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IBK-OTL : Les gifles d’adieux
Publié le jeudi 10 avril 2014  |  L’aube




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Entre le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et son ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly, c’est la rupture. Totale et entière ? Sans doute. De la lettre de démission d’OTL, révélatrice des raisons du blocage gouvernementale à cause du chef de l’Etat, aux piques médiatiques d’IBK via ses services de communication, l’on doit s’attendre dans les jours à venir à des révélations (d’OTL) qui pourraient éclabousser la République. Le Mali a-t-il besoin, en ce moment précis de son histoire, d’un tel duel à distance de nature à promettre son avenir, déjà obscur ?

Le 5 avril dernier, la nouvelle de la nomination de Moussa Mara au poste de Premier ministre de la République du Mali a fait l’effet d’une bombe qui a noyé dans l’œuf ce qui devait pourtant être l’information du jour: la démission de Oumar Tatam Ly.

Cependant, c’est moins la promotion de Moussa Mara que le contenu de la lettre de démission d’OTL qui est à la base du clash entre le président IBK et son ancien Premier ministre.
En effet, contrairement à la pratique ordinaire qui voudrait que le Premier ministre présente sa démission en des termes simples conformément à la constitution, celle de Oumar Tatam Ly du 5 avril avait la particularité de faire des révélations troublantes et accablantes dans la gestion calamiteuse des affaires de l’Etat qui expliquait le marasme économique et financier actuel. C’est d’ailleurs pourquoi, là aussi contrairement à la tradition, la démission n’a pas été lue ou publiée dans les médias d’Etat.
Que révèle OTL ?

Oumar Tatam Ly invoque des divergences de points de vue avec le président de la République, pour justifier sa démission.
En effet, l’ancien Premier ministre écrit avoir relevé des dysfonctionnements et des insuffisances dans la marche du gouvernement, qui réduisent grandement sa capacité à relever les défis se présentant à lui. Il lui est alors apparu nécessaire d’imprimer à ce gouvernement, au sortir des élections législatives, dans un environnement institutionnel devenu moins favorable, des évolutions propres à lui conférer davantage de cohésion et à lui doter de compétences accrues lui permettant de mettre en œuvre les changements tant attendus par le président lui-même et par le peuple malien.

Afin de convaincre le chef de l’Etat de la nécessité de ces évolutions, Oumar Tatam Ly dit avoir eu quatre entretiens avec IBK : les 2, 3 et 16 mars ainsi que le 4 avril 2014. Mais, en VAIN. IBK est resté sourd à tous les signes d’alerte présentés par son Premier ministre.
« En conséquence, en considération de ces vues différentes qui ne me mettent pas dans la position de remplir la mission que vous m’aviez confiée, je suis au regret de vous présenter ma démission du poste de Premier Ministre du Gouvernement de la République du Mali », écrit Oumar Tatam Ly, qui refuse d’être la risée du peuple.
Par cette lettre, l’ancien PM démontre que le gouvernement qui a géré les affaires du pays pendant ces derniers mois (donc depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir) était incapable de relever le défi d’un pays qui sort d’une crise profonde et qui avait besoin d’une équipe-commando pour impulser une reprise rapide de l’activité économique.

Mieux, les multiples sollicitations d’OTL à l’endroit d’IBK pour changer l’équipe gouvernementale et le refus de celui-ci à le suivre, prouvent que les ministres sortants ont été presqu’entièrement choisis par le président. Lui, OTL, n’était qu’un faire-valoir, en attendant de former « son » gouvernement après les législatives.

Comme cette lettre de démission n’a pas été publiée (par exemple lue au Journal télévisé du soir ou dans un flash spécial), les services de la Primature ont mis l’info, avec copie de la lettre, à la disposition des médias étrangers. Les réseaux sociaux aussi s’en sont mêlés. Très tôt dimanche 6 avril, le pot aux roses, à savoir des dysfonctionnements et des insuffisances dans la marche du gouvernement, fut découvert et fit le tour du monde. Dans toutes les discussions, on ne parlait que de IBK, qui constitue le blocage même de l’Etat.
Réponse du berger à la bergère
Le lendemain, lundi 7 avril, IBK engage la surmultipliée à travers les services de communication de la Présidence (un article signé de la Cellule paru dans un journal de la place le confirme). La riposte est disproportionnée. Et fatale. Car, Oumar Tatam Ly est sali jusque dans son honneur et sa dignité.
Les journaux alliés à la Présidence, expliquant les raisons du départ de OTL de la Primature, publient en tirs groupés des qualificatifs qui frisent plus lugubres les uns que les autres Tels que « tares congénitales », « péchés de suffisance », « hypothèque sur les objectifs » et de « PM d’une autre trempe ».

Des révélations sur ses rapports compliqués avec les membres de son cabinet et plusieurs de ses ministres, son manque d’expérience politique, son effacement sur le terrain, son manque de visibilité, et de résultat ou encire son manque de charisme etc. sont distillés dans les médias. Ceux-ci vont plus loin en le soupçonnant de malversations subversives et, même, de CONSPIRATION contre l’Etat. Et, tout porte à croire que cette riposte présidentielle n’est pas encore finie.

La crainte aujourd’hui, c’est que Oumar Tatam Ly ne veuille, à son tour, contre-attaquer, en mettant sur la place publique tout ce qu’il sait. Et Dieu sait qu’il sait beaucoup de choses. OTL va-t-il parler ? Croisons les doigts.
Sékou Tamboura

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