Le samedi 29 mars 2013, l’Hôtel Olympe a abrité l’atelier de dissémination des résultats des enquêtes Afro-Baromètre round 5,5 du 17 décembre 2013 au 05 janvier 2014 auprès des maliens âgés de 18 ans et plus dans toutes les régions du Mali et le district de Bamako, sur la démocratie, la gouvernance et la réconciliation nationale. L’atelier était présidé par Mme Sangaré Coumba Touré, professeur à la Faculté des Lettres, Langues Arts et Sciences Humaines.
Les deux thèmes de l’enquête, “Perceptions populaires des causes et conséquences du conflit au Mali” et l’“État l’esprit d’esprit des maliens reflète un regain d’espérance”, ont été présentés par Massa Coulibaly, professeur d’économie et de méthodologie de recherche à l’université de Bamako, aussi chercheur au Groupe de Recherche en Économie Appliquée et Théorie (Great), groupe dont il est le directeur exécutif.
En effet, du 17 décembre 2013 au 5 janvier 2014, il a été mené sur le terrain une enquête Afro-baromètre au titre d’un round spécial pour traquer les perceptions populaires des maliens sur “démocratie, gouvernance et réconciliation nationale”. L’enquête a touché au total 2.486 individus de 18 ans et plus dont 200 dans un sur-échantillon dans les trois régions du nord et 219 autres individus tous déplacés internes dans les régions de Koulikoro, Ségou, Sikasso et Bamako. Sur l’échantillon global, 450 personnes enquêtées (soit 18% du total) proviennent des zones hier sous occupation jihadiste et rebelle. Des zones qui n’avaient pu être enquêtée en 2012, lors du round normal des enquêtes Afro-baromètre.
Les perceptions des enquêtes ont précisément trait aux causes et conséquences des évènements récents d’occupation et de conflit du nord. Des perceptions que le rapport compare ensuite aux causes de la crise sociale et politique de 2012 dans le pays. Il est aussi fait mention du rôle de la violence en politique, ainsi que des voies et moyens de sortie de l’enlisement pour une paix durable au Mali.
Les principales perceptions populaires issues de l’enquête Afro-Baromètre de décembre 2013 peuvent être ainsi résumées:
- les trois raisons principales d’occupation et de conflit du nord sont les terroristes étrangers, la corruption et la convoitise des ressources naturelles. Toutefois, dans les zones jadis occupées, la faiblesse de l’Etat le dispute à la convoitise des ressources naturelles ;
- pour l’écrasante majorité des maliens, les rebelles et les islamistes figurent au premier rang des acteurs présumés impliqués dans le trafic des drogue, au Côté du crime organisé transnational;
- le conflit du nord a entrainé un déplacement interne de population d’environ 6% avec 3 déjà de retour au bercail, 2% avec intention d’y retourner et 1% sans cette intention. Ce phénomène touche proportionnellement un peu plus les urbains, les femmes et les moins de 25 ans ou les 35- 44 ans.
Au total, près d’un malien sur trois aura été affecté, personnellement ou à travers un membre de famille, par les évènements récents d’occupation et de conflit du nord, d’une des multiples façons dont l’on a pu être affecté: de l’expulsion de son domicile à la mort, en passant par la punition selon la charia ou les agressions physiques en tout genre.
Pour la très grande majorité des maliens (de 86% à 95%), trois options majeures aideraient à résoudre le conflit, à savoir l’éducation civique, la justice et un État fort ;
Pour près de deux maliens sur trois, il est probable que la signature d’un nouvel accord soit la base d’une paix durable au Mali.
L’état d’esprit des maliens reflète un regain d’espérance
Les causes du conflit évoquées par les enquêtes sont relativement nombreuses, allant de l’arrivée de terroristes étrangers sur le sol national au coup d’Etat militaire en passant par la corruption, l’incompétence ou le manque de patriotisme des dirigeants maliens… A ces raisons s’ajoute sans doute le trafic de drogue dont sont soupçonnés les rebelles et groupes islamistes ainsi que des étrangers, voire le crime organisé transnational, selon les données de l’enquête.
En effet, l’enquête Afro-baromètre de décembre 2012 a révélé que les trois quarts des citoyens maliens craignaient que le pays n’aille dans la “mauvaise direction”. A cette époque, plongée dans une crise nationale profonde, la plupart des maliens envisageaient l’avenir avec pessimisme.
Un an plus tard, une enquête de suivi dévoile un regain d’espoir dans l’avenir. En décembre 2013, les deux tiers des Maliens considèrent que le pays se dirige dans la “bonne direction”. Cette volte-face de l’état d’esprit collectif en l’espace d’une seule année est attribuée à plusieurs avancées positives. Il s’agit notamment de l’amélioration de la sécurité, de la restauration d’un gouvernement librement élu et de la hausse de la confiance dans la reprise économique.
Modibo KONÉ