Le Général Amadou Haya Sanogo actuellement isolé à Selingué risque la CPI. De nombreux indices militent aujourd’hui en faveur de son transfèrement au niveau de cette juridiction internationale tout comme l’autre Général de la Rue, l’ivoirien Charles Blégoudé poursuivi pour crime contre l’humanité.
Ce sont les recommandations issues du dernier rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FID) qui incitent à penser que la CPI se saisira très vite du dossier.
Dans le document, la fédération internationale invite les autorités maliennes à ouvrir rapidement une information judiciaire dans l’affaire dite de la mutinerie de Kati, afin de répondre au besoin de justice et de vérité des familles de disparus. En clair, elle n’exclut pas la jonction entre les deux affaires, à savoir, celles dites « bérets-rouges » et «bérets-verts ». A ce stade, le décombre macabre lié aux deux événements porte sur plus d’une cinquantaine de morts et de disparus. Ce qui n’est pas loin d’un génocide, une épuration, voire un pogrom ; Phénomène qui intéresse particulièrement la Cour Pénale Internationale.
Dans le même document, l’organisation des droits de défense des droits de l’homme invite les autorités malienne à mettre en place la commission internationale d’enquête telle que prévue dans l’accord de Ouagadougou. C’est dire donc qu’en marge de la justice malienne, c’est cette entité qui relèvera forcement de la Cour Pénale Internationale, qui mènera ses propres investigations.
Signalons en outre que l’AMDH et de la FIDH se sont d’ores et déjà constituées partie civile aux côtés de 15 victimes. Dans le cadre de leurs enquêtes, en effet, la FIDH et l’AMDH ont recueilli les témoignages de 21 membres et proches des familles des «bérets-rouges» disparus, ainsi que des mandats pour être représentées par le collectif d’avocats de la FIDH et de l’AMDH en tant que partie civile dans la procédure judiciaire ouverte au Tribunal de première instance de la Commune III de Bamako le 7 mai 2012 pour enlèvements et complicité d’enlèvements, et instruite par le juge Yaya Karambé du 2ème Cabinet. Il s’agit d’une première étape essentielle pour amorcer une représentation effective des victimes dans ces procédures au niveau de toutes les juridictions y compris, celles internationales.
L’organisation internationale « invite en outre la communauté internationale à soutenir les autorités maliennes et la CPI dans la lutte contre l’impunité, notamment en : « Garantissant le respect de la lutte contre l’impunité dans les négociations politiques auxquelles les différents représentants de la communauté internationale sont parties, facilitateurs, garants ou observateurs». Ce qui laisse entendre que d’éventuelles négociations en vue de la réconciliation nationale ne sauraient procurer l’impunité aux suspects, du moins, dans l’entendement des défenseurs du temple.
Enfin, les deux organisations (FIDH et Amnesty international) sollicite le Bureau du Procureur de la CPI pour « continuer et intensifier les efforts pour une complémentarité positive efficace en renforçant la coopération et l’appui aux enquêtes et procédures nationales, en particulier celles concernant les responsables qui ne feraient pas l’objet de poursuites par la CPI ; Assurer que les enquêtes et les éventuelles poursuites aient lieu dans des délais raisonnables».
Nul besoin de fréquenter la Sorbonne pour comprendre là, que ces organisations de défense des droits humains, déjà constituées partie civile, introduiront leurs propres plaintes en cas d’insatisfaction. D’ores et déjà, elles ont d énoncé la lenteur des procédures et le poids politique y afférant.
En définitive, quand bien même, elles apprécient le travail de la justice malienne, ces organisations n’écartent pas l’éventualité d’une implication effective de la CPI. Rappelons que c’est la même démarche qui a précédé le transfèrement de Blé Goudé.