Cinq mois après l’assassinat de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et de Claude Verlon qui ont été enlevé et tués le 2 novembre 2013 à Kidal, on ne sait toujours rien sur l’auteur ou les auteurs de ce crime malgré l’annonce de l’ouverture de deux enquêtes simultanément à Paris et à Bamako.
On a appris que le juge malien chargé du dossier, Mahamadou Kassogué, ne s’est toujours pas déplacé sur les lieux de crime pour des raisons de sécurité. Ce qui veut dire qu’il n’a donc rencontré aucun témoin, et le principal suspect, Baye Ag Bakabo, que certains ont dit avoir aperçu à la frontière avec l’Algérie. Chez nos confrères de Jeune Afrique, un magistrat malien a dénoncé, disons reproché à l’armée française de « ne rien faire pour faciliter les investigations ». « C’est la triste réalité », a enfoncé un procureur en poste à Bamako.
La situation est pareille en France où l’enquête menée par le parquet de Paris en est toujours au stade préliminaire. C’est pourquoi, le 26 mars, les proches de la journaliste, réunis au sein d’une association (Les amis de Ghislaine Dupont), ont dénoncé le « silence de plomb » qui règne autour de cette affaire. Nos confrères de JA ont rapporté que le parquet de Paris a promis qu’un juge d’instruction serait désigné dans les prochaines semaines et qu’une demande d’entraide internationale avait été lancée fin janvier par le procureur de la République au siège des Nations unies, à New York.
« Exceptionnelle » selon le parquet, « compliquée » de l’aveu même d’un avocat, elle vise à auditionner des casques bleus qui assuraient, au moment des faits, la sécurisation de Kidal. « Peut-être pour vérifier les informations fournies par l’armée française », suppose un habitué du dossier, qui rappelle qu’il subsiste de « nombreuses zones d’ombre ».
L’hypothèse privilégiée est celle d’un rapt qui aurait mal tourné. Mais pourquoi ? Sur deux points, les proches des victimes doutent de la version de l’armée française. Alors que celle-ci indique avoir découvert les corps à 14 h 30, la nouvelle de leur mort circulait dans tout le pays une demi-heure plus tôt. Ensuite, des témoins parlent d’un hélicoptère français sur zone vers 14 heures, alors que l’armée assure que l’appareil ne serait arrivé qu’à 15 h 30. « Les soldats français ont-ils tenté d’intercepter le véhicule ? » s’interroge un ami des journalistes disparus, qui rappelle que le commanditaire présumé du rapt, Abdelkrim al-Targui, détiendrait toujours l’otage français Serge Lazarevic. « C’est peut-être un frein à l’enquête ».
En tout cas, de nombreux magistrats maliens continuent à penser qu’il y a une volonté manifeste de bloquer l’enquête.
Rassemblés par YC