Des milliers d’hommes et de femmes venus de plusieurs régions du pays et regroupés à la Bourse du travail depuis quatre jours, d’où ils n’ont été d’ailleurs délogés que dans la nuit de mardi à hier mercredi, ont pour leitmotiv de lutter contre « l’accaparement des terres au profit des riches». Ce mot d’ordre leur sert d’alibi pour organiser des sit-in et marches sur la Primature et des menaces à peine voilées au gouvernement. Mais ils en ont été pour le moment dissuadés à la suite de leur rencontre avec le Premier ministre, le mardi 2 avril 2014.
Au cours de cette rencontre, le gouvernement n’aurait pas été tendre avec eux, puisqu’il leur a été clairement signifié que leurs requêtes ne peuvent pas passer comme lettre à la poste. Il faudra prendre le temps de voir ce qu’ils entendent par accaparement des terres, qui a été spolié par qui et quelle décision de justice concernant des litiges fonciers n’ont pas été appliquées ? Le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières a fait savoir au micro de RFI, au sortir de la réunion qu’«il ne sera pas facile d’examiner en quelques jours des situations qui se sont passées il y a 10 ans ou plus et qu’il va falloir se donner le temps de voir clair dans les décisions judiciaires qui n’ont pas été respectées ou appliquées». N’ayant pas eu gain de cause, les manifestants sont retournés à la Bourse du travail où ils voulaient inciter leurs militants à une marche, hier mercredi.
La police anti émeute informée de leur vrai mobile qui n’est autre que d’ébranler le pouvoir et de déstabiliser le pays ne les a pas laissés faire. Le millier de manifestants venu pour la cause a été chassé manu militari de la Bourse du travail, siège de la centrale syndicale Untm. Un important déploiement des forces de l’ordre était visible sur l’itinéraire, du boulevard de l’indépendance à la Cité administrative. Faux prétextes mis en avant
La réclamation des droits liés à la terre ne serait qu’un prétexte mis en avant, susurre-t-on dans certains milieux Les manifestants seraient à la solde de lobbies alter mondialistes dont Fian international est leur premier principal bailleur de fonds. Fian international, créé en 1986 avec son secrétariat basé à Heidelberg en Allemagne et à Genève en Suisse, se donne la vocation d’une « organisation de droits humains à faire campagne pour la réalisation du droit à l’alimentation ». Dans son statut, il est dit : « Fian international attire l’attention sur les violations du droit à l’alimentation. Fian s’élève contre les pratiques injustes et oppressives qui privent les individus de leurs moyens de subsistance. Fian s’efforce d’assurer aux personnes un accès aux ressources et aux revenus dont elles ont besoin pour se nourrir aujourd’hui et dans le futur ». Fian a un statut consultatif auprès des Nations unies.
L’Union des associations pour le développement et la défense des droits des démunis (Uacddd), la CAD-Mali, l’Aopp et la Lijdh qui sont les initiatrices de ces manifestations sont adossées à Fian international. Un autre détail : le controversé député et secrétaire général du parti Sadi, Dr. Oumar Mariko, est soupçonné d’être un parrain du mouvement. Une accusation qui sied à l’homme pour qui connaît ses agissements de trouble-fête et souvent d’atteinte à la sécurité du pays.
Fian et ses acolytes, selon les mêmes milieux, feraient une mauvaise guerre aux autorités dont l’un des soucis majeurs est la lutte contre la pauvreté. Des efforts sont consentis aujourd’hui pour le développement de l’agriculture. Les accusations contre les accaparements de terre dans la zone Office du Niger ne seraient donc pas justes.
La zone Office du Niger et celle de Sélingué ont été aménagées essentiellement pour l’agriculture mécanisée et pour une production agricole intensive. Malgré leurs superficies qui se chiffrent à des millions d’hectares, notre pays n’a jamais été autosuffisant en céréales. De l’indépendance à nos jours, le Mali a toujours importé du riz, du mil, du sucre et même des légumes et agrumes alors que le seul Office du Niger judicieusement aménagé et exploité peut nourrir l’Afrique.
Il a été conçu en 1932 par le colonisateur français pour servir de grenier pour la sous-région. Mais le Mali est encore loin du compte. Le PDG de l’Office du Niger, Ilias Goro, a dit récemment au cours d’une rencontre que «le Mali est à 110 000 hectares des terres aménagées depuis l’indépendance avec des possibilités de 2 millions d’hectares«, a-t-il dit.
Le temps est révolu pour l’agriculture familiale avec des moyens rudimentaires comme la daba, la charrette. Les pays qui nous déversent le surplus de leur production, à savoir les USA, le Brésil, le Japon, la France et certains pays de l’ex-bloc socialiste, ont fait de l’agriculture mécanisée le moteur de leur développement.
C’est ce système vers lequel sont en train de s’acheminer nos autorités, et c’est ce système qui est sabordé par les mêmes associations et organisations que d’aucuns n’hésitent pas à traiter «d’ennemis du développement du Mali«. A cause d’elles, les projets Malibya, Sosumar et Raja sont tombés à l’eau.
Ces trois grandes sociétés avaient prévu des centaines de milliards de F Cfa pour aménager l’Office du Niger. Elles ont eu peur d’aller au bout de leur projet à cause des mêmes agissements des villageois soutenus par ces associations. Les plus courageux comme N-Sukala et le Groupe Kéita qui sont allés au bout de leurs actions sont aujourd’hui en train de faire des merveilles dans la zone. Ne pas céder aux associations
Le premier récolte 60 000 tonnes de sucre par campagne avec un investissement de 100 000 dollars US et le second fait 40 000 tonnes de pommes de terre avec 20 milliards de F CFA d’investissement.
Au vu de ces succès, le gouvernement, dans sa volonté de faire de l’agriculture le moteur du développement, a décidé d’aménager des agropoles dans la zone Office du Niger. Il s’agit de réaliser ou de soutenir la réalisation de grands projets agricoles, soit en encourageant l’initiative privée soit en faisant appel aux bailleurs de fonds ou aux investisseurs étrangers.
Le gouvernement ne doit en aucun cas céder sous la pression de ces associations, ce qui risque de briser l’élan de ceux qui ont consenti d’importantes réalisations ou même de contrarier sa propre politique qui a toujours consisté à inviter les investisseurs à s’installer dans la zone.
Tout comme on ne doit pas faire la promotion de la petite agriculture à l’Office du Niger, il est indécent de faire de même pour l’agriculture périurbaine. Avec le développement urbain de Bamako, il est malséant d’encourager le petit jardinage, des champs ou encore l’élevage aux portes de la capitale.
Tout combat dans ce sens vise à défendre des intérêts sordides et devient du coup une guerre de mauvais aloi. Le gouvernement doit rester sur ses gardes et éviter en même temps de commettre l’irréparable.