Les déplacés maliens qui ont courageusement opté de retourner chez eux font face à de dures réalités économiques.
C’est la principale inquiétude qui ressort d’une récente analyse dressé par les Réseaux d’information régionaux intégrés (en anglais IRIN : Integrated Regional Information Networks), un service qui est rattaché au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU.
Du constat de l’IRIN, les rapatriés maliens trouvent la cause de ces difficultés économiques dans la destruction, lors de la crise politico-sécuritaire de 2012, « de leur commerce, leur bétail, ainsi que les autres moyens de subsistance ». La même crise qui les a poussé à se réfugier à l’intérieur et en dehors du pays.
Aujourd’hui, la situation se rétablissant mieux sur le plan sécuritaire dans le nord, beaucoup de ceux qui avaient initialement fui leurs habitations, y retournent.
L’Organisation internationale des migrations (OIM) établit un bilan des rapatriements mais le rythme de ces retours a vraisemblablement été sous-estimé par les experts ces jours-ci. D’autant plus que les autorités maliennes ont largement contribué à ces retours volontaires d’où l’accroissement de leur nombre.
D’après Bakary Doumbia, le chef de mission de l’OIM au Mali « Si nous ne réorientons pas nos efforts au Nord, ceux qui sont rentrés risquent de partir une nouvelle fois. Nous craignons un deuxième déplacement »
Une fois chez eux, les rapatriés sont confrontés à une vraie misère économique
En effet, « ils repartent à zéro » explique Mamoutou Thiam, conseiller technique auprès du ministère du Travail et des Affaires sociales et humanitaires. Ils doivent reconstruire une nouvelle vie. C’est donc un véritable défis pour eux de se reprendre en mains.
Le contexte économique des régions du nord est évidemment plus désastreux que ceux des autres parties du Mali. De l’avis d’un économiste « la reprise économique n’est pas pour demain ». Même si le gouvernement malien consent beaucoup d’efforts pour la reprise des services publics, la sécurité reste le véritable obstacle au retour des opérateurs économiques.
A cela, il faut ajouter, la difficulté pour les rapatriés d’avoir accès au crédit. Certains, comme Adama Maiga, un tailleur originaire de Gao, arrivent à se débrouiller. Mais malgré leurs cris de cœur à l’attention des acteurs politiques et financiers, rien n’est encore fait pour améliorer leur situation.
Cette difficulté d’accès au financement impacte durement sur la reprise des activités économiques car ils sont nombreux, les commerçants ayant perdu leurs fonds dans la crise. Les actions en faveur des rapatriés doivent se conjuguer à la fois en termes sécuritaires mais aussi économiques.