Ces structures jouent un rôle fondamental dans le financement de l’économie à travers les investissements accordés aux projets et aux entreprises
Les banques et les établissements financiers sont au cœur de la politique économique et monétaire. Elles soutiennent la croissance et garantissent la stabilité économique. Elles constituent un instrument important de l’État pour réaliser la croissance et garantir la stabilité économique. Les banques centrales assurent le contrôle de la masse monétaire au niveau national, tandis que les banques primaires et secondaires facilitent les flux monétaires sur les marchés où elles opèrent. La première responsabilité des banques est de financer l’économie à travers les investissements dans les projets et les entreprises pour soutenir la croissance et garantir la stabilité. Cependant, les banques comme toute autre structure économique ont besoin de sécurité et de stabilité politique pour remplir leurs missions.
Malheureusement, la crise qui sévissait dans notre pays depuis mars 2012 a totalement bouleversé la structure économique. Elle a été aggravée par l’embargo de la CEDEAO et la suspension de la coopération internationale suite au coup d’Etat de mars 2012. L’économie nationale a vécu des moments très difficiles.
Au secours de l’Etat. Au lendemain du coup d’Etat militaire, plus précisément le 31 mars 2012, le Conseil des ministres de l’UEMOA avait décidé à titre de mesure conservatoire que la BCEAO, la Commission de l’UEMOA, la BOAD, la Commission bancaire de l’UMOA et le Conseil régional de l’Épargne publique et des Marchés financiers ne devraient plus entretenir des relations qu’avec des personnes disposant d’habilitations conférées par un gouvernement légitime du Mali exerçant ses pouvoirs et reconnu par la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’union. Dans l’attente, la BCEAO a donné l’instruction de suspendre tout mouvement de fonds sur les comptes du Trésor ouverts dans ses livres au nom du Trésor malien. Toutefois, la BCEAO est autorisée à effectuer des opérations avec les établissements de crédit maliens à l’exception de celles impliquant le Trésor public. Pour ne rien arranger à la situation, l’embargo économique et financier décrété par la CEDEAO entraînera du coup un fort ralentissement des transactions commerciales entre le Mali et les autres pays membres de cette organisation. Les partenaires techniques et financiers ont suspendu toute la coopération financière, à la fois bilatérale et multilatérale. Ce coup de frein à l’activité économique nationale, a bouleversé la structure économique du pays. Au niveau macroéconomique, la croissance réelle du PIB en 2012 a été négative de -1,2% contre 5,6% initialement prévue. Cette régression du PIB s’explique par un recul généralisé des activités dans les secteurs secondaire et tertiaire, à l’exception des productions d’or, de coton et de textile qui ont continué à bien se comporter comme en témoignent les chiffres obtenus. En effet la production des céréales sèches est passée de 5,8 millions de tonnes en 2011 à 6,2 millions de tonnes en 2012, celle du coton graine a progressé de 7,6%, passant de 446 000 tonnes en 2011 à 480 000 tonnes en 2012. Quant à l’or, sa production a augmenté de 9,3% passant de 46 tonnes en 2011 à 50,3 tonnes à la fin 2012. Par contre, le BTP, l’agro-industrie et les services ont accusé le coup avec des baisses significatives respectivement de 20%, 11% et de 10%. Les activités bancaires au même titre que les autres branches du secteur privé ont subi des dommages, notamment les pertes d’encaisses dans les agences du Nord (Gao, Tombouctou et Kidal), la provision des encours de crédits en souffrance sur les clients du nord et aussi des dégâts matériels.
Les banques ont aussi enregistré d’importantes pertes au titre des encaisses emportées par les bandits armées et leurs alliées djihadistes. Cependant, malgré cette situation, les institutions bancaires et les établissements financiers ont joué un rôle capital dans la maitrise et le financement des dépenses pendant les périodes critiques. L’analyse du président de l’association des professionnelles des Banques et Etablissements financiers (APBEF), Moussa Alassane Diallo est sans équivoque. « Dans ce contexte de sans gouvernement, les comptes de l’Etat étaient bloqués et le Mali placé sous embargo, l’APBEF, face à sa responsabilité historique, a décidé que les banques sur leurs fonds propres paieront les salaires du mois de mars 2012 des travailleurs, sur la base des états de paiements du mois précédent, en attendant la mise en place d’un gouvernement », a révélé le banquier. Cependant, après la mise en place du gouvernement, les banques ont soutenu l’Etat dans la maîtrise et le financement des dépenses publiques.
« En juillet 2012, le gouvernement a émis le premier bon du Trésor d’un montant de 13 milliards de Fcfa. A l’époque, on était conscient qu’aucune banque étrangère n’allait accepter d’accorder ce fonds à notre pays. L’APBEF a invité les 13 banques à apporter chacune 1 milliard de Fcfa pour solder le bon. Le fait que les banques de la place aient pris ce risque, a impressionné les investisseurs étrangers. Ils ont eu un autre regard sur le Mali. Au mois de juillet, quand le gouvernement a émis un second bon, plusieurs banques de la sous-région ont contribué, on s’est retrouvé à un niveau de mobilisation de 120% », a témoigné cet économiste averti.
Le retour a un climat de confiance. La situation a depuis évolué positivement en raison d’un certain nombre de facteurs comme la libération des régions du Nord et, particulièrement, le retour effectif des partenaires techniques et financiers, l’organisation réussie des élections présidentielles et législatives. Dans un tel contexte, la perspective d’un nouveau départ et la relance de l’économie sont envisagées. Mais cette relance tant souhaitée par notre pays requiert la mise en place de conditions qui favorisent l’investissement et la création d’emplois. Le patron de l’Apbef estime que le premier facteur de la relance économique repose sur la sécurité. « Pour mener à bien leurs activités quotidiennes, les agents économiques ont besoin de la libre circulation et de la garantie de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire. Ils ont besoin d’interlocuteurs dans les structures étatiques travaillant en toute sérénité. Le retour de la paix et de l’ordre constitutionnel sont propices aux entreprises. Elles commencent à reprendre leurs activités, en témoignent, l’apurement ces derniers mois par l’État d’une bonne partie des arriérés de paiement et le redémarrage des grands chantiers. Ces entreprises ont aujourd’hui besoin de l’accompagnement des banques dans leurs activités de tous les jours », a développé Moussa Alassane Diallo. L’analyse de cet expert fait ressortir qu’il est impératif que l’Etat suscite le retour à un climat de confiance, condition préalable de toute reprise économique. « Le Mali a une formidable opportunité à saisir pour relancer son économie grâce à l’appui et l’accompagnement tant réaffirmé des partenaires au développement.
Cependant, dans la reconstruction du pays et la relance de son économie, le budget de l’État apparaît comme un puissant moteur de la croissance et du développement », a t-il expliqué. Il a en outre indiqué que le respect et la crédibilité de l’État reposent surtout sur la lutte contre la corruption et l’impunité, la refondation des administrations publiques, la réhabilitation de l’institution judiciaire, l’amélioration des instruments de la démocratie participative. La relance économique et la reconstruction seront réalisées à travers des efforts conjugués des maliens d’abord, et de la Communauté internationale ensuite. Cependant, l’implication des banques et des institutions de financement s’avère fondamental pour une relance durable. Pour Moussa Alassane Diallo, depuis le15 août 2013, les banques ont amorcé leur retour dans les régions du Nord. « Les économies des régions du Nord du Mali se caractérisent par une faible bancarisation.
Toutefois, durant les dix dernières années, le réseau bancaire s’est sensiblement densifié avec la présence de sept banques (sur treize) à Gao et Tombouctou et une banque à Kidal. Aussi, le système bancaire participe activement au développement des régions du Nord à travers des financements de projets et programmes initiés par l’État, les opérateurs économiques, les ONG et les bailleurs de fonds. La présence des banques, dans le septentrion contribue à la promotion et au développement de nombreux secteurs : commercial, agricole, artisanal, des petites et moyennes entreprises », a rappelé le banquier. Par ailleurs, pour apporter une réponse durable à la crise économique et mettre les entreprises à l’abri des chocs endogènes et exogènes, l’Apbef a décidé de mobiliser tous ses membres et de les mettre en synergie dans une démarche structurée et volontariste à travers la mise en œuvre d’un plan de relance permettant de réaliser les objectifs de relance durable de l’économie.
« Le schéma de relance économique proposé par notre association repose sur des mesures qui sont de nature à assurer le renforcement des activités des entreprises en difficulté, le redémarrage des entreprises en cessation d’activités et la consolidation de la situation financière des entreprises en activité », annonce Moussa Alassane Diallo. Le banquier ajoutera qu’il est opportun que l’Etat apporte son appui aux banques maliennes pour renforcer leur capacité de financement à moyen et long terme par la mise à leur disposition de lignes de crédit à des taux concessionnels. « Ces lignes seront négociées par l’Etat pour être rétrocédées aux banques. Cette facilité permettra de résoudre en partie le problème de disponibilité en ressources longues des banques pour faire face aux financements des besoins en investissements des entreprises. La création d’une grande banque publique d’investissement destinée à soutenir le financement du secteur productif et des grands travaux, s’avère aujourd’hui fondamentale. Il est vrai que le paysage bancaire malien est riche de treize banques et de deux établissements financiers, mais aucune d’entre elles n’est spécialisée dans ce domaine vu les contraintes de disponibilité de ressources longues très importantes. Il faut aller dans ce sens.», a t-il indiqué.
La réussite et la viabilité de toute politique de relance et de financement d’une économie post crise demeure subordonnée à l’existence d’un cadre macro économique stable et favorable à la promotion des entreprises, d’un cadre règlementaire et d’un système judiciaire fiable. La structuration des marchés intérieurs et sous régionaux permet une meilleure domiciliation des recettes, la bonne gouvernance et la solidité des entreprises. Lorsque ces fondamentaux sont réunis, le financement bancaire peut être un puissant levier pour accélérer de la relance économique. Le processus de sortie de crise en cours dans notre pays fait nourrir de gros espoirs sur une reprise rapide de la place, jadis occupée par les entreprises au sein de notre économie. Cette reprise ne saurait se matérialiser sans mettre l’accent sur les petites et moyennes entreprises, véritable poumon du dynamisme l’économie.
D. DJIRE
SFI pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre : Saran Kebet KOULIBALY aux commandes
encaLa Société financière internationale (SFI/IFC), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, a annoncé la nomination de Saran Kebet Koulibaly, au poste de directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Basée à Dakar, Mme Kebet Koulibaly couvrira le portefeuille de l’IFC dans 23 pays. Le vice-président d’IFC pour l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et les Caraïbes Jean-Philippe Prosper a tenu des propos élogieux sur la nouvelle promue. Il est convaincu que « Saran Kebet-Koulibaly a une excellente connaissance de la sous-région ainsi qu’une riche expérience internationale. Ces atouts lui permettront d’accroître les activités de l’IFC dans la région, à travers des projets innovants et à fort impact sur les économies et le bien-être des populations» L’IFC dispose d’une gamme de produits et services lui permettant de jouer un rôle catalyseur pour impliquer le secteur privé dans le développement des infrastructures, des PME PMI et de l’agro-industrie.
Ces secteurs représentent des vecteurs essentiels d’un développement inclusif et durable. «L’IFC mettra son expertise globale au service du secteur privé de la sous-région pour renforcer sa contribution à une croissance inclusive», a déclaré Mme Kebet-Koulibaly. La mission de l’experte sera de mettre l’accent sur des solutions innovantes à travers le secteur privé, qui répondent aux besoins de développement de la sous-région. Tout en soutenant, catalysant et mobilisant les investissements privés, nationaux et étrangers en Afrique. Après une carrière dans le secteur privé, Saran Kebet Koulibaly a été recrutée dans le programme Young Professional du groupe de la Banque mondiale en 1985.
Elle a rejoint l’IFC en 1993 et occupé divers postes au sein de l’institution en Afrique, en Amérique Latine, en Europe et en Asie. En 2004, Mme Koulibaly a occupé le poste de directeur associée et représentante pays au Brésil, où elle a participé à l’élaboration de l’un des programmes nationaux les plus importants et les plus innovants de l’IFC. Avant sa nomination, elle occupait le poste de directeur global pour la restructuration d’actifs. La nouvelle patronne de l’IFC Afrique de l’Ouest et du Centre est titulaire d’un Master en économie obtenu à l’université de Californie et est analyste financière agréée (CFA).