De tous les secteurs d’activités, celui de l’énergie (particulièrement de l’énergie électrique) est le plus représentatif de la situation économique et sociale d’un pays.
De sa bonne et saine gestion, dans le temps comme dans l’espace, découlent moult retombées positives dont la maîtrise des coûts globaux d’énergie et l’amélioration constante de l’efficacité énergétique.
Il s’agit d’un défi de développement durable qui ne peut que s’inscrire en droite ligne dans des stratégies nationales et que l’ensemble des acteurs concernés, de près ou de loin, se doit de relever, dans une parfaite synergie d’actions salutaires.
La question de l’accès à une énergie électrique de qualité et à un coût de revient acceptable, la corrélation entre l’approvisionnement en électricité et le développement durable, se posent avec acuité et constituent des préoccupations majeures liées à la croissance démographique, à l’essor économique, à l’impérieuse nécessité de minimiser au mieux les coûts d’exploitation des centrales isolées de production électricité.
Comme chacun le sait, le Mali est un grand pays sahélien enclavé, confronté dans le domaine de la fourniture d’électricité d’origine thermique à des problèmes persistants en raison des variations, des incertitudes qui planent, çà et là, sur les prix de pétrole, de la flambée de ces prix à dimension planétaire, conséquence directe de la mondialisation de l’économie et du libéralisme. La dégradation progressive des ressources ligneuses ne fait qu’accentuer la problématique.
Nonobstant de tels handicaps endogènes et exogènes, le pays qui est un carrefour naturel, occupe, tout de même, une place de choix sur la scène énergétique sous-régionale, voire régionale, compte tenu notamment du caractère sensible et porteur du secteur de l’énergie.
Cela est dû au fait qu’il possède aujourd’hui des atouts sérieux, considérables pour combler les besoins croissants des populations et des différents secteurs économiques, pour réduire le déficit que présente le rapport demande/disponibilité dû à l’appel croissant de puissance surtout en période de forte canicule, pour contribuer à satisfaire ceux d’ailleurs dans un système intégré (interconnexion systématique des réseaux électriques supranationaux) .
Le potentiel national est certainement plus important que les quantités connues à l’heure actuelle tant l’exploration est encore insuffisante, notamment dans les régions du septentrion malien, actuellement sous occupation de groupes armés.
La variété des ressources énergétiques est également abondante d’autant plus que le pays, destiné à être, dans un avenir proche, une véritable puissance énergétique, regorge d’immenses sources d’énergies propres dont les énergies renouvelables, en l’occurrence l’énergie solaire.
Tout au long de l’année, chaque localité est favorisée sur le plan de l’intensité et de la disponibilité du rayonnement solaire (5 à 6 kWh par m2 et par jour, douze heures de soleil par jour).
Que le Mali possède d’énormes potentialités énergétiques est un don incontestable. D’émérites spécialistes s’accordent objectivement à le reconnaître de facto. Des intervenants, et non des moindres, ne cherchent qu’à apporter une contribution de qualité à leur exploitation, avec méthode, rationalité et surtout rigueur.
Cela est rassurant pour tous ceux qui, de près ou de loin, ont à cœur la mise en valeur de telles richesses pour le meilleur devenir du secteur énergétique de notre pays.
Il est donc d’une impérieuse nécessité de rechercher les voies et moyens idoines, susceptibles de permettre de substituer opportunément aux sources d’énergie classique, celles de plus en plus concurrentielles et pérennes des énergies renouvelables.
L’accès à l’énergie électrique par le plus grand nombre de citoyens maliens ainsi que l’incitation à l’investissement constituent des facteurs déterminants dans cette nouvelle orientation.
La Société Energie du Mali-sa, acteur privilégié du développement du sous secteur de l’électricité au Mali, ne peut que s’en réconforter, à tous égards.
Mais la réalité est toute autre avec la persistance des problèmes techniques, de transfert de technologie, de mobilisation des crédits qui se manifestent au quotidien et constituent des freins au processus de concrétisation des ambitieux projets nationaux en gestation.
C’est ainsi que l’essor de l’économie de croissance cher aux autorités politiques et administratives, aux partenaires au développement, requiert de la part des décideurs des choix difficiles en raison de la dimension sociale du secteur de l’énergie, des enjeux financiers, de la précarité de certaines ressources énergétiques et de leur coût d’investissement relativement élevé.
Aussi, face à des objectifs nationaux d’autosuffisance électrique, de souveraineté énergétique, de la maitrise des charges de la production électricité, eu égard aussi à l’instabilité des produits pétroliers, l’on a souvenance que la société EDM-sa, acteur privilégié du développement et de la promotion du sous secteur électrique au Mali, a initié, depuis près de deux ans, une expérience heureuse à travers l’élaboration et la réalisation, sous son égide, du projet pilote de la centrale hybride (diésel/solaire) de Ouélessébougou, non loin de la capitale.
Se voulant performante et se tournant vers l’avenir, elle s’est fixée une nouvelle orientation en matière de continuité et de qualité de service électrique par la promotion des sources d’énergies renouvelables.
Des études de faisabilité ont été entreprises sur un horizon raisonnable à la lumière de l’inventaire des potentialités en énergies renouvelables de bon nombre de localités surtout du Mali profond, souffrant de pénuries constantes d’approvisionnement d’énergie électrique. C’est le prélude d’un processus irréversible d’utilisation des énergies renouvelables à grande échelle.
Les technologies les plus fiables et viables de sources d’énergies propres ont pu être identifiées pour apprécier leur faisabilité, sur le triple plan technique, économique et financier. L’introduction des énergies renouvelables dans le système de production d’énergie électrique au Mali est ainsi scellée.
Aussi, à notre avis, le Mali, toujours attaché à son image vivante de pays phare en matière de diversification de sources d’énergie, ne peut que marquer, dans le cadre d’une coopération bilatérale ou multilatérale, fructueuse et mutuellement avantageuse, un vif intérêt pour toute opportunité de partenariat ouvert et constructif, susceptible de lui permettre de mener à bien avec l’efficacité et l’efficience requises, ses projets d’installation de sources d’énergies renouvelables, des sources capables de garantir, dans la durée comme dans l’harmonie, la desserte en électrique sur l’ensemble du territoire national, à la satisfaction générale.
Forger le destin du 21ème siècle énergétique malien est à ce prix, dans « les conditions normales de tension et de pression».
Certes, le cadre d’incitation à l’investissement pour la promotion des sources d’énergies propres, d’énergies vertes est de l’ordre d’une politique énergétique nationale.
Néanmoins, il revient à l’ensemble des acteurs, personnes morales et physiques confondues, de mettre l’accent sur le benchmarking, d’explorer davantage les opportunités et possibilités actuelles et prévisibles, de tirer parti d’un futur développement fulgurant des énergies renouvelables qui va crescendo au fil des prochaines années, un peu partout dans le monde de nos jours.
Chirfi Moulaye HAIDARA
Ingénieur et Chercheur