Des tirs ont éclaté mercredi pour la troisième journée consécutive à Bamako opposant les forces de la junte militaire du capitaine Amadou Sanogo à des soldats fidèles au président déchu Amadou Toumani Touré, ont rapporté des témoins.
Selon une source sécuritaire malienne, les soldats favorables à la junte au pouvoir depuis le 22 mars procèdent actuellement à l’évacuation de bâtiments de la capitale à la recherche de mercenaires étrangers infiltrés.
"Ces évacuations sont censées aider la mission des soldats qui sont en train de ratisser la ville à la recherche de mercenaires qui se cachent au milieu des Bamakois", a précisé cette source à condition de ne pas être citée nommément.
Les fusillades ont résonné notamment dans le secteur de l’Office de radio-télévision malienne, théâtre des plus violents affrontements de ces dernières 48 heures dans la capitale. L’ORTM reste toutefois entre les mains de la junte des capitaines.
Des riverains ont quitté leurs foyers à pied et en voiture pour se mettre à l’abri.
Mercredi, la télévision publique a diffusé des images de soldats détenteurs de cartes d’identité burkinabé et ivoiriennes.
Lundi soir, des "bérets rouges" de la Garde présidentielle restés fidèles à Amadou Toumani Touré se sont soulevés pour tenter de s’emparer de points névralgiques de la capitale, se heurtant à une résistance farouche des "bérets verts" du capitaine Sanogo.
Ce dernier s’est emparé, en compagnie d’officiers subalternes, du pouvoir le 22 mars avant de le remettre, nominalement et sous la pression de la Cédéao, à un gouvernement civil de transition le 6 avril.
On estime que les affrontements, qui ont diminué d’intensité mardi après-midi après la prise de contrôle par la junte du camp de la GP au coeur de Bamako, ont fait 27 morts au moins.
Mardi, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, qui avait annoncé son intention d’envoyer une force régionale de 3.000 hommes ou plus pour aider au retour à l’ordre constitutionnel au Mali, a nié les rumeurs selon lesquelles des commandos auraient été dépêchés à Bamako pour venir en aide à la GP.
Des chefs d’Etat de la Cédéao doivent se réunir jeudi à Dakar pour évoquer la situation au Mali ainsi qu’en Guinée-Bissau, l’ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest victime le 12 avril d’un coup d’Etat militaire.
Enfin, cinq membres de la junte militaire malienne se sont rendus au Burkina Faso voisin pour rencontrer le président Blaise Compaoré, qui joue les médiateurs dans la crise à Bamako, dit-on de source autorisée burkinabé.