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L’Essor N° 17653 du 8/4/2014

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Le président Keita au 20e anniversaire du génocide à Kigali : « par solidarité et compassion avec le peuple rwandais »
Publié le mardi 8 avril 2014  |  L’Essor


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Le président Keita au 20e anniversaire du génocide à Kigali
Kgali, le 07 avril 2014. Le chef de l’Etat était l’invité spécial de son homologue rwandais Paul Kagamé à la commémoration du génocide de 1994 qui a fait 800 000 victimes. La commémoration officielle du génocide des Tutsi en 1994 a débuté hier à Kigali, la capitale du Rwanda


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Le chef de l’Etat était l’invité spécial de son homologue rwandais Paul Kagamé à la commémoration du génocide de 1994 qui a fait 800 000 victimes

La commémoration officielle du génocide des Tutsi en 1994 a débuté hier à Kigali, la capitale du Rwanda. 20 ans après, le peuple rwandais pleure toujours ses morts. Invité personnel de son homologue rwandais, Paul Kagamé, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, accompagné de son épouse, Mme Keita Aminata Maïga, prend part à Kigali au 20e anniversaire du génocide qui a frappé ce pays peuplé aujourd’hui de 11,4 millions habitants installés sur 26 338 km2 dans la région des Grands lacs, au cœur de l’Afrique centrale.

«Aucun homme qui a du cœur ne peut rester insensible à ce qui est arrivé au peuple rwandais», a souligné le président Keita qui à son arrivée dimanche soir à Kigali, a confirmé être venu « par solidarité et compassion avec le peuple rwandais ».

Placée sous le triple signe du souvenir, de l’unité et du renouveau, cette 20e commémoration est pleine d’émotion et d’indignation. Expression saisissante de la sauvagerie dont l’homme est capable, ce génocide qui a fait plus 800 000 victimes reste gravé au fer rouge dans la mémoire collective du peuple rwandais. Le travail gigantesque de réconciliation nationale entamé depuis 1994 a cependant donné de résultats visibles jusque dans les rues de Kigali. Ici, les bourreaux d’hier se sont repentis et ont demandé pardon. Les victimes, elles, ont pris de la hauteur pour accepter le pardon en dépit de la profondeur des blessures. Parallèlement, la justice fait son travail au nom du devoir de vérité.

Un rappel succinct des tristes faits de cette période noire au pays des milles collines. Le 7 avril 1994 fut le jour fatidique. Ce matin là, les Rwandais se rappellent encore, des milliers d’extrémistes Hutu s’emparent de la rue avec machettes et armes à feu, lancent « la chasse » aux Tutsi et aux Hutu modérés. Pendant trois mois, 800 000 Tutsi et Hutu modérés sont massacrés, soit 14 % d’une population estimée à l’époque à 7,3 millions d’âmes. Parmi les morts, plusieurs milliers de femmes et enfants.

Cette folie humaine a été déclenchée le 6 avril 1994 par la destruction par un missile de l’avion qui transportait les présidents rwandais et burundais, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira. Tous deux meurent dans l’explosion aux environs de l’aéroport de Kigali.

Pour la communauté hutue chauffée par une propagande de mort, l’auteur de cet attentat ne pouvait être que le Front patriote rwandais dirigé par l’actuel président du Rwanda. Le prétexte était suffisant pour lancer l’extermination de l’ethnie minoritaire tutsi et de quelques Hutu modérés, accusés de haute trahison.

100 JOURS DE GENOCIDE. Le 1er octobre de la même année, des Rwandais exilés et regroupés au sein du FPR décidèrent de revenir au pays à partir de l’Ouganda voisin pour prendre le pouvoir par les armes. In fine, les autorités rwandaises perdirent la guerre civile au profit du FPR, mais atteignirent en revanche leur objectif génocidaire contre les Tutsi.

D’une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l’histoire et celui qui fit le plus grand nombre de morts par jour.

20 ans après, le Rwanda fait toujours le deuil de ses morts. Mais dans un esprit de justice et de vérité. C’est ce que rappelle en substance le président rwandais au stade Amahoro de Kigali noir de monde ce lundi.

Avant d’arriver au stade, le président Keita s’est joint à ses pairs au Mémorial du génocide situé dans le quartier Gisozi. Ici, Paul Kagamé et ses invités ont ravivé une flamme du Souvenir qui brûlera pendant 100 jours, la même durée que le génocide. Une chorale rythmée de prières anime cette cérémonie funèbre dans l’arrière cour du mémorial. Le cérémonial était tout aussi empreint d’émotion : tous les officiels debout et devant chacun d’entre eux, une gerbe de fleurs.

Au stade Amahoro, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, et une vingtaine de chefs d’Etat ont pris place à la tribune officielle. Diplomates et autorités administratives et politique rwandaises se sont installés juste à côté. Le reste des gradins est pris d’assaut par des Rwandais, victimes et bourreaux confondus, plongés dans une profonde communion. C’est dire que le pardon est toujours possible.

Sur un écran géant qui domine le stade, des messages d’encouragement et de condoléances de personnalités du monde entier, de diverses sphères sociales, passent en boucle. Beaucoup de spectateurs n’ont pu retenir leurs larmes durant la cérémonie. De nombreuses personnes présentes étaient témoins oculaires – sinon acteurs – de la tuerie. Ceux que les larmes étouffent ou que la souffrance tétanise sont évacués du stade par une brigade d’urgentistes. Pendant ce temps, le speaker égrène les principales étapes de ce qui est considéré comme l’un des plus grands drames humains de l’histoire.

MAGNIFIER LE COURAGE RWANDAIS. Pour raviver les souvenirs, une mise en scène théâtrale qui a réuni plusieurs centaines de jeunes, mime les étapes du génocide. Les âmes sensibles craquent : les pleurs retentissent de nouveau aux quatre coins du stade.

Des orateurs célèbres se sont succédé au pupitre pour magnifier le courage du peuple rwandais. Ban Ki Moon, le président ougandais, Yowerri Museveni, et la présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini Zuma, ont exprimé leurs émotions et leurs condoléances aux familles des disparus avant d’appeler les Rwandais à demeurer forts et travailleurs.

Plus jamais ça, disent-ils en substance, en appelant à l’apaisement des cœurs et à l’union des esprits. Le président Kagamé prit en dernier la parole pour appeler à son tour ses compatriotes à s’unir davantage pour donner naissance à un pays débarrassé de toute ségrégation et de toute injustice. Il a dit sa foi en l’avenir de son pays parce que les Rwandais sont obligés de vivre ensemble.

Pour ce qui est du génocide lui-même, Paul Kagamé dira que les responsables sont des Rwandais. Mais les implications, ajoutera-t-il, vont au delà du pays. « Les faits sont têtus », lance-t-il avant de décréter la fin de toute ingérence dans les affaires internes de son pays. « Le nouveau Rwanda » est donc né des cendres du génocide des Tutsi. « Si le génocide témoigne de la stupéfiante capacité de l’être humain à soumettre ses semblables à la cruauté, les choix du Rwanda montrent ses capacités de renouveau », a souligné le président Kagamé. Et d’ajouter : « A ce jour, la moitié de la population rwandaise est âgée de 20 ans ou moins. Près des ¾ ont moins de 30 ans. Ils sont le Rwanda nouveau. De voir ces jeunes gens portant la flamme du Souvenir dans tous les coins du pays au cours des trois derniers mois est un signe porteur d’un énorme espoir ».

Dernier acte de cette commémoration, une marche populaire a été organisée à Kigali. Le président Keita et son épouse y ont pris part pour partager la douleur d’un peuple meurtri qui, heureusement, retrouve sa voie.

Envoyé spécial

A. M. CISSE

IBK RENCONTRE BAN KI MOON ET SAMANTHA POWER

Aussitôt arrivé à Kigali dimanche après-midi, commence le ballet diplomatique à Serena Hôtel où le chef de l’Etat a pris ses quartiers. La première personnalité que le président Keita a rencontrée est le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon. Le tête-à-tête qui a duré près d’une heure d’horloge a permis aux deux personnalités de passer en revue les questions d’actualité. « Nous avons fait le point : je lui ai dit toutes mes attentes et je crois que nous nous sommes compris », a indiqué Ibrahim Boubacar Keita, après l’entretien auquel ont assisté notre compatriote Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onu Sida, le ministre du Travail, des Affaires sociales et Humanitaires, Hamadoun Konaté ainsi que le directeur de cabinet du président, Mamadou Camara. Au cours de la rencontre, ils ont aussi parlé de la stratégie intégrée pour le Sahel et du renouvellement du mandat de la Minusma.

Tôt lundi matin, le président Keita était l’invité de Samantha Power, l’ambassadeur des Etats Unis à l’ONU, à la résidence du consul de son pays à Kigali. Autour d’un petit déjeuner de travail, Ibrahim Boubacar Keita et la diplomate américaine ont notamment discuté de sujets d’ordre sécuritaire et humanitaire.

A. M. C.

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