Tout porte à croire que le second délai de la Cedeao au président de la transition pour former un gouvernement d’union nationale sera lui aussi prorogé.
Car, Dioncounda Traoré a bien d’autres soucis en tête que de coller à la minute près à des échéances qui sont d’ailleurs généralement plus indicatives plutôt qu’impératives. Certes, le capitaine ne peut pas traîner le pas ne serait-ce que pour épargner au pays la démobilisation de l’administration publique qu’induit, le plus souvent, l’attente de changement de gouvernement. Mais le Mali n’est pas de granit. Pour preuves : ses désespérantes discordes ainsi que ses régions entières livrées à de nouveaux maîtres.
Le gouvernement consensuel prescrit ne saurait alors être la finalité mais le moyen de mettre fin aux embardées du bateau ivre par un attelage qui ne peut être que celui de la dernière chance. Parce que les Maliens ont un besoin criard de se refaire une fierté et un visage qui peut soutenir le regard du monde.
Que le président veuille se donner le temps de boucler les concertations entamées et d’en tirer les justes leçons avant de commencer les consultations est, à cet égard, absolument normal. L’enfer qu’il a vécu en mai dernier, l’espoir qu’ont incarné son retour et sa vision des choses sont des marqueurs : ils lui interdisent désormais de faillir ou de faiblir. Hormis le gouvernement, ses compatriotes attendent d’en savoir plus sur le type de dialogue national qu’il leur proposera. Ils attendent également plus d’explications sur les institutions de transition proposées moins pour les remettre en cause que pour se les approprier. Pour le reste, nous le savons tous : rien ne sera simple pour lui.
Et rien ne lui sera pardonné. Ses agresseurs de mai pourraient même être des anges à côté des déçus qu’il fabriquera en série ce mois d’août. Peu importe, si c’est pour le Mali qu’il nous promet. Et qui est faisable si comme les Chinois, nous voyons dans l’infortune un atout.