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Allocution du président IBK au sommet de Bruxelles
Publié le mercredi 2 avril 2014  |  Présidence


© AFP par DR
Bruxelles: 4eme sommet UE-Afrique
Le quatrième sommet Union européenne-Afrique s`est ouvert ce mercredi 2 avril 2014 à Bruxelles (Belgique). Il réunit une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains ainsi que leurs homologues européens. Photo: (de gauche à droite) José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, Ibrahim Boubacar Keïta, président de la république du Mali et Herman Van Rompuy, président du Conseil européen.


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En marge du sommet Union européenne-Afrique de Bruxelles, qui s’ouvre ce 2 avril, le président malien Ibrahim Boubacar Keita s’est exprimé.

Monsieur le Président du Conseil européen,

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Monsieur le Président de la Commission européenne,

Madame la Présidente de la Commission de l’Union Africaine,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord de remercier la Commission de l’Union européenne pour l’invitation qu’elle a bien voulu m’adresser pour prendre part au 5ème Forum Economique Union Européenne-Afrique organisé en prélude au 4ème Sommet Union Européenne-Afrique.

Je me réjouis de la tenue de la table ronde de haut niveau qui nous réunit ce matin, autour du thème « Le rôle économique de la jeunesse ». Un thème dont la pertinence n’est plus à démontrer tant la jeunesse constitue une préoccupation partagée par tous les dirigeants du monde entier.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Le meilleur capital est et restera le capital humain. L’Homme est au cœur et à la finalité du processus de développement. En Afrique, et particulièrement au Mali, où les jeunes représentent près de 70% de la population, le rôle de la jeunesse dans l’économie, au-delà de la thématique du présent forum, est le fondement des politiques publiques, tant au plan macro-économique que sectoriel.
La rapide croissance démographique explique le poids de la jeunesse. En effet, la population malienne, selon les dernières statistiques, est évaluée à 14,5 millions d’habitants. Le taux annuel moyen de croissance de la population atteint 3,6%. Les 65% de cette population vivent en milieu rural et ne sont pas alphabétisés. Seulement 27,7% savent lire et écrire dans une langue quelconque.

Les jeunes de moins de 25 ans sont au nombre de 9,4 millions, soit près de 65% de la population. Dans un tel contexte, le premier défi qui s’impose est la maîtrise de la croissance démographique, pour améliorer les conditions de vie des populations dans un environnement marqué par la rareté des ressources.

Ce rythme de croissance démographique constitue un risque d’entrave aux efforts entrepris pour la réduction de la pauvreté et l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, « condition sine qua non » de toute amélioration du bien-être.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

L’inaccessibilité aux droits humains que sont l’éducation, la formation et l’emploi est la source principale du malaise ou du mal-être de la jeunesse. Le rôle économique de la jeunesse est forcément corrélé au degré de jouissance des droits fondamentaux de la personne humaine.

La garantie et l’effectivité de la jouissance de ces droits est le seul moyen de faire de cette jeunesse un atout pour atteindre nos objectifs de développement, qui se résument à la réalisation d’une croissance économique forte pour réduire de façon substantielle la pauvreté.
C’est pourquoi, investir dans la jeunesse n’est pas qu’un choix, c’est surtout une obligation et un devoir.

Oui, l’Afrique peut réduire le fossé qui la sépare des autres continents, à condition d’assurer une meilleure éducation et une formation de qualité à ses enfants.

Oui, l’Afrique peut relever le défi du développement, pourvu qu’elle crée les conditions optimales pour assurer l’emploi des jeunes, afin de générer davantage de richesses et d’améliorer la productivité du travail.

Oui, l’Afrique à travers sa jeunesse, peut prendre toute sa place dans le concert des nations, à condition d’assurer la bonne gouvernance, de lutter contre la corruption, la délinquance financière, et l’injustice. Mais aussi et surtout si elle instaure une culture démocratique, qui favorise et nourrit la culture de l’excellence, de la créativité et de l’esprit d’entreprise au sein de la jeunesse.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Mon pays, le Mali, vient de traverser une des plus graves crises de son existence, avec un coup d’Etat, et l’occupation des deux tiers de son territoire par des forces obscurantistes, qui n’avaient aucune considération pour les droits humains.

Je voudrais donc saisir cette tribune pour réitérer une fois de plus la reconnaissance infinie du peuple malien aux nations, notamment la France, et à l’ensemble de la communauté internationale, Nations Unies, Union Africaine, Union Européenne, qui ont œuvré inlassablement et qui continuent d’œuvrer pour le retour définitif de la paix et de la stabilité au Mali.

Cette situation que nous venons de vivre et que chaque malien continue de ressentir dans le plus profond de lui-même, a profondément affecté l’économie nationale, ainsi que la cohésion sociale.

Dans ces conditions, notre jeunesse se trouve désœuvrée et a donc besoin d’un accompagnement de qualité, afin de jouer un rôle prépondérant dans le redressement et le développement durable du pays.

Pour ce faire, j’ai pris l’engagement de redonner espoir à notre jeunesse, et de lui garantir un avenir meilleur à travers l’égalité des chances, partout sur le territoire national.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Pour traduire cette vision, le Mali s’est engagé, conformément au Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté 2013-2017 et le Programme d’Actions du Gouvernement 2013-2018, à mettre en œuvre les actions stratégiques suivantes :

- faire de l’éducation un facteur décisif de socialisation de la jeunesse, à travers notamment :
- l’amélioration du taux de scolarisation et de la qualité des programmes de formation,
- le renforcement des capacités des structures d’encadrement de la jeunesse,
- la création de maisons de jeunes et le lancement d’un programme spécial de détection de jeunes talents (bourses d’études, compétition de plans d’affaires) ;
- veiller particulièrement à la qualité de l’enseignement, et mettre l’accent sur l’adéquation entre les filières de formation et les besoins du marché de l’emploi ;
- promouvoir l’emploi des jeunes et leur insertion sociale et professionnelle par :

* l’élaboration d’un statut de « Jeune professionnel » ;
* la création d’emplois jeunes dans le cadre de grandes initiatives nationales en matière d’alphabétisation des adultes et de lutte contre la désertification ;
* la création de 200 000 emplois directs durables et des milliers d’emplois indirects ;
* la création d’un fonds emploi jeune pour soutenir le développement de plus de 1000 activités créatrices d’emplois ;
* la création d’une agence sectorielle de l’emploi au sein des différents ministères ;
* le vote d’une loi prévoyant que tout projet financé par l’Etat doit intégrer la problématique de l’emploi ;
* le lancement de programmes d’installation de jeunes diplômés dans l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le tourisme et l’environnement ;
* le renforcement des capacités de l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ) ;
* l’accueil de 100 000 jeunes déscolarisés ou non scolarisés dans les dispositifs d’apprentissage partout sur le territoire ;
* l’amélioration de l’employabilité des jeunes en veillant à l’adéquation formation-emploi ;
* la mise en œuvre du Programme décennal de Formation Professionnelle pour l’Emploi (2012-2021), couvrant 15 secteurs économiques, 48 filières de formation, 148 emplois métiers ;
* la mise en œuvre de schémas directeurs de formation professionnelle pour l’emploi des jeunes ruraux avec un accent particulier sur les opportunités d’emploi dans l’agriculture;

C’est à ce prix que nous réussirons la transition de l’école au travail.

Il s’agira aussi de faire de la formation professionnelle un facteur d’amélioration de la compétitivité des entreprises, à travers le perfectionnement de 50 000 travailleurs des secteurs public et privé, dont 15 000 femmes.

Enfin, le Mali s’attèlera à promouvoir l’esprit de citoyenneté en vue de favoriser la participation des jeunes à la vie sociale et à la prise de décision. Dans ce cadre, il est envisagé d’adopter une charte de la jeunesse, déclinant les droits et devoirs de la jeunesse et les grandes orientations de la politique de la jeunesse.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Le peuple malien, et plus particulièrement sa jeunesse, fonde beaucoup d’espoir sur l’impact attendu de la mise en œuvre de ces différentes actions.

A cet effet, j’invite tous les amis et partenaires du Mali, l’Union Européenne en tête, à nous accompagner dans ce vaste chantier d’investissement dans la jeunesse.

Vive L’Union Européenne,
Vive l’Union Africaine,
Vive la coopération Union Européenne-Afrique, pour le bonheur de nos populations respectives,

Je vous remercie.


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