mme Sangaré Coumba Touré, conseiller technique au ministère de la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant, en présence de Massa Coulibaly, professeur d’économétrie et de méthodologie de recherche à l’Université de Bamako. Il ressort de la présentation du Pr Massa Coulibaly que 67% de maliens reprochent au gouvernement d’avoir échoué dans la lutte contre la pauvreté au Mali.
La première présentation fait par le Pr Massa Coulibaly a porté sur les perceptions populaires des causes et conséquences du conflit au Mali. Il a fait savoir que la plupart des maliens pensent que les causes du conflit sont relativement nombreuses, allant de l’arrivée de terroristes étrangers sur le sol national au coup d’Etat militaire en passant par la corruption, l’incompétence ou le manque de patriotisme des dirigeants maliens, etc. A ces raisons s’ajoute sans doute le trafic de drogue dont sont soupçonnés les rebelles et groupes islamistes ainsi que des étrangers voire le crime organisé transnational, selon les données de l’enquête.
Le Pr Coulibaly a souligné que pour rendre justice, les populations des zones hier sous occupation jihadiste ou rebelle doivent être prioritairement écoutées. De même, ou qu’elles se trouvent, les personnes qui ont été affectées, personnellement et/ou à travers des membres de leurs familles, ne peuvent être ignorées. « Au contraire, elles doivent être identifiées et ciblées par la réconciliation nationale », ajoute-t-il. La deuxième présentation s’est appesanti sur l’état d’esprit des maliens. Selon le constat fait par les enquêteurs, deux Maliens sur trois estiment en fin 2013 que leur pays se dirige dans la « bonne direction ».
Mais paradoxalement le gouvernement est sur le banc des accusés sur certains domaines. « La plupart des Maliens condamnent le gouvernement pour la conjoncture économique. Une forte majorité des Maliens indiquent que le gouvernement a géré « plutôt mal » ou « très mal » la macro-économie (53 %), la réduction de la pauvreté (67 %), la création d’emplois (70 %), la stabilisation des prix à la consommation (73 %) et la réduction du fossé entre les riches et les pauvres (74 %). Dans chacune de ces catégories, les Maliens du Nord sont systématiquement plus critiques envers le gouvernement que ceux du Sud. Les personnes déplacées sont toutefois un peu plus indulgentes », selon les résultats de l’enquête.
Par ailleurs, toujours selon les résultats issus de l’enquête, les rebelles affirment que le gouvernement a tardé à démontrer sa volonté à négocier. « La MINUSMA a été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU à aider à combattre les djihadistes, mais, dans la pratique et à la consternation du gouvernement, il a davantage agi en tant que force de paix entre le Mouvement pour la libération nationale de l’Azawad (MNLA) et l’armée malienne » constate les enquêteurs.
Aguibou Sogodogo