C’est l’Adjudant Youssouf Fofana, secrétaire général du syndicat de la police nationale et secrétaire à l’organisation du comité exécutif de la Cstm, qui s’en plaint à votre journal. En prélude à la marche syndicale que la confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm) projette d’organiser demain mardi 8 avril, il s’est confié à nous. Lisez.
Le Prétoire : Monsieur le secrétaire à l’organisation, la Cstm envisage de battre le pavé le mardi prochain, pourquoi ?
L’initiative de la marche, je peux dire que tout est parti du problème de la police. Les policiers ont essayé depuis un certains temps de régler le problème en famille, sans succès. Il s’agit d’abord de la violation des textes par la hiérarchie et le mauvais traitement des syndicalistes au niveau de la police, et surtout moi, le secrétaire général qui est harcelé par les plus hautes autorités de la police sur du faux. Par tous les moyens, on a essayé de décanter la situation mais sans succès. La Cstm s’est impliquée personnellement dans ce problème là pour trouver la solution, en vain, car la direction a fermé la porte au dialogue. Maintenant, avec d’autres problèmes que la Cstm traitait. A l’unanimité des comités membres de la Cstm nous avons décidé d’organiser une grande marche d’envergure.
Concrètement quels sont vos points de revendications ?
Bon ! on a un certain nombre de griefs contre l’Etat, mais aussi des propositions que nous voulons faire pour trouver la solution. Parce que tout le monde sait que ce pays a besoin d’accalmie. Ce n’est pas dans l’injustice que vous pouvez museler les gens pour ne pas revendiquer leurs droits. Tant qu’il y aura injustice les gens vont réclamer. Au niveau de la centrale, il y a assez de points de revendication : il y a le problème de licenciement massif des travailleurs dans les mines, les violations de la liberté syndicale au sein de la police par exemple, l’intégration des enseignants contractuels dans la fonction publique des collectivités. Il y a la cherté de la vie, l’insécurité est là, et l’injustice est là. Nous avons voulu résoudre ces problèmes avec le gouvernement qui n’a pas voulu. Ce qui nous a conduits là où nous sommes.
En tant qu’agent de sécurité, vous parlez d’insécurité, qu’entendez-vous par là ?
Je vous donne un exemple, le cas Papa Mamby, un policier dévoué pour la cause nationale, qui travaille nuit et jour. Si on veut lui extorquer ses deux bras pour qu’il ne puisse pas travailler, pour le décourager, c’est pour donner place à l’insécurité. Je ne citerai pas de nom, mais ce qui est sûr, s’il était là, le problème de l’incendie du marché n’allait pas avoir lieu ou au moins il aurait mis la main sur les malfrats. Comme cela se dit qu’un second groupe a voulu mettre le feu au marché pour la seconde fois, si Papa était libre de ses mouvements, il allait mettre fin à cela. Aujourd’hui, la police est démotivée et démoralisée, c’est pour faire place à l’insécurité. Et c’est ça le vœu du directeur de la police aujourd’hui. Vous pouvez remarquer la montée grandissante du banditisme à Bamako et dans les autres localités du Mali.
Quels sont les syndicats affiliés les plus touchés aujourd’hui par ces maux ?
Les syndicats affiliés les plus touchés sont par exemple, les mines, Securicom, la police, les enseignants contractuels. Nous pensons que le président IBK est venu au pouvoir pour dire la vérité aux Maliens. On ne veut pas dire la vérité aux gens. On veut juste s’asseoir tous autour d’une table et qu’on se dise les vérités, le mensonge ne résoudra pas le problème. La Cstm a plein de problèmes, et ce, au niveau de tous les syndicats affiliés. Les problèmes ne font que s’accumuler de plus en plus. On ne peut pas se taire sur ces problèmes. On demande au gouvernement de revoir sa copie pour trouver la solution à ces problèmes dans l’intérêt général de tout le monde.
Avec quel œil, la hiérarchie de la police voit votre participation à cette marche ?
Hier, j’ai vu le ministre de la sécurité intérieure, Sada Samaké, publiquement il m’a tout dit. Il m’a menacé ouvertement. Il dit qu’il va me licencier, il dit qu’il va me radier. Il va couper mon salaire. Il affirme que je vais faire les frais de cette marche. Je suis syndicaliste, rien que syndicaliste. Mon avenir est entre les mains de Dieu et de personne d’autre. La marche va avoir lieu et j’y serai sur la première ligne en tenue correcte. J’appelle tous les policiers à y participer afin de réclamer leur droits et de lutter contre l’injustice. Les destins des hommes appartiennent à Dieu. Si les autorités de ce régime me radient, un autre régime, Inch Allah, peut me réhabiliter. Je reste serein, je ne me laisserai pas intimider par qui que ce soit. Je reste mobilisé pour la défense des droits des éléments de la police qui m’ont désigné comme leur représentant. Dieu est grand.
Quel est l’itinéraire de cette marche ?
La marche est prévue pour le 8 de ce mois c’est à dire demain mardi. Le point de regroupement et de départ est le siège de la Cstm au quartier du fleuve près de l’ancien ministère de la justice. De là-bas, on passera par la BDM et la route de Malimag en empruntant la voie de la nation pour aller à la place de l’indépendance. Là-bas, nous allons demander à rencontrer le Premier ministre à qui nous allons remettre une copie de nos doléances.
Quelles sont les dispositions sécuritaires que vous avez prises pour éviter des débordements ?
Je suis un agent de la sécurité, j’ai fait le maintien pendant 7 ans avec le même Ibrahim Boubacar Keita quand il était Premier ministre. Nous savons comment encadrer une marche. Je ne vais pas vous donner de secrets pour éviter de dévoiler le dispositif. Ce qui est sûr, en collaboration avec la mairie et les autorités, nous allons trouver la solution. Mais retenez que cette marche ne vise point à faire du mal. Elle n’est pas violente, elle vise juste à nous faire entendre de la façon la plus pacifique possible. On veut défendre les intérêts matériels et moraux des membres.