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Délestage à Bamako : Les Maliens victimes du diktat du FMI
Publié le jeudi 10 avril 2014  |  Le Prétoire




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C’est parti et pour très longtemps, les délestages à Bamako et dans les grandes villes du Mali. Aujourd’hui, les Maliens assistent impuissants à ce phénomène que même la société n’arrivent pas à se l’expliquer. Mais apparemment, ce sont les injonctions des institutions de Brettons Wood qui mènent la danse et particulièrement le Fonds Monétaire International (FMI) qui menacent de fermer les robinets financiers si l’Etat n’arrête pas ses subventions au secteur de l’énergie.
L’on se rappelle de la visite de la patronne de la plus importante institution du monde, Christine Lagarde, dans notre pays au mois de février dernier.
Elle a indexé les subventions du gouvernement au secteur énergétique, qu’elle trouve budgétivore. Ce qui, selon elle, pousse l’Etat malien incessamment à tendre la main à son institution pour des aides ou des prêts. Deux mois après, la société Energie du Mali (EDM) se retrouve en difficulté de ravitaillement correct des services. Cette situation est due, selon les responsables de la société, à un manque criard de ressources financières pour faire marcher toutes les centrales thermiques. Ce sont, entre autres, les principales raisons qui expliquent les coupures d’électricité que la ville de Bamako connait actuellement. Comme pour ne rien arranger, le tarif d’eau et d’électricité prennent l’ascenseur.
Aujourd’hui, notre pays se relève péniblement d’une crise économique sans précédente, et c’est la pluie de milliards promise à Bruxelles au lendemain de l’élection présidentielle, qui fait qu’on souffle un peu. Mais le décaissement de ces fonds est conditionné à plusieurs choses dont la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Les Français sont allés jusqu’à installer un serveur devant suivre les traces de leur moindre centime, afin qu’il ne finisse pas dans les casseroles d’un ministre ou d’un fonctionnaire véreux, et Dieu sait qu’on en a.

Le Mali a besoin de cet argent mais il y a des conditions pour le toucher. Et on comprend aisément que la patronne du FMI, principal bailleur de la marmite gouvernementale, ait voulu se faire entendre sur la gestion des sous que son institution va débloquer pour nous aider.

Le gouvernement Tatam Ly a-t-il le choix ? Que non ! Alors que la subvention à la société énergie du Mali soit systématiquement coupée, bonjour les délestages et pour très longtemps. Car, il faut le rappeler, c’est l’Etat qui se saignait pour que la société puisse continuer à fonctionner normalement. Ainsi, depuis mars dernier, début de la période caniculaire, les habitants de la ville de Bamako vivent des coupures permanentes d’électricité qui peuvent durer toute une journée entière ou même la nuit. Et souvent, ce n’est qu’à partir de 22 heures que certains quartiers de la capitale sortent du noir. Un délestage qui fait que plusieurs entreprises sont en train de mettre la clé sous le paillasson et met du coup plusieurs personnes au chômage.
Les responsables de la société ne peuvent dire la vérité au peuple. Ils se contentent de communiqués laconiques dont le Directeur de la communication, Tiona Mathieu Koné, a lui-même du mal à s’en convaincre. Il explique que « la pénurie d’électricité dans nos familles et entreprises est dû à cette période, au fait que les installations sont très sollicitées, donc les centrales fonctionnent en pleine capacité pour satisfaire les besoins de la clientèle et c’est en ce moment où certaines faiblesses se manifestent au niveau du système. Donc, pour parer ces faiblesses, les agents de dépannage doivent procéder à des coupures d’électricité afin de travailler en toute sécurité ». Comme lui-même n’est pas convaincu de ce qu’il dit, il ajoute enfin le manque criard de ressources pour l’achat du combustible, dont le prix aurait fortement augmenté ces temps-ci.

Les Maliens ont vite vu une tentative de diversion. L’année dernière, c’était l’embargo occasionné par le coup d’Etat qui était à l’origine des coupures. Cette année encore, on dit autre chose.
Une autre chose qui agace plus d’un est de savoir que malgré la privatisation de cette société, elle a toujours vécu dans les caisses de l’Etat avec les subventions que ce dernier lui accorde. Jamais les dirigeants n’ont songé à lui trouver une solution de remplacement pour être autonome. C’est maintenant, que le Fmi demande à l’Etat d’arrêter cette hémorragie financière, qu’on s’agite dans tous les sens pour trouver la solution, qui ne viendra jamais. Maliens, prenez votre mal en patience et broyez du noir jusqu’à Dieu seul sait quand. Cependant, l’énergie du mal a le plaisir de vous annoncer que le barrage de Félou va bientôt être fonctionnel pour atténuer vos souffrances.
En attendant, le Fmi veille au grain et son argent doit aller à l’essentiel, mesdames et messieurs voilà la vérité qu’on ne veut pas vous dire.
Harber MAIGA

EDM.sa à l’agonie
L’aveu d’impuissance du DG
C’est un véritable aveu d’impuissance lorsque le Directeur Général de la société Energie du Mali (Edm.sa), Doroh Berthé, face à son incapacité de fournir de l’électricité aux Maliens, leur demande de prier. Pour cette requête peu ordinaire, il a animé un point de presse, au siège de la société, mardi 9 avril 2014.
Ce point de presse était précédé d’une visite de la centrale thermique de Darsalam où une société étrangère du nom d’Aggeko est en train d’installer une vingtaine de groupes devant produire 18Mgwatts chacun, et que l’Etat malien achètera avec elle.
Doroh Berthé a exposé toutes ses limites en termes de vision pour atténuer la souffrance des Maliens, qui se demandent encore pourquoi, ils continuent de payer des factures pour une société incapable. Il dira que la situation actuelle est sensible, délicate et complexe parce que le barrage de Manantali a perdu un groupe sur les cinq que compte la centrale, occasionnant 40 Mégawatts de moins. A la centrale de Sélingué, c’est le même phénomène, et cette fois c’est 44 Mégawatts. Celles de Balingué et Darsalam sont en difficultés aigues. Elles ne peuvent donc fonctionner au maximum de leur capacité.

Pour subjuguer ce déficit très important, il est allé quémander chez nos voisins ivoiriens quelques 45 Mégawatts. Quelle honte pour un pays comme le notre avec tout ce qu’on a comme installations et potentialités ? Le DG, dos au mur, dira que les délestages continueront encore, car le coût du combustible est très élevé pour sa société et que la seule solution reste pour les Maliens de prier pour qu’il pleuve mais aussi pour que les paliers des centrales de Balingué fragilisés ne lâchent pas. Ce qui, selon lui, peut arriver incessamment à cause de la vétusté des installations.
Des installations d’une autre époque
Il est écœurant de regarder le gâchis financier que cette société moribonde coûte à l’Etat malien. Une véritable hémorragie financière, diraient certains. L’Etat, malgré les injonctions des institutions de Brettons Wood, décide de donner 35 milliards de nos francs pour aider la société.
Mais le problème, ce n’est pas une question d’argent, mais d’installation et de compétence dans la gestion. Selon le DG Berthé, en principe chaque 10 ans, les installations des centrales doivent être révisées et faire l’objet d’entretien et de suivi, mais que jamais cela ne s’est produit au Mali. Et pourtant, l’actuel ministre de l’énergie, Frankaly Keita, était le directeur de la production pendant au moins 15 ans. Alors où est passé l’argent devant servir à la maintenance ? On est en droit de se demander. Conséquence : toutes les turbines des centrales sont défaillantes. Et le Dg est clair, il faut prier pour que celles encore en activité ne s’arrêtent pas. Comment une société comme l’EDM n’ait jamais eu l’idée de se préparer à être autonome ? Pourtant, il était prévisible ce qui nous arrive aujourd’hui. Car on ne peut continuer éternellement dans l’assistance de l’Etat. Tôt ou tard ça devait s’arrêter.
Pour parler des contrats opaques et autres malversations et mauvaise gestion du personnel avec des promotions actuelles des vieux cadres et du copinage, nous vous conseillons de lire le Prétoire du lundi prochain. D’ici là, continuez de broyer du noir. Nous y reviendrons !
Harber MAIGA

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