Alors que Bamako est toujours dans l`attente d`un gouvernement d`union nationale apparemment bien difficile à former, la Cédéao a tenté un grand coup diplomatique. Le médiateur Djibril Bassolé s`est rendu avec un conseiller dans les villes de Gao et de Kidal, et a ainsi rencontré en tête à tête Iyad Ag Ghali, ce mardi 7 août 2012. Si le dialogue se fait avec ce dernier, leader d`Ansar Dine, il semble bien plus compliqué avec le Mujao. Retour sur cette journée de discussions.
C`est dans un avion militaire du Burkina Faso que Djibril Bassolé, ministre des Affaires étrangères burkinabè et médiateur de la Cédéao a effectué son périple. Au petit matin, lorsqu’il arrive à Gao, la ville est quadrillée par les forces du Mujao.
Il met l`accent sur le symbole de sa présence : rencontre des habitants, visite en trombe à l`hôpital, rencontre de la société civile, avant de filer à Kidal sans prendre une minute pour discuter avec les cadres du Mujao venus l`accueillir à l`aéroport.
Dans une ville désertée, les djihadistes tiennent la population à l`écart de la rencontre entre le médiateur et Iyad Ag Ghali.
Dialogue proscrit avec le Mujao ?
Le face à face entre les deux hommes dure une heure, au cours de laquelle le leader d`Ansar Dine réaffirme sa volonté d`instaurer la charia dans le nord du Mali. Puis il admet qu`il soutient la médiation et déclare devant les rares journalistes présents : « Nous sommes contents, Allah va aider chacun à trouver le chemin qu`il veut. »
Des propos ambigus qui laisse planer le doute sur la position de ce stratège toujours lié à Aqmi, alors que la Cédéao lui demande justement, depuis des semaines, de prendre ses distances avec les terroristes.
Le médiateur quitte ensuite Kidal et repasse en express à Gao mais ne rencontre toujours pas les leaders du Mujao. Djibril Bassolé, venu présenter des modalités de négociations, n`a visiblement pas eu les mêmes consignes à appliquer selon les interlocuteurs. Si le dialogue semble possible avec Ansar Dine il est visiblement proscrit avec le Mujao.