Lors de la conférence de presse qu’il a animée mercredi dernier, sans vraiment citer leurs noms, le nouveau DG d’EDM-Sa Doroh Berthé, en poste depuis décembre dernier, a pointé un doigt accusateur sur le manque de révision décennale des centrales électriques de Manantali et Selingué, occasionnant des pannes au niveau de ces installations. Causant du coup des problèmes énergétiques aux populations, qui souffrent désormais le martyre par la faute d’une société qui ne parvient plus à les satisfaire.
En effet, à la faveur du retrait du partenaire stratégique, Sékou Alpha Djitèye était au poste de directeur général d’EDM-Sa depuis 2005. Huit ans durant, il sera directeur de cette entreprise.
Après la nomination, d’un nouveau DG en la personne de Tidiane Keita, le conseil d’administration, réuni en sa session du 13 février 2013, lui rendra hommage en saluant « ses qualités et ses immenses efforts, son engament et le professionnalisme dont il a fait preuve pendant près de 8 ans à la tête de l’entreprise pour assurer son fonctionnement dans un contexte national et international très difficile avec la hausse du prix du combustible ».
Il sera remplacé par Tidiane Keita qui, était précédemment, directeur général adjoint de la Société Malienne de Patrimoine de l’Eau Potable (SOMAPEP-Sa). Ce dernier avait aussi occupé le poste de directeur central financier et comptable d’EDM-Sa pendant près de deux décennies. Lui aussi avait été félicité à son débarquement pour « ses bons et loyaux services ».
Mais derrière « leurs bons et loyaux services », ces deux personnalités seraient en cause dans les nombreuses difficultés que les populations connaissent, aujourd’hui, dans le domaine énergétique, pour n’avoir pas fait la révision décennale des centrales électriques qui produisent l’énergie, à savoir Manantali et Selingué.
Les explications du nouveau DG, Doroh Berthé les mettent en cause, sans les citer, nommément.
Selon lui, « le déficit a commencé par la centrale de Manantali qui est la plus grosse centrale qui nous livre l’énergie. Sur les cinq groupes, nous avons perdu un en 2013, et les autres après car cette centrale a dépassé sa décennale de révision parce que les centrales hydro-électriques doivent être entretenues chaque 10 ans. C’est la révision décennale. L’alternateur et la tribune ont besoin d’être entretenus. Et cela n’a pas été fait. Donc la conséquence immédiate a été l’arrêt d’un groupe, ce qui fait 40 mégawatt de moins. ».
Il poursuit : « On a continué ainsi et un deuxième a déclaré des anomalies, donc il fallait limiter la charge. Ce qui fait que sur 200 mégawatt, Manantali ne donnait plus que 120 mégawatt, pour les trois pays, bien que le Mali ait 52% de cette production. ».Cette situation a créé un gap.
Ensuite, c’était au tour de la centrale de Selingué de connaitre le même sort, faute de révision décennale de la part de la direction d’EDM-Sa.
Le DG Berthé explique : « A Selingué où, il y a quatre groupes, ceux-ci ont dépassé totalement et de loin, la décennale de révision. Là aussi, on a connu le même phénomène, un groupe s’est arrêté, on a commencé à réparer. L’alternateur a été réparé mais la tribune présente des anomalies, donc on ne peut pas monter le groupe. Entre-temps, le deuxième a signalé des fuites. Jusque-là, on n’est en train de chercher des moyens pour les réparer. Donc, Selingué qui pouvait donner 44 mégawatt est tombé à 20 mégawatt, faute de révision décennale aussi. ».
Pire, explique-t-il, « la semaine dernière seulement, un groupe a fumé, donc il a fallu arrêter totalement la production. Ce qui a amené la crise du mardi 1er au mercredi 2 avril dernier. Cela n’est pas passé inaperçu car l’ensemble de la population de Bamako l’a senti car cela a amené le déficit immédiat à 25 Mégawatt. Donc, il fallait couper l’énergie tout de suite. »
Même si les techniciens d’EDM-Sa ont réussi à remettre les groupes en marche, il fallait limiter car de 20 mégawatt, on est passé à14 mégawatt, explique-t-il.
Des explications qui mettent en cause la responsabilité de ces prédécesseurs dans la crise actuelle que connait EDM-Sa avec des coupures intempestives. Des difficultés qui l’ont même amené à mettre en place un programme hebdomadaire de coupures à l’endroit des populations.
Georges Diarra