Je trouve que ce qui s’est passé est dans le cours normal de la démocratie. Il y a des gens qui ont voulu manifester leur désapprobation par rapport à ce que les Maliens ont convenu de mettre en place. Mais, dans une République, il y a de l’ordre et des forces qui sont préparées pour cela. Elles sont intervenues pour mettre de l’ordre devant l’Assemblée nationale. J’estime que chacun a joué son rôle. Je voudrais dire qu’on ne peut continuer à gérer notre pays dans la confusion. Il faut que la minorité accepte le fait de la majorité, c’est aussi la démocratie. Il faut également que le Mali puisse regagner le concert des nations civilisées. Cela veut dire qu’il doit avoir des Institutions qui doivent mettre en place la quiétude et la cohésion. Ce qu’ils ont fait l’autre jour n’est admissible. Ils n’avaient pas l’autorisation de marcher et, même s’ils l’avaient, ils doivent accepter que chacun puisse travailler.
Mohamed Yéro Diallo, Assistant parlementaire : «On n’a pas besoin de ces manifestations»
Par rapport à la manifestation de Yéréwolo Ton à l’Assemblée nationale, je pense qu’aujourd’hui on n’a pas besoin de cela. La situation dans laquelle nous nous trouvons commande l’union de toutes les forces politiques et de la société civile. Nous devons nous souder à Bamako et nous concentrer sur la reconquête du Nord. Récemment, les jeunes de Gao ont fait une lutte héroïque contre les islamistes qui veulent appliquer la Charia. Pour cela, on a besoin de tout le monde. On doit cesser les manifestations inutiles contre X ou Y.
Abdrahamane Sylla, 6e Vice-président de l’AN : «Les gens doivent être raisonnables»
Les gens de Yèrèwolo Ton ont déjà monté le siège devant l’AN pendant deux mois. Ils ont resurgi sur les lieux aujourd’hui pour créer d’autres problèmes. Dans la situation où nous sommes, les gens doivent être raisonnables. Il n’y a que dans la raison et l’entente que nous pourrons arriver à consolider quelque chose de durable. Je pense que le moment n’est pas approprié pour renouer avec la violence. Je regrette ce qui s’est passé devant l’Assemblée nationale. J’appelle à plus de pondération et de modestie. Les membres de Yéréwolo Ton doivent comprendre que c’est par le dialogue qu’on peut résoudre tous nos différends, au lieu de nous attaquer les uns aux autres.
Honorable Kalifa Doumbia, député élu en Commune VI : «L’Etat, en prenant ses responsabilités, a bien fait»
Je crois que dans cette atmosphère où l’on cherche un apaisement, s’il y a des gens qui veulent encore créer des troubles, l’Etat, en prenant ses responsabilités, a très bien fait. Cela devra continuer, pour qu’on sente qu’il y a un Etat avec l’ordre et la discipline. Je pense qu’il faut continuer ainsi pour lui redonner de la crédibilité.
Adama Coulibaly, Assistant parlementaire, Jeunesse URD : «Cette marche n’était pas opportune»
Par rapport à la marche de Yèrèwolo Ton, je pense qu’elle n’était pas opportune. Le contexte actuel, c’est l’apaisement. Le Président de la République, après son séjour à Paris, a fait des propositions. Elles sont partagées par toute la classe politique, la société civile et les confessions religieuses. On attend la mise en place de ces propositions pour y voir plus clair. Le mouvement doit comprendre que nous sommes en train de chercher une solution.
Mamoutou Diallo, Enseignant en vacances à Bamako : «Ce que Yéréwoloton fait me parait illégal»
Le Président de la République est la première institution du Pays. A mon avis, ce que cette association est en train de faire me paraît peu légal. Je l’appelle à la retenue. Parce que des actions comme la marche de l’autre jour, en cette période difficile pour notre pays, peuvent porter un coup sérieux à la quiétude sociale. C’est vraiment une démarche condamnable, surtout que certaines informations font état du fait que Yéréwolo Ton ne disposerait pas de récépissé. De toute façon, il faut qu’elle reste dans la loi. S’ils ont des revendications, la moindre des choses c’est de passer par des voies légales. Il y a des règles qui définissent les marches et autres manifestations.
Drissa Diakité, Diplômé sans emploi : «C’est Dioncounda qui est dans l’illégalité»
Ceux qui pensent que Yéréwolo Ton est dans illégalité se trompent. C’est Dioncounda qui est dans l’illégalité. Ses quarante jours sont terminés. S’il se faisait du souci pour ce pays, il n’aurait pas accepté la décision des chefs d’Etat de la CEDEAO prorogeant son mandat. Il revient aux Maliens de définir les organes et les personnalités qui doivent diriger cette transition. Le Mali est un Etat souverain. Mieux encore, Dioncounda Traoré et son clan sont en grande partie responsables de la situation que nous vivons. Nous voulons une nouvelle race d’hommes politiques.
Issa Doucouré, Mécanicien : «L’heure est à la retenue»
Je n’en veux pas aux jeunes de l’association Yéréwolo Ton parce que c’est çà aussi la démocratie. A mon avis, le moment n’est pas bien indiqué pour ce genre de manifestations. L’heure est à la retenue. Nous avons d’autres priorités. Personnellement, je n’aime pas Dioncounda. Mais, vraiment, il peut être la solution. Je pense qu’il faut le laisser continuer. Sinon, autant ATT est coupable de cette transition, autant Dioncounda l’est aussi pour avoir composé avec l’ancien Président. Personne n’a levé le petit doigt pour dire attention. C’est pourquoi je profite de l’occasion pour remercier certains de nos responsables politiques qui ont dit non au projet de réforme d’ATT. J’ai apprécié leur courage politique.
Ali Ongoïba, Boutiquier : «Tout le monde cherche son intérêt»
Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on nous dit que c’est un problème militaire. Il y a des gens qui essayent d’exploiter cette situation. Au Mali, tout le monde cherche son intérêt. De grâce, qu’on nous laisse en paix. On en a assez de cette situation. Pour moi, ce à quoi le Mali doit s’atteler maintenant, c’est la question du Nord. Tout ce qu’ont réclame à Bamako ici, ce sont des futilités. Ce n’est pas un problème politique. J’appelle mes compatriotes à plus de cohésion et d’unité pour relever les défis qui se posent à la nation en ces moments difficiles.
Propos recueillis par Youssouf Diallo et Yaya Samaké