Dans notre édito N° 280 du jeudi 12 juillet 2012, intitulé «La poire en deux», nous écrivions ceci: «… A l’issue des discussions, que tous acceptent que Dioncounda Traoré est bel et bien le Président de la Transition, parce que, jusqu’à présent, les responsables de la COPAM lui dénient ce titre… Ensuite, que tous admettent que Cheick Modibo Diarra conduira le gouvernement d’union nationale…».
Deux semaines après, Dioncounda Traoré est rentré de Paris pour tenter de former un gouvernement d’union nationale, à la demande du Groupe de contact pour le Mali, qui s’est réuni le 7 juillet dernier à Ouagadougou. Cette instance de la CEDEAO a invité la classe politique et la société civile maliennes à procéder à des consultations et à formuler au Président de la République par intérim des propositions, en vue de la formation avant le 31 juillet d’un gouvernement d’union nationale, chargé d’une feuille de route de sortie de crise. Le délai n’a pu être respecté. Dioncounda a théoriquement jusqu’au 10 août prochain pour présenter la nouvelle équipe gouvernementale.
Au moment où certains se posent toujours des questions sur un éventuel départ du Premier ministre, une forte coalition, composée de regroupements de partis et d’associations (COPAM, IBK 2012, Convention pour sauver le Mali et bien d’autres) formule de nouvelles exigences. Parmi celles-ci, deux ont retenu notre attention: la formation par le PM actuel du gouvernement d’union nationale et la tenue rapide des concertations nationales, sur convocation du même gouvernement.
Cela sous-entend pour cette large coalition que le maintien ou pas du PM n’est plus à l’ordre du jour. Selon elle, Cheick Modibo Diarra est le PM naturel de la crise actuelle et elle entend manifestement dessaisir Dioncounda Traoré de la mission à lui confiée par le Groupe de contact de la CEDEAO, qui a clairement dit que c’est au Président intérimaire de composer le nouveau gouvernement.
Le débat politique prend donc une nouvelle tournure, parce que cette coalition demande au savant de la NASA de former le gouvernement conformément à l’Accord cadre et à la Constitution. N’est-ce pas là une nouvelle crise politico-juridique qui se dessine, car le Premier ministre n’entend pas démissionner? Et Dioncounda Traoré n’a aucun pouvoir, ni politique, ni constitutionnel, pour le démettre. CMD s’impose donc au Président intérimaire. Celui-ci, par sagesse, doit donc composer avec lui pour sortir de cet imbroglio.
En fait, on peut penser que les animateurs de cette coalition jouent à la surenchère en formulant une telle doléance, qui, dans la forme, est conforme aux textes, mais, dans la réalité, est absurde. Tout le monde sait qu’en Afrique c’est bien le Président qui forme le gouvernement. Le reste n’est que protocole.
En procédant de cette façon, ces coalisés maintiennent la pression sur Dioncounda Traoré, qui sera contraint, par la force des choses, à reconduire le PM (que cela lui plaise ou non) ou à lui demander une ouverture large pour un gouvernement inclusif.
Cette coalition, à l’instar du tonitruant FDR, qui fait profil bas en ce moment, est en train de tomber dans les extrêmes.
Evitons ce genre de comportement en cette période cruciale de notre pays. Que chacun accepte céder quelque chose. En clair, c’est bien notre proposition de couper la poire en deux qui sied en la circonstance. Et Dioncounda Traoré doit agir, agir vite et bien. Plus le temps passe, plus des revendications maximalistes seront formulées.
Le Nord du Mali nous attend. La tenue d’un scrutin libre et transparent dans un délai raisonnable idem.