Protestation contre l’isolement de trois cas suspects d’Ebola dans les environs de Lassa : Des échauffourées hier entre jeunes et policiers font 8 blessés dont 2 graves
La matinée d’hier jeudi 3 avril a été très mouvementée à Lassa un quartier de la commune IV du district de Bamako. Les jeunes de cette localité ont violemment manifesté contre l’installation par les services du ministère de la Santé d’un centre d’isolement des cas suspects de personnes atteintes du virus Ebola qui vient de faire récemment son apparition en Guinée. Les affrontements avec les policiers ont fait plusieurs blessés, dont deux cas graves. Les jeunes ont donné un ultimatum de 24 heures aux services de santé pour déplacer le site en question.
Si officiellement le gouvernement malien soutient qu’il n’y a pas de cas confirmé d’Ebola au Mali, les services sanitaires sont en état d’alerte et des cas suspects ont été détectés à Bamako. Malheureusement, le ministère de la Santé ne dispose de nos jours d’aucun centre hospitalier adapté à recevoir ces cas. Le centre épidémiologique de Lazaret situé au flanc de la colline de Niomirambougou qui accomplissait cette mission ayant été entièrement englouti par les constructions.
Pour faire face à la situation, le département de la santé a sollicité du gouvernorat du district un site pour isoler les trois cas pour le moment déclaré. Le chef de l’exécutif de la capitale par décision n°587 a choisi un emplacement situé sur la colline entre le quartier de Lassa en commune IV et la ville de Kati. Le site était prédestiné à recevoir l’hôpital de campagne que le Maroc a offert au Mali, qui a été déplacé à Sébénikoro.
Ainsi, le mardi soir, les agents des services de la santé avec le médecin-chef de la commune IV en tête se sont présentés au chef du quartier de Lassa pour l’informer de la décision d’installer des stands sur le site pour isoler les malades suspects d’Ebola. Au moment où celui-ci s’attelait à réunir ses conseillers pour débattre de la question et décider de la suite à donner, ils ont été surpris de constater que les stands d’isolement sont déjà dressés sur le site. Deux malades internés. Ce qui provoqua l’ire de toute la population. Car celle-ci ne comprend pas comment face à une maladie aussi grave, on vient exposer leur vie sans aucune mesure d’accompagnement, ni information préalable. Le site en question est à moins de trois kilomètres des concessions et est entouré par de nombreux villages : Sanankro, Bankoni, Sikoro, Koulouniko et Kaderbougou.
Dépassé par la situation, le chef du quartier convoqua alors l’élu communal local lui-même médecin de son état, pour savoir ce qui s’est passé. Entre temps, le ministre de la Santé, qui s’est rendu sur le site le mercredi dernier, a été interpellé par les autorités locales qui ont exprimé leur opposition à ce projet. Le ministre aurait trouvé le site inapproprié et promis de le faire déplacer sans dire quand et comment. Face à l’irresponsabilité des autorités communales, les jeunes du quartier sont massivement sortis hier matin pour protester et barricader l’accès du site aux agents sanitaires. Une centaine de policiers envoyés sur place s’en prendront violemment aux jeunes pourchassés jusque dans les domiciles. Le bilan est de huit blessés dont deux graves (Sokona et Alou Kéïta) admis à l’hôpital Gabriel Touré.
Une délégation de la chefferie de Lassa a été reçue hier par le ministre de la Santé et le gouverneur du district qui ont promis de trouver rapidement une solution à cette situation.
Dans un communiqué rendu public hier en début de soirée, le gouvernement a révélé que des prélèvements biologiques ont été effectués sur les trois cas et les échantillons envoyés pour analyse au laboratoire de référence du CDC d’Atlanta, aux Etats Unis. En attendant les sujets placés en isolement reçoivent des soins appropriés et les dispositifs de surveillance restent renforcés. « Le gouvernement précise que le concept de cas suspect ne veut pas forcément dire maladie de fièvre Ebola » peut-on lire dans le communiqué.