Le contexte actuel du Mali a suscité et continue de susciter des débats passionnés. A la faveur du coup d’Etat et de l’annexion d’une bonne partie du pays, des associations, coordinations et autres regroupements se sont crées. Mais sachons raison garder en politique, pareillement au fanatisme religieux, hooliganisme !
En effet, il faut se retrouver un jour à la barre, impliqué dans un procès pénal, face à des juges prêts à vous appliquer une peine, pour réaliser combien de fois la liberté n’a pas de prix. Un adage ne dit-il pas : «Qu’il faut être confronté à certaines difficultés pour mieux comprendre la vie ». Cet adage sied à ces trois responsables de la Copam qui, s’ils avaient mesuré la gravité de leurs actes, allaient réfléchir plus d’une fois avant de les poser. Car certains agissements, si nous ne prenions garde, peuvent nous coûter notre liberté et nous conduire tout droit en prison.
Hamadoun Amion Guindo, Younouss Hameye Dicko, Rokiatou Sanogo se sont tous retrouvés devant le tribunal de première instance de la Commune III du District de Bamako, pour répondre de faits de « troubles graves à l’ordre public », prévus et punis par la loi. Ils étaient tous là, arrêtés devant le juge, décoiffés pour les premiers, le regard absent pour tous, prêts à se soumettre aux séries de questions réponses. Pire, la scène se passait en public comme tout procès pénal d’ailleurs, en présence d’une foule nombreuse faite de badauds pour la plupart, venus pour la circonstance les regarder. Et le juge est le seul maître à bord, chargé d’appliquer la peine appropriée. Situation très vilaine et gênante quand on sait qu’il s’agit de chefs de famille avec femmes, enfants mais aussi des petits enfants. Tels de vulgaires délinquants, ils étaient là, impuissants, attendant que le juge décide de leur sort. On ne peut ne pas être touché. Mais compte ténu de la gravité des faits, il ne pouvait en être autrement. Ils sont accusés d’être à l’origine d’attroupements qui ont causé des troubles graves à l’ordre public et failli coûter la vie à un chef d’Etat. Ils auraient dû réfléchir plus d’une fois avant d’initier de tels projets. Car, comme on aime si bien le dire, « nul n’est au dessus de la loi. »
Le contexte actuel du Mali a suscité et continue de susciter des passions. A la faveur du coup d’Etat et de l’annexion d’une bonne partie du pays, des associations, coordinations et autres regroupements se sont créés. Qui pour défendre des droits, qui pour aider à la reconquête du pays, à la résolution de la crise. Mais certaines personnes obnubilées par des passions personnelles, politiques, syndicales ou même religieuses n’hésitent pas à poser des actes répréhensibles qui peuvent être préjudiciables à tous. Aujourd’hui le pays a bien d’autres priorités que d’inciter à la haine, à la violence, à la division, plus destructives que constructives. Certes, il est bon de faire de l’activisme, ne serait-ce que pour créer l’équilibre nécessaire à la marche de toute démocratie, celle à la malienne étant déjà fragilisée par des querelles personnelles et la volonté de s’éterniser au pouvoir et à tout prix. Mais le Mali de tradition paisible, où il fait bon vivre, de par la qualité des relations que les hommes ont su développer, faites de tolérance, de respect mutuel, d’amour pour son prochain et où tout peut se négocier, se pardonner pourvu que la manière y soit, pourra transcender ses difficultés. Pour preuves : les consultations que le chef d’Etat Dioncounda Traoré a entreprises en vue de la mise en place du gouvernement d’union nationale est un moyen d’associer toutes les composantes de la société aux étapes de prises de décision, par l’écoute et la considération qui seules pourront être salvatrices.
Aujourd’hui plus que jamais, les Maliens ont besoin de s’asseoir pour se parler et seul un homme rassembleur, plein d’humilité, pétri de qualités humaines et à mesure de mettre l’intérêt public au dessus du sien, saura relever ce défi. Dioncounda n’a-t-il pas pardonné à ses agresseurs ? Que les Maliens veuillent se donner la main pour tourner cette triste page de leur histoire, reprendre le nord et aller aux élections, conditions premières pour le retour des bailleurs de fonds. Les difficultés actuelles, l’espoir d’un retour à la normalité, doivent nous amener à transcender nos divergences et à nous mettre ensemble pour un retour rapide de la paix. Dans cette perspective, on tiendra compte de tout. Et gare aux fauteurs de troubles qui pourront répondre un jour de leurs actes devant le tribunal de l’histoire. Pourvu que l’intérêt du Mali l’exige. Binta Gadiaga